Nous étions le sel de la mer

Nous-étions-le-sel-de-la-mer1974, une femme accouche seule sur son voilier, seule ou presque… on est toujours seul en mer mais on trouve parfois de l’aide. Trente ans plus tard, Catherine, jeune montréalaise un peu déprimée, un peu morne, vacante pourrait-on dire, débarque à Caplan, petit port de la Baie des chaleurs. Elle attend quelque chose, quelqu’un plutôt, quelqu’un d’essentiel mais qu’elle ne connait pas, quelqu’un qui n’arrivera pas, du moins pas vivant. Mais peut-être est-il encore temps de d’apprendre à la connaitre…
Comment rendre compte d’un roman aussi foisonnant, aussi marin, parfois poétique et même lyrique, souvent intensément oral et d’une saveur toute populaire, toujours intensément salin. On s’installe tranquillement dans ce lieu perdu, un rien déboussolé par une construction entremêlée, des personnages qui ne se dévoilent que par facette, un tantinet agaçants au départ mais peut être bien attachants, une enquête brumeuse et pleine d’incohérences… Et puis peu à peu le puzzle s’assemble, les choses se précisent. Au rythme des vagues, une femme se dévoile, une femme libre, une femme de mer, une femme qui révèle, qui bouleverse, deux femmes peut-être… On aimerait tout savoir, tout découvrir en savourant le fait qu’il restera forcément des zones d’ombre car les morts comme le passé ne se laissent pas si facilement dénuder. Magique !
Nous étions le sel de la mer – Roxane Bouchard – 2014 – VLB
L’avis de Karine
quebec14bis

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Rivière Mékistan

Riviere-mekistanQuand Alice apprend la mort de son père, un itinérant – un clochard – amérindien alcoolique, ce qu’elle ressent ressemble plus à de la colère et du dégout qu’à du chagrin. Obligée de disposer du corps, elle songe tout d’abord à vider ses cendres dans une décharge mais se laisse convaincre de les ramener à Mékistan, le petit village où il a grandi, où elle-même est née, d’où sa mère l’a emmenée quand elle était tout enfant et où elle n’est jamais retournée. Partie pour deux jours, Alice ne s’attend à rien et certainement pas à retrouver qui que ce soit chez ces Cris qu’elle ne comprend ni ne connait mais c’est pourtant bien une famille qui l’attend à Mékistan, une sorte de famille…
Dans une langue d’une simplicité presque irritante, un peu rude, un peu frustre mais intensément touchante, Lucie Lachapelle nous conte une histoire tout aussi simple, celle d’une jeune femme amputée d’une partie d’elle-même sans le savoir.  Une femme qui se confronte pour la première fois à ce qu’elle s’efforce depuis toujours d’ignorer par incompréhension, par contagion peut être de la frustration d’une mère déçue, par l’abandon qu’elle reproche à un père malade d’alcool, par toute cette constellation d’aprioris, de mauvaises interprétations, d’ignorance qui sépare depuis toujours les amérindiens des blancs. Une rencontre troublante, réaliste, vibrante, sans aucun angélisme – personne n’est bon ni mauvais dans cette histoire, pas même ce père qu’elle apprend à connaitre à travers les yeux des autres, certainement pas la vieille Lucy qui décide de s’occuper de cette presque petite fille qui lui revient, encore moins ces enfants pleins de joie et de colère… Il n’y a que des personnes, humaines, imparfaites qui tentent de vivre, de préserver les leurs ou d’oublier à en mourir. Poignant !
Rivière Mékistan – Lucie Lachapelle – 2010 – XYZ
Les avis de Karine et Anne
PS : J’ai lu également Histoires nordiques de la même auteure et j’ai tout autant aimé… une auteure que je compte bien suivre et dont j’ai la ferme intention de lire TOUS les livres.

