Au départ, le donjon de Naheulbeuf était une série MP3 en accès libre sur internet : un très gros délire qui s’est transformé en culte, en bandes dessinées puis en romans. Mon fils étant fan des épisodes audio, j‘en suis venue, de fil en aiguille, à lui offrir les bd et, par voie de conséquence, à les lire car il faut rester vigilant en ce qui concerne ce que l’on met entre les mains de nos enfants (le dévouement des parents n’a que peu de limite). Il s’agit donc ici d’une bonne vieille quête de type Donjon et Dragon imaginée très évidemment par un adepte de jeux de rôles. Un ranger, un barbare, un elfe, un nain, un ogre et un voleur sont à la recherche, pour des motifs essentiellement mercantiles, de la statuette de Gladeulfeurha dissimulée quelque part dans les entrailles du donjon de Zangdar. Sur le papier c’est une bien belle équipe, seulement ils sont tous débutant, niveau un en langage jeu de rôle, et donc aussi inexpérimentés et maladroits que bêtes à manger du foin…et pour certains agressifs en plus. Ce qui nous vaut des dialogues drolatiques, après tout c’est ce qui a fait le succès des épisodes MP3. Les références sont multiples, le barbare ne jure que par Crom et est incontrôlable en cas de baston (Le seul mot qu’il sache prononcer au départ à peu de chose près), tous se croient dans le seigneur des anneaux, le nain et l’elfe ne peuvent évidemment pas se supporter et la magicienne passe sont temps le nez dans ses bouquins, pour ne citer que quelques exemples…
Les personnages et leur échanges sont hilarants, les évènements aussi prévisibles que bien venus dans ce qui est avant tout un pastiche et pour qui a vécu ce genre de jeux, c’est assez jubilatoire. De temps en temps un jet de dés vient pimenter l’action, le graphisme est expressif et les couleurs accrocheuses, en deux mot : vraiment drôle !
Le donjon de Naheulbeuk – saison 1 – tomes 1 et 2 – Scénario John Lang – Dessin Marion Poinsot – 2005 – Clair de Lune, collection Sortilèges
PS : Le changement de niveau des personnages m’a fait mourir de rire, annoncé en “bulle off”, il est suivi d’une prise de conscience de nouveaux pouvoirs, ou, pour l’elfe d’une augmentation notable de la taille de son soutien-gorge…

1962, Jackson Mississipi, une petite ville bien tranquille où il fait bon vivre. Pour les familles blanches qui en ont les moyens, il est bien entendu obligatoire d’avoir une bonne noire qui entretient la maison, fait la cuisine, élève les enfants et de préférence évite d’utiliser les mêmes toilettes que la famille. En un mot, tout va pour le mieux dans un monde où chacun reste à sa place. Ailleurs dans le pays, le mouvement pour les droits civiques s’agite, un jeune pasteur noir commence à fédérer autour de lui, mais tout cela semble si loin du Mississipi.
Depuis qu’elle a été frappée par la foudre à 15 ans, Harper dispose d’un lien étrange avec les morts ; elle ressent leur présence, du moins quand ils ne sont pas trop loin, et “voit” leurs derniers instants… Voit ou plutôt vit, car si elle peut préciser ce que les défunts pensaient à ce moment précis et les causes de leur mort, elle ne voit rien d’autre. Devant vivre avec ce don, à moins que ce ne soit une malédiction, elle en a fait son activité, assistée par son demi-frère Tolliver, et propose ses services à ceux qui sont à la recherche d’un corps, être cher ou autre, s’ils peuvent lui donner une localisation assez précise. Ses clients, cependant, bien loin de lui être reconnaissants, lui manifestent en général méfiance et dégoût. C’est bien conscients de ce fait, que Harper et Tolliver débarquent dans une petite ville du sud pour rechercher le corps d’une adolescente disparue depuis déjà plusieurs mois. Et se retrouvent englués, à leur corps défendant, dans une enquête des plus dangereuse.
Hélène a huit ans, voudrait être un garçon, veut qu’on l’appelle Joe comme Jo March, être forte et courageuse comme Lady Oscar, et aider sa famille qui ne roule pas sur l’or. Elle vit continuellement dans les histoires qu’elle s’invente mais dans le même temps garde les pieds fermement ancrés sur terre, attentive à tous, se vieillissant pour pouvoir travailler, prenant soin de ses soeurs, développant une improbable amitié avec son grincheux voisin, malcomode et alcoolique mais, comme elle, toujours présent quand on a besoin de lui… C’est que Joe, petite silhouette malingre toujours par monts et par vaux, est animée d’un étonnant appétit de vivre et d’aimer.
