Un brin de chance…

A l’ombre des fleurs

même un parfait étranger

ne l’est plus

Issa (1763-1827)

PS : Pour les intéressés, muguet se dit Lily of the valley en anglais

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Confidences

Je dis que l’avenir se souviendra de nous.

 

Je désire et je brûle.

 

A nouveau, l’Amour, le briseur de membres,

Me tourmente, doux et amer.

Il est insaisissable, il rampe.

 

A nouveau l’amour a mon cœur battu,

Pareil au vent qui, des hauteurs,

Sur les chênes s’est abattu.

 

Tu es venue, tu as bien fait:

J’avais envie de toi.

Dans mon cœur tu as allumé

Un feu qui flamboie.

 

Je ne sais ce que je dois faire,

Et je sens deux âmes en moi.

 

Je ne sais quel désir me garde possédée

De mourir, et de voir les rives

Des lotus, dessous la rosée.

 

Et moi, tu m’as oubliée

 

Sapphô – VIIe siècle av. JC

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Le jeudi, c’est citation (35)

Les jeudis de Chiffonette

–  I’m looking for someone to share in an adventure that I’m arranging, and it’s very difficult to find anyone.

–  I should think so – in these parts ! We are plain quiet folk and have no use for adventures. Nasty disturbing unconfortable things ! Make you late for dinner ! I can’t think what anybody see in them. said our mr Baggins.

 

The Hobbit – JRR Tolkien – 1937

 

 

– Je cherche quelqu’un pour prendre part  une aventure que j’arrange, et c’est très difficile à trouver.

– Je le crois aisément – dans ces parages ! Nous sommes des gens simples et tranquilles, et nous n’avons que faire d’aventures. Ce ne sont que de vilaines choses, des sources d’ennuis et de désagréments ! Elles vous mettent en retard pour le dîner ! Je ne vois vraiment pas le plaisir que l’on peut y trouver, dit notre monsieur Baggins.

 

Traduit de l’anglais par Francis Ledoux

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L’empreinte du renard

Le commissaire Habib Keita, l’un des policiers les plus respectés du Mali, se voit confier une affaire de meurtre en plein pays Dogon, où de jeunes gens sont retrouvés morts, le corps démesurément enflés. Un peu dérangé par le fait que sa mission émane du palais présidentiel plutôt que de sa hiérarchie, Habib se met pourtant en campagne accompagné de son fidèle adjoint Sosso et d’un chauffeur plutôt bavard. L’atmosphère du pays Dogon et de ses alentours lui fait rapidement comprendre qu’il ne pourra guère compter sur la coopération des habitants du cru, tous plus muets et réticents les uns que les autres. Pour résoudre cette affaire, il va devoir appréhender un nouveau visage de son pays et comprendre des mentalités bien différentes de celles dont il a l’habitude…

Ce joli polar malien prenait la poussière dans ma pal depuis un bon moment quand le Tour du monde policier de Monsieur Papou l’a rappelé à mon bon souvenir, et bien lui en a pris car j’ai passé un très bon moment dans les sables maliens. L’histoire est prenante, assez retorse même. Après un début assez lent, l’action s’accélère progressivement pour culminer dans une excellente variation d’une scène de révélations positivement « Christienne » et parfaitement bien vue. Les personnages sont bien campés, intrigants et on pourrait certainement s’attacher au commissaire et à son inspecteur. Et puis il y a le cadre bien sûr, brossé de façon très vivante et très exotique pour moi qui connait bien mal l’Afrique. J’ai beaucoup apprécié ce polar ethnologique qui s’inscrit dans la lignée de Hillerman ou Upfield. Dépaysant !

 

L’empreinte du renard – Moussa Konaté – 2006 – Fayard

 

Le commissaire Keita enquête également (et j’ai eu bien du mal à trouver les référence d’ailleurs) dans :

L’assassin du Banconi suivi de L’honneur des Keita (2002) et La malédiction du Lamentin (2010).

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La septième vague

Nous avions laissé Emmi et Léo à la fin de Quand souffle le vent du nord en pleine crise (je ne préciserai pas laquelle mais il est bien difficile de chroniquer une suite sans révéler quelques bribes du précédent tome) voire en pleine “rupture” puisque leurs échanges semblaient définitivement terminés pour diverses raisons sur lesquelles je ne reviendrai pas. Seulement, seulement Emmi vit mal cette interruption et tente régulièrement de renouer le fil malgré la désolante monotonie du message d’erreur qu’elle ne manque pas de recevoir. Jusqu’au jour où…

