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Montréal - été 2011 (cliquer pour agrandir)

Montréal – été 2011
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le jeudi, c’est citation

“La dernière fois qu’elle avait emprunté cette route, c’était lors de son départ avec ses parents ; le jour, la saison même, étaient tristes et elle-même, désolée ; mais ses parents étaient là, avec elle. Maintenant, elle était seule, orpheline et, fait étrange, ils l’avaient quittée et s’étaient évanouis de la face de la terre. Elle était blessée de voir la route de Helstone inondée de soleil, et chaque courbe du chemin, chaque arbre familier si pareils à eux-même dans leur splendeur d’été, identiques à ce qu’ils étaient les années précédentes. La nature ne sentait pas le changement et restait éternellement jeune.”

Nord et sud – Elizabeth Gaskell – 1855

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Divergent

Dans le Chicago en ruine d’un futur non précisé, la société s’organise en cinq factions, les altruistes qui s’oublient au service des autres, les sincères qui mettent l’honnêteté au dessus de tout, les fraternels pour qui la gentillesse est la qualité suprême, les érudits qui favorisent la connaissance et les audacieux pour qui le courage est la plus grande des valeurs. Béatrice est née altruiste mais a toujours eu du mal à s’oublier. A 16 ans comme les autres jeunes de son âge elle doit passer le test d’aptitude final, puis choisir la faction à laquelle elle vouera sa vie. Seulement le test se révèle non concluant dans son cas. Sans qu’elle sache réellement ce que cela signifie, Béatrice est devenue une divergente et doit le dissimuler à tous. Mais cela doit-il réellement influencer son choix ?

Difficile de ne pas en dire trop, tant ce roman démarre sur les chapeaux de roue. En quelques pages, l’auteur plante le décor et nous fait pénétrer au coeur de ce monde en déliquescence, parcouru de trains qui ne s’arrêtent jamais, hyper cloisonné et rempli d’ombres sous une apparence de transparence totale. Je n’avais aucune attente en ouvrant ce livre et j’ai été très heureusement surprise par la qualité de l’histoire et de la narration. Le rythme est soutenu, l’histoire bien menée, les personnages qu’ils soient centraux ou secondaires sont attachants et complexes et, cerise sur le gâteau, jusqu’au bout j’ai cru avoir affaire à un roman unique (cela est devenu assez rare pour être remarqué). Et même si l’histoire et le contexte ont plus qu’assez de potentiel pour supporter d’autres volumes, celui-ci se suffit parfaitement à lui-même. Tout au plus, pourrait-on dire que la place tenue par les adolescents dans cette société est un peu plus importante qu’on pourrait s’y attendre mais cela se fond dans l’intrigue et c’est seulement après coup que je me suis fait cette réflexion. Une excellente dystopie, à recommander !


Divergent – Veronica Roth – Nathan – 2011 – traduit de l’américain par Anne delcourt

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Nord et Sud

Élevée en partie à Londres par sa tante, une femme fortunée, Margaret Hale a idéalisé Helstone, le village du sud de l’Angleterre où se trouve le modeste presbytère familial. Après le mariage de sa cousine, elle se réjouit de retourner y vivre mais ce bonheur est de courte durée car son père décide de quitter l’église anglicane et de trouver un travail de précepteur dans une ville industrielle du nord du pays, une ville active, laborieuse et enfumée à mille lieues de ce que Margaret connait et apprécie. Entre un père faible, rongé par la culpabilité et une mère maladive peu encline à accepter la notable réduction de son train de vie, la jeune fille va être contrainte de fréquenter des gens qu’elle n’aurait jamais imaginé côtoyer et peu à peu remettre en cause ses certitudes et ses (nombreux) préjugés.

Elizabeth Gaskell est une victorienne qui a fréquenté Dickens – son éditeur -, Charlotte Brontë et bien d’autres mais c’est une victorienne quelque peu atypique. Nord et Sud dépeint en effet très précisément non seulement le contraste qui se créait en ce milieu du XIXe siècle anglais entre un sud campagnard et un nord urbain en pleine transformation, mais aussi les tous premiers affrontements entre deux classes appelées à en voir bien d’autres, les ouvriers et leurs patrons. Elizabeth Gaskell campe ici deux superbes antagonistes Thornton et Higgins reflétant le contraste entre les opinions et façons de vivre de ces deux classes, misère mais aussi émancipation d’un côté, ambition et fascination pour le progrès de l’autre. Décriées à l’époque (parce qu’écrites par une femme), les joutes verbales entre les deux hommes trouvent aujourd’hui d’étranges résonances.

Dans un autre registre, l’auteure se livre également ici à l’exercice classique du roman d’apprentissage avec une belle finesse. L’affrontement des caractères rappelle bien évidemment Orgueil et Préjugés de Jane Austen et cela de plusieurs façons mais l’évolution de Margaret est tout autre et beaucoup plus profonde que celle de Lizzie. Sans en dire trop disons que si Austen est inégalable dans son registre caustique, Gaskell livre ici une oeuvre beaucoup plus sociale qui s’intéresse autant aux classes laborieuses, domestiques ou ouvriers qu’aux marges de la bonne société, industriels, dissidents religieux ou… femmes. J’ajouterais que je trouve assez impressionnant qu’une femme de son époque ait peint comme des personnages positifs un renégat de l’église anglicane, un mutin condamné à mort par contumace (les joies de la marine anglaise), ou même une femme décidée à prendre sa vie en main, toutes rebellions à l’autorité établie assez peu conformes aux idéaux de l’époque. Un roman riche et foisonnant, magnifiquement écrit dont je pourrais parler beaucoup trop longuement si je me laissais aller. Excellent !