quebec14bis

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La déesse des mouches à feu

mouches à feuDans les années quatre-vingt-dix à Chicoutimi, Catherine vient de fêter ses quatorze ans – l’âge où on a le droit d’aller trainer derrière le centre commercial, de zoner avec sa gang d’amis, d’échapper à l’influence de parents devenus bien peu intéressants, de passer ses soirées à boire dans des “campes”, d’avoir un chum ; l’âge enfin de toutes les expériences…
De prime abord, ce roman peut faire peur. La langue est rugueuse, populaire, idiomatique, dans le plus pur style de ce que David Lodge appelle le skaz adolescent – un récit à la première personne reproduisant le vocabulaire, la syntaxe et le rythme de la langue parlée. Ce procédé – quand il est réussi, ce qui est le cas ici – donne au propos une authenticité, une puissance étonnante l’élevant pratiquement au rang de témoignage symptomatique d’une époque ou d’un état psychologique.  Ajouté à un propos souvent dérangeant, le résultat pourrait apparaitre excessif pour ne pas dire glauque. Mais derrière la vie sans dessus dessous de Catherine, sa cruauté, son égoïsme abyssal, son langage cru et ses expériences trash, affleure sans cesse une certaine naïveté, une vulnérabilité somme toute assez enfantine – faite d’apparence, de solitude et de désir de succès amoureux ou autre. Et c’est précisément cette dualité – tellement adolescente – qui  donne à ce roman sa fraicheur et son intensité. On s’inquiète pour Catherine, on lui souhaite de passer cette étape sans trop se blesser, on tremble un peu dans l’absolu aussi car tous ces jeunes se mettent en danger avec une inconscience qui fait frémir et des résultats parfois tragiques – et même si finalement il se passe relativement peu de choses dans cette histoire, on est accroché et bien accroché.
Quant au final – une catastrophe bien réelle et qui a laissé des traces au Saguenay – il clôt magnifiquement l’année de Catherine – à la veille de son quinzième anniversaire, apparaissant symboliquement comme un cataclysme purificateur, l’annonce d’un changement, d’un passage accompli. Décoiffant !
La déesse des mouches à feu – Geneviève Pettersen – 2014 – La Quartanier
L’avis enthousiaste de Karine (qui vient du même coin que Catherine et ça c’est un signe)
PS : Pour les français un conseil, attachez bien vos tuques parce que ça parle comme au Saguenay et ça dépayse sec…

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Tarte aux pêches et aux amandes

vendredi gourmandsAllez les gourmands, il reste encore quelques pêches sur les étalages, c’est le moment de faire une dernière tarte pour la route car l’hiver vient (ahem oui d’accord mais je n’ai pas pu m’en empêcher)

Il vous faudra : une pâte feuilletée (au choix, soyons fou, vous pouvez même la faire vous même si vous êtes dans un jour comme ça), 6 pêches, 100g de poudre d’amande, 100 g de beurre, 100 g de sucre (ou 80 si vous préférez, j’ai testé c’est bon), 2 oeufs entiers.

Faire chauffer le four à 200°. Foncer la pâte dans un moule et réserver au réfrigérateur. Plonger les pêches dans l’eau bouillante après avoir fendu leur peau (une dizaines de secondes devraient suffire) et les éplucher (sans se brûler, on se concentre). Laisser refroidir.
Battre les œufs avec le sucre, ajouter le beurre mou et la poudre d’amande bien battre (je le fais au robot, il bat très bien et ne se fatigue jamais). Verser cette crème dans la pâte (que vous aurez préalablement sorti du réfrigérateur, c’est plus pratique). Détailler les pêches en tranches et les disposer le plus joliment possible sur la crème (façon tarte en somme). Enfourner 25 minutes (à peu près). Au sortir du four, vous pouvez saupoudrez un peu de cassonade (ou de sucre glace mais j’aime moins) pour faire joli… à table !
Bon bon d’accord les gens, sachez que cette tarte est délicieuse avec des poires (et un soupçon de rhum peut être dans la crème d’amande) et les poires c’est grave de saison et toc !
peches

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huit ans

8-greenQue fait-on après l’âge de raison ?
Et oui l’année dernière à la même date, blogounet fêtait son âge de raison. Une année difficile pour lui où il fut un peu négligé, empoussiéré, perdu sous les toiles d’araignée et des plages de pub rampantes, bousculé, chamboulé, que sais-je ? Mais aujourd’hui le revoilà, tout beau tout neuf sur son nouveau support, sans vilaines pubs (du moins c’est l’idée) ni liens obsolètes… On dirait bien que c’est reparti pour un tour avec de nouvelles idées (quelques unes), de nouvelles lectures (des tas), de bonnes résolutions (on ne ricane pas dans le fond, merci), des rendez-vous (en ce moment on lit québécois les gens, qu’on se le dise), des amis et visiteurs toujours fidèles (je vous aime au fait), bref… je dirai que comme aurait pu dire l’ami Boris, les blogs – comme la vie – c’est plein d’intérêt.