En même temps, tout un chacun se doute bien que le fil va se renouer puisqu’il s’agit d’une suite et qu’en l’absence de Léo celle-ci n’aurait que peu d’intérêt me semble-t-il. (Oui j’aime Léo, j’assume !) La relation entre nos deux cyber épistoliers reprend donc, directement au coeur du sujet, immédiatement passionnée car rien n’est résolu, comme il se doit après une non solution trouvée dans la fuite. De message en message, de propositions en refus, d’acceptation en retour en arrière, Léo et Emmi retissent et éprouvent les sentiments nés de leurs mots, qui d’avèrent bien trop solides pour être simplement écartés. Les propos sonnent juste (tellement que la mauvaise foi d’Emmi bien que parfaitement crédible a failli me la faire détester), les hésitations, atermoiements et revirements de même, les deux personnages nous séduisent et nous font grincer des dents tour à tour – d’autant plus qu’ils sont seuls sous nos yeux, les autres étant réduits à des ombres dont on parle mais qui n’interviennent jamais. Impossible d’abandonner cette histoire une fois dedans, il nous faut savoir ce qu’il va advenir de ce couple si improbablement réuni. Se rejoindront-ils à la parfin ?  Lu en apnée !

La septième vague – Daniel Gattauer – 2010 – traduit de l’allemand par Anne-Sophie Anglaret – Grasset 2011

les avis éclairés et enthousiastes de Cuné, Fashion, Stephie, BladelorTamara, Leilonna, beaucoup d’autres certainement…

PS : J’ai beaucoup aimé cette septième vague, fin comprise, mais malgré mon bovarysme assumé je continue de penser que le premier se suffisait littérairement à lui-même.

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Venez, amies

Venez, amies, dans le vallon sacré,

séjour ravissant des Nymphes rustiques,

où la fumée de l’autel fait monter

l’odeur de l’encens.

 

L’onde fraîche chante sous les pommiers,

le jardin respire à l’ombre des roses,

et des feuillages qu’agite le vent

descend le sommeil.

 

Dans l’herbe du pré paissent les poulains.

La mélisse abonde pour les abeilles.

Et quand vient le soir l’angélique exhale

son parfum de miel.

 

Viens à nous, Cypris, dans l’enclos des Nymphes,

et, parant nos fronts de fleurs enlacées,

dans les coupes d’or verse à ceux qui t’aiment

ton nectar de joies.

 

Sapphô – VIIe siècle av JC

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Humaine

Depuis des siècles Lenah n’aspire qu’à une chose, redevenir humaine. Il y a bien longtemps que sa non-vie de vampire ne lui vaut que souffrance et désespoir. Mais son plus vieil amour, son créateur, semble avoir enfin trouvé une solution, un très ancien sort qui pourrait lui permettre de retrouver son humanité à l’âge qu’elle avait lors de sa transformation au XVe siècle : seize ans. Seulement comment se réhabituer à agir en humaine, à marcher sous le soleil, à fréquenter des humains, elle qui les a pourchassées si longtemps, et surtout ses anciens fidèles la laisseront-ils en paix ?

Enfin un peu d’originalité au pays de la bit-lit ! Je lis peut être un peu beaucoup de roman à base de vampires divers et il faut bien avouer que depuis quelques temps, ils ont tendances à se répéter un tantinet (Sauf les meilleurs bien sûr mais enfin le gros de l’édition). C’est donc avec grand plaisir que j’ai suivi la réadaptation de Lenah – ex reine des vampires maléfique en diable – à la vie humaine sur une sorte de campus de l’est des États-Unis. L’intrigue est bien menée, la construction de l’ouvrage mélangeant vie lycéenne et flashback vers différents moments de la vie de Lenah est prenante et bien que le personnage reste un peu éthéré, j’ai beaucoup aimé la façon dont l’auteur traite de la condition de vampire, une sorte d’éternité d’ennui, de souffrance et de regret de leur sens perdus, le goût, l’odorat et le toucher. Devenus des créatures vides incapable de sentiments et le plus souvent de pensées rationnelles, ils se vengent et se vengent encore sur l’humanité de tout ce qu’ils ont perdu, toute apparence de bonheur leur étant insupportable. A côté de cela la partie “humaine” du livre est parfois un peu conventionnelle voire très “adolescente” – dans le genre série scolaire américaine – mais dégage une certaine sensualité et une belle chaleur. Original !

Humaine – Rebecca Maizel – 2010 – traduit de l’anglais par Valérie Le Plouhinec – Albin Michel Wiz 2011

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Le jeudi, c’est citation (34)

Vive Chiffonette et ses mirifiques idées…

“Stand still, you ever-moving spheres of heaven,

That time may cease and midnight never come !