Nord et sud – Elizabeth Gaskell – 1855

Les avis de Isil, Fashion, Pimpi, Karine, Chiffonette, Keisha…

PS : d’Elizabeth Gaskell, j’avais déjà lu Lady Ludlow qui m’avait beaucoup plu quoique la forme en soit moins aboutie à mon sens et la bonne nouvelle est que j’ai Cranford dans ma pal.

PPS : Mon personnage préféré est bien entendu le plus austenien de tous (on ne se refait pas), le spirituel Mr Bell.

PPPS : la description d’une grève de l’époque est pleine d’intérêt, entre autre chose sont je n’ai pas parlé et qui devrait vous convaincre de lire ce superbe roman.

Elizabeth Gaskell est morte au milieu d’une phrase, une tasse de thé à la main… n’est ce pas une mort intéressante pour le challenge nécrophile de fashion (que j’avoue oublier de mentionner la plupart du temps) ?

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Horizon

Toute la ville est entrée dans ma chambre

Les arbres disparaissaient

Et le soir s’attache à mes doigts

Les maisons deviennent des transatlantiques

Le bruit de la mer est monté jusqu’à moi

Nous arriverons dans deux jours au Congo

J’ai franchi l’Équateur et le Tropique du Capricorne

Je sais qu’il y a des collines innombrables

Notre-Dame cache le Gaurisankar et les aurores boréales

La nuit tombe goutte à goutte

J’attends les heures

 

Donnez-moi cette citronnade et la dernière cigarette

je reviendrai à Paris

 

Philippe Soupault (1897-1990)

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Le jeudi, c’est citation

Je suis toujours plongée dans mes bouquins sur la langue et le français, donc… je vous en fais profiter grâce à la toujours éblouissante Chiffonette !

L’orthographe est le cricket des Français. Le cricket et l’orthographe ont en commun d’être incompréhensibles aux étrangers, sans parler des indigènes.

Alain Schifres – Les Hexagons – 1994

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Le pirate

Les poèmes de Tristan en 5e, la reprise…

 

Et lui dort-il sous les voiles

il écoute le vent son complice

il regarde la terre ferme son ennemie sans envie

et la boussole est près de son cœur immobile

Il court sur les mers

à la recherche de l’axe invisible du monde

Il n’y a pas de cris

pas de bruit

des chiffres s’envolent

et la nuit les efface

Ce sont les étoiles sur l’ardoise du ciel

Elles surveillent les rivières qui coulent dans l’ombre

et les amis du silence les poissons

mais ses yeux fixent une autre étoile

perdue dans la foule

tandis que les nuages passent

doucement plus fort que lui

lui

lui

 

Philippe Soupault (1897-1990)

Publié dans poèmes | 8 commentaires

Le jeudi, c’est citation

Merci à Chiffonette pour ses idées durablement géniales.

“Je ne vois pas qu’on doive estimer une langue plus excellente que l’autre, seulement pour être plus difficile.”

 

Joachim du Bellay – Defense et illustration de la langue françoyse – 1549

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Rocade

Toulouse – septembre 2011

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Catalogue des idées reçues sur la langue

“Certains peuples sont réputés “doués pour les langues” : les slaves par exemple. Les français, par contre, sont généralement considérés – par eux-mêmes – comme “peu doués”. Ce type de jugement rejoint le vaste catalogue des stéréotypes nationaux ou raciaux : les Noirs sont paresseux, les Écossais sont avares, les Français sont indisciplinés, les Anglais sont flegmatiques, etc. On tombe dès lors dans le piège de la psychologie des peuples qui étaient encore tout à fait crédible au début de ce siècle (le XXe) mais que les scientifiques, sinon l’opinion publique, ont aujourd’hui dépassée.”

En listant et débusquant nombre d’idées toutes faites sur la langue – certaines langues sont plus belles ou plus pures que d’autres, le français dégénère, certains accents sont meilleurs que d’autres, les patois sont des déformations de la langue et ainsi de suite, Marina Yaguello nous permet d’appréhender sans jargon ni complexité inutile mais avec humour et même malice ce qu’est une langue et comment elle fonctionne et évolue. Une bouffée de raison dans un domaine où la discussion tourne souvent au débat épidermique. Certaines notions m’étaient familières, d’autres nouvelles et l’ensemble forme un petit livre plaisant et rapide à lire qui remet clairement les choses en perspective tout en abordant quelques éléments plus techniques qui donnent bien envie d’en savoir plus. Éclairant !


Catalogue des idées reçues sur la langue – Marina Yaguello – Le Seuil – 1988


PS : Qu’il est pratique d’avoir une fille aînée apprentie linguiste, elle ramène toute sorte de livres intéressants à la maison…

PPS : Marina Yaguello, de langue maternelle russe, agrégée d’anglais, docteur en linguistique et pratiquant le Wolof est un écrivain bien agréable à suivre. Il y a des livre d’elle un peu partout dans la maison en ce moment et franchement plusieurs m’inspirent.

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