La coupe mortelle

Clarissa Fray, dite Clary, a tout de l’ado new yorkaise type, agacée par sa mère, complexée par son physique, trainant son meilleur voire unique ami dans les boites qui lui plaisent à elle, se laissant entrainer dans des concerts ou performances poétiques qu’il choisit… Jusqu’au jour où Clary assiste à un meurtre en direct, ce qui serait déjà assez grave en soi sans y ajouter que personne ne semble remarquer le fait, que personne ne semble tout simplement  voir les trois adolescents responsables du crime et sans que le cadavre ne disparaisse sous ses yeux sans laisser de trace. Et Clarissa est très loin d’être au bout de ses surprises…

La coupe mortelle est le premier tome d’une  trilogie jeunesse, la cité des ténèbres (the mortal instrument trilogy en anglais, ne me demandez pas la logique). Dans cet univers, un ordre secret, les nephilims ou chasseurs d’ombres,  protège le monde des démons et éventuellement d’autres créatures obscures, garous, vampires ou sorciers, lorsque celles-ci tournent mal. Le tout à l’insu des humains qui bien entendu ne se doutent de rien, protégés qu’ils sont par  par un voile d’illusion. La jeune Clary et ses compagnons se retrouvent au coeur d’une guerre entre Nephilims fanatiques, obsédés par l’idée de liquider toutes les créatures obscures qu’elle qu’en soit le prix, et modérés qui tiennent à garder l’équilibre entre les deux mondes. Le tout compliqué par des liens familiaux plus ou moins pesants, plus ou moins inattendus (l’un d’eux m’a quand même épatée (et frustrée) ce qui n’est pas rien). C’est enlevé, rythmé, efficace et si l’histoire est disons parfois prévisible dans ses rebondissements, les personnages sont suffisament complexes voire originaux pour être intéressants. Du beau travail, je recommande à partir de mettons 14 ans sans limite supérieure !

 

La coupe Mortelle – La cité des ténèbres 1 – Cassandra Clare – 2007 – Pocket jeunesse

 

Un grand merci à Stephanie pour son prêt. L’avis enthousiaste mais avec (gros) spoilers de Chrestomanci

 

PS : Du coup j’ai commandé le tome 2

PPS : Et le trois n’a qu’à bien se tenir si le deuxième vaut le premier…

PPPS : Et en plus ça ne compte pas comme achats, c’est du jeunesse et je les passe à mes filles ensuite !

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Qui ? quoy ? comment ? a qui ? pourquoy ?

Un dernier petit tour pour Charles avant changement de poète dimanche prochain… Qui sera à l’honneur cette fois ? Je vous laisse la surprise

 

Qui ? quoy ? comment ? a qui ? pourquoy ?
Passez, presens ou avenir,
Quant me viennent en souvenir,
Mon cueur en penser n’est pas coy.

Au fort, plus avant que ne doy
Jamais je ne pense enquerir :
Qui ? quoy ? comment ? a qui ? pourquoy ?
Passez, presens ou avenir.

On s’en puet rapporter a moy
Qui de vivre ay eu beau loisir
Pour bien aprendre et retenir.
Assez ay congneu,je m’en croy :
Qui ? quoy ? comment ? a qui ? pourquoy ?

 

Charles d’Orléans (1394-1465)

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le jeudi, c’est citation (13)

Et selon le voeu de Chiffonette,

 

If more of us valued food and cheer and song above hoarded gold, it would be a merrier world.

JRR Tolkien (who else)

 

***

 

Si plus d’entre nous plaçaient la nourriture, la chaleur humaine et les chants au-dessus des amas d’or, le monde serait plus gai.

Toujours tolkien mais ma traduction

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Les visages

Ethan Muller est un galeriste new-yorkais en vogue autant par passion pour l’art que par la volonté affichée de se démarquer de son milieu familial, une riche et impitoyable famille de requins de l’immobilier. Cependant quand l’homme de confiance de son père lui propose de venir expertiser une  énorme quantité de dessins entassés dans un appartement abandonné d’une des résidences paternelles, il n’hésite pas longtemps avant de s’approprier le tout et d’organiser une première exposition. Il faut dire que ces dessins sont d’une qualité exceptionnelle, formant un puzzle immense et hallucinant de visages, silhouettes, horreurs et merveilles et que l’auteur présumé reste introuvable. Tout parait aller pour le mieux au pays du cynisme, jusqu’au jour où un policier à la retraite apprend à Ethan que l’un des visages représentés est celui d’un enfant assassiné quelque quarante ans plus tôt…

Les visages est un roman foisonnant, difficile à classer, un peu polar car il y est bien question d’une enquête et même de plusieurs, un peu pamphlet par sa critique acide du milieu de l’art contemporain, essentiellement roman d’apprentissage et de filiation, exploration minutieuse d’une dynastie férocement décidée à réussir par tous les moyens quelque en soi le prix humain. La construction est étonnante d’habileté, les pans de l’histoire s’imbriquent minutieusement autour d’Ethan, du XIXe siècle à nos jours, remontant pièce par pièce une machinerie étonnamment complexe. Un roman très visuel, captivant et bien écrit (et traduit) qui reste présent à l’esprit bien des mois après la lecture (et pour un peu me réconcilierait avec les polars). Excellent !

 

Les visages – Jesse Kellermann – traduit de l’américain par Julie Sibon – Sonatine – 2009

 

Un grand merci à Stéphanie pour le prêt, son avis ici, avec celui de Cuné, d’Amanda, d’Ys, du Papou

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Le temps a laissié son manteau…

Le temps a laissié son manteau

de vent, de froidure et  de pluye, 

Et s’est vestu de brouderie

De soleil luyant, cler et beau.

Il n’y a beste, ne oyseau,

Qu’en son jargon ne chante ou crie

Le temps a laissié son manteau!

Rivière, fontaine et ruisseau 

Portent, en livrée jolie,

Gouttes d’argent, d’orfavrerie,

Chascun s’abille de nouveau:

Le temps a laissié son  manteau

 

Charles d’Orléans (1394-1465)

 

***

 

Le temps a laissé son manteau

De vent, de froidure et de pluie,

Et s’est vêtu de broderies,

De soleil luisant, clair et beau.

Il n’y a bête ni oiseau

Qu’en son jargon ne chante ou crie :

Le temps a