Fair nature’s eye, rise, rise again, and make

Perpetual day ; or let this hour be but

A year, a month, a week, a natural day,

That faustus may repent and save his soul !”

 

Doctor Faustus – Christopher Marlowe – 1593

 

“Vous, planètes du ciel, suspendez votre course,

Que s’arrête le temps et que jamais minuit ne sonne !

Oeil du monde, beau soleil, lève-toi et engendre

Un jour sans fin, ou que cette heure soit

un an, un mois, un semaine, une journée,

Pour que faust se repente et qu’il sauve son âme !”

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Eugène Oneguine

eugeneEugène Onéguine est un roman en vers d’Alexandre Pouchkine écrit entre 1825 et 1832. Roman en vers ! Je vous vois frémir : Quoi, encore un de ces livres bizarres voire poussiéreux voire illisibles, héritage d’un passé révolu ! Et que nenni… Les vers de Pouchkine sont d’une limpidité, d’une fluidité qui vaut toutes les proses et son ton est renversant de modernité. Mais revenons au sujet. Eugène donc est un dandy né, gâté, blasé, revenu de tout. Lassé de la vie oisive et oiseuse qu’il mène en ville, il se retire à la campagne et devient par désoeuvrement l’ami intime du jeune poète Lenski. Ce dernier le traîne chez les Larine, des voisins qui aimeraient fort marier leurs deux filles Olga et Tatiana…

Évidemment je ne vous dirais pas que c’est une histoire joyeuse ou optimiste, nous parlons d’un roman russe du XIXe que diable, mais justement ce qui fait le charme de ce roman c’est ce contraste entre une écriture légère et lumineuse et une histoire d’autant plus sombre qu’il n’est pas question ici de destin mais bien de bêtise humaine, ou disons d’inconséquence. Car les personnages sont seuls responsables de ce qu’il advient d’eux par goût de la provocation, entêtement ou frivolité. Le cadre tant naturel que social est rendu de façon merveilleusement vivante, quant au style, il est simplement sublime d’élégance et de limpidité. De temps à autre l’auteur lui-même s’adresse au lecteur commentant la vie de celui-ci ou de celui-là, la comparant à la sienne avec une prescience assez troublante puisqu’il devait justement connaître le destin de l’un d’entre eux. Mais j’en dis déjà trop (quoique avec les classiques, il est bien difficile de garder secret le fin mot de l’histoire) mieux vaut vous laisser découvrir cette merveille, car c’en est une, par vous même. Enchanteur !

Eugène Onéguine – Alexandre Pouchkine – 1825-1832 traduit (bellement) du russe par Jean-Louis Backès – Folio classique

L’avis de Karine, ma glamoureuse colectrice, celui de geishanellie, d’autres ?

PS : Alexandre Pouchkine étant mort en duel, (au pistolet) c’est un compte-double pour le challenge nécrophile que j’oublie toujours de mentionner dans mes billets, ce qui est mal très mal !

PPS : Qu’a-t-il écrit d’autre Alexandre ? ça m’intéresse moi…

PPPS : J’ai déjà envie de le relire tss tss !

Une petite citation juste pour le plaisir :

Quand nous laisseront s’épanouir

Chez nous la civilisation,

Avec le temps (S’il faut en croire

les tablettes philosophiques,

Nous attendrons bien cinq cent ans),

Nos chemins seront transformés.

La russie sera traversée

Par tout un réseau de chaussées ;

Des ponts de fonte franchiront

Les cours d’eau sur de larges arches ;

Nous déplacerons les montagnes ;

Nous auront des tunnels hardis

Et la chrétienté construira

Une auberge à chaque relais.

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à une aimée

Je reviendrai à Desnos bientôt mais en attendant, faisons un pause à la demande d’une de mes filles qui a fait récemment une jolie découverte…

 

 

Il goûte le bonheur que connaissent les dieux

Celui qui peut auprès de toi

Se tenir et te regarder,

Celui qui peut goûter la douceur de ta voix,

 

Celui que peut toucher la magie de ton rire,

Mais moi, ce rire, je le sais,

il fait fondre mon coeur en moi.

 

Ah ! moi, sais-tu, si je te vois,

Fût-ce une seconde aussi brève,

Tout à coup alors sur mes lèvres,

Expire sans force ma joie.

 

Ma langue est là comme brisée,

Et soudain, au coeur de ma chair,

Un feu invisible a glissé.

Mes yeux ne voient plus rien de clair,

A mon oreille un bruit a bourdonné.

 

Je suis de sueur inondée,

Tout mon corps se met à trembler,

Je deviens plus verte que l’herbe,

Et presque rien ne manque encore

Pour me sentir comme une morte.

 

Sappho – VIIe av. J.C.

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