Encore merci à vous qui vous attardez par ici et à tout bientôt.
Hwæt !
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Le ciel de Bay City

ciel de bay cityNée le 4 juillet 1961, Amy a grandi dans une petite maison de tôle bleue, entre mère, tante, oncle et cousin, sous le ciel mauve poison de Bay City – Michigan. Nourrie aux steaks et au rock, fille spirituelle d’Alice Cooper et du K-mart, elle devrait être le symbole de l’Amérique triomphante des trente glorieuses. Mais sous l’apparente normalité de cette famille de la classe moyenne, se cache un abîme de déni, de silence, de mensonges qui ronge Amy de l’intérieur, hurle à ses oreilles que le monde n’est que dévastation, que l’histoire ne s’efface pas, que l’horreur n’en finit pas bruler ni les cendres des victimes de s’éparpiller dans le ciel mauve, impitoyable, sourd aux plaintes des hommes… Devenue adulte, Amy revoit encore et encore son enfance, et surtout les quelques jours qui précédèrent ses dix-huit ans et la nuit où le ciel s’embrasa…
Des billets semés ici et là m’ont convaincue de lire Catherine Mavrikakis qui, bien que née au Michigan, vit, écrit et publie au Québec. Cela dit, je ne savais guère à quoi m’attendre y allant de confiance et choisissant un roman au hasard sur les rayons de la bibliothèque. Et là je dois dire que ce fut un choc ! Quelle puissance, quelle écriture pour ce roman rageur, fulminant, construit comme un labyrinthe mémoriel qui en revient encore et toujours aux mêmes événements fondateurs, jamais vécus mais intensément rêvés – cauchemardés plutôt – une variation d’écorché autour de la culpabilité du survivant, aussi avide qu’incapable d’effacer l’histoire et de faire place nette, enfin, à la vie. Soufflant !
Le ciel de Bay City – Catherine Mavrikakis – 2008 – Héliotropes (Québec) – Sabine Wespieser (France)
PS : Autant vous dire que je n’en ai pas fini avec l’auteure… je vais TOUT lire d’elle voilà…

quebec14bis

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La maison des temps rompus

la-maison-des-temps-rompusIl convient de commencer par la fin. Par le début de la fin, qui est en soi un commencement : je voulais une maison. Et la maison qui lui convient, la narratrice l’a trouve en bord de mer, tout au bout d’un chemin caillouteux  peu praticable, une petite merveille de maison à l’ancienne nichée dans un fabuleux jardin. Très vite elle l’achète et s’y installe, malgré l’absence d’électricité et de téléphone – pas même de réseau disponible – et le comportement étrange de l’ancienne propriétaire. Seulement la maison semble étrangement vivante, les murs se rapprochent, les fenêtre rapetissent, le sommeil fuit et la nouvelle propriétaire, épuisée, se met à écrire. Une histoire de vie et de deuil, une histoire d’amour fou et d’abandon, une histoire d’amitié et de perte, une histoire enfin qui est peut être la sienne, peut être imaginaire, peut être même les deux…
Ce roman peut être un brin déroutant en début de lecture, les histoires s’entrelacent, on ne sait où se trouve la réalité ni quand le fantasme prend les commandes, notre raison se heurte à la fantaisie des personnages qui inventent, brodent, enjolivent, rêvent enfin. Inutile de s’accrocher à un fil narratif, vous risqueriez de vous perdre. Mieux vaut se laisser porter par les mots, flotter sur les phrases, l’écriture poétique de Pascale Quiviger nous enlace et nous entraine quelque part ailleurs, dans un réalisme magique étrangement lumineux qui se trouve être également un véritable hymne à l’amour maternel. Magique !
La maison des temps rompu – Pascale Quiviger – 2008 – éditions Boréal (Québec) et Panama (France)
L’avis de Karine
PS : J’ai l’édition française mais je préfère vous montrer la québécoise, tellement plus jolie… ben oui, je suis comme ça moi…
quebec14bis

 

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Griffintown

griffintownLe jour se lève sur Griffintown après le temps de survivance, les mois de neige et de dormance. Quelque part dans l’ouest de Montréal – du vieux Montréal – coincé entre le canal Lachine et la rue Notre-Dame à l’ombre de la grande croix du mont royal, survit un lieu hors du temps, hors les murs où chaque printemps les cochers du vieux se rassemblent – les survivants -, récupèrent les chevaux – ceux qui restent, huilent les cuirs, rapetassent les calèches, grommèlent contre les pieds tendres qui essaient encore et toujours de s’incruster et partent enfin, promener le touriste au doux pas des percherons, belges et autres chevaux de labour. Griffintown, c’est leur domaine, leur far west, pour l’instant du moins, car autour, ailleurs, les chapeaux noirs rodent…
Griffintown réussit le pari d’être un vrai western, rude et crasseux, tout en étant parfaitement urbain et montréalais, d’être aussi contemporain qu’hors du temps – on se demande longtemps quand on est, au début du XXe siècle ou cent ans plus tard, d’être à la fois cru et poétique. L’écriture évocatrice et sensible de Marie Hélène Poitras nous entraine dans une histoire d’hommes et de chevaux – de quelques femmes d’exception aussi, dans l’histoire d’un quartier – cet ancien quartier industriel et irlandais de Montréal – depuis longtemps disparu ou peut être pas complètement, dans une histoire de temps qui passe. Une très belle promenade, un peu rude, un peu cruelle, un brin nostalgique, un rien tragique. Western !
Griffintown – Marie-Hélène Poitras – Phébus – 2012
PS : Mon billet comme presque tous ceux que j’ai lus sur ce merveilleux roman commencent par son incipit – une telle annonce, ça donne envie…
les avis de Iroise, Anne et Karine
quebec14bis

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La rive noire

rive noire1980, le Québec se réveille avec une gueule de bois post référendaire et l’inspecteur Duval doit procéder à l’exhumation d’une sainte femme officiellement morte d’un cancer. D’étranges changements de dernière minute survenus dans son testament n’ayant pas eu l’heur de satisfaire sa famille – il faut dire que la dite sainte femme était des plus riches. L’autopsie révèle bien entendu que la cancer a parfois bon dos et l’équipe de Duval se retrouve engluée dans une enquête impliquant tout à la fois le pouvoir religieux – toujours fort au Québec en ces années là, la communauté homosexuelle – encore bien loin d’être acceptée et le milieu des bonnes œuvres avec ce que cela peut impliquer de gros sous et autres détournements. Dans ce contexte, Duval doit louvoyer entre pressions externes et préjugés, ceux des autres comme les siens…
Cet opus est le troisième des enquêtes de l’inspecteur principal Duval de la police de Québec mais évidemment le premier que je lis – j’ai peur de m’être quelque peu emmêlée dans les différents titres de la série. Quoiqu’il en soit, ce roman se lit très bien seul et si l’on peut lui reprocher un style pas toujours complètement maitrisé, il a le mérite de faire agréablement revivre l’ambiance politique et sociale de la vieille capitale au tout début des années quatre-vingt, alors que la révolution tranquille était encore récente et que le Québec se cherche des repères. L’intrigue est prestement menée et l’auteur a su insuffler à ses personnages des personnalités attachantes loin des clichés habituels du genre. Un polar plutôt réussi somme toute. Efficace !
La rive noire – Jacques Côté – éditions Alire – 2005
PS : Une fois n’est pas coutume,  je trouve la couverture franchement belle…
quebec14bis

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Hongrie hollywood express

hongrie1904, un petit Janos nait dans la famille Weismuller à Szabadfalu, petit village austro-hongrois de la vieille europe. 1984 le grand Johnny Weismuller s’éteint à Accapulco dans une indifférence et une misère quasi totale. Entre les deux, il y a des records du monde, Ellis Island, l’or olympique, une étoile sur rodeo drive, le lac Michigan, Tarzan, plusieurs mariages, un crawl atrocement photogénique, Maureen O’sullivan, Cheetah, l’alcool, Las vegas, la gloire, la déchéance, l’Amérique enfin… Que reste-t-il de nos idoles ? Gabriel Rivages se pose la question et se raconte, raconte ce qui reste de sa vie mêlé au destin fulgurant et cruel d’un mythe de l’Amérique moderne, Johnny “Tarzan” Weismuller, l’homme qui l’homme que, enfant d’émigrés pauvres, nageur, mannequin, star, attraction de foire !
Quel subtile et étrange plaisir de tomber sur un otni ! Car ceci n’a rien d’une biographie classique, ni même atypique, d’ailleurs ce n’est pas une biographie. C’est plutôt un portrait, un collage, pas forcément de Johnny d’ailleurs, de l’Amérique peut être, celle dont on rêve, celle où tout est possible, où un petit Janos peut devenir une star, celle d’une époque, d’un creuset.
Narration dites-vous ? C’est plus compliqué que cela, pardon plus simple. De courts chapitres qui s’emboitent, se répondent, s’enroulent, se répètent, s’éloignent, reviennent : un instantané, un poème, une nécrologie, une liste, une histoire, un résumé, une anecdote, un palmarès, encore une histoire… et au bout du compte à notre surprise quelque peu émerveillée – alors que les pages ont semblé tourner toutes seules – un portrait mosaïque étrangement vivant, étonnamment poétique qui pose l’éternelle question de la célébrité, de la gloire, de l’enchainement de circonstances qui la produit, de ce qu’elle fait de ceux qui croient en elle. Mythique !
Hongrie Hollywood Express – Eric Plamondon – 2012 – 1984 vol I – éditions Le Quartanier (2013 éditions Phébus en France)
l’avis de Karine
PS : Ce bel otni est le premier volume d’une trilogie sur l’amérique populaire contemporaine avec comme point névralgique 1984, année de la mort de Weismuller et Brautigan, année de la sortie du premier ordinateur Apple, année de mon bac – les prochains volume traitent donc de Brautigan et Steve Jobs. Le mien reste à écrire 🙂

quebec14bis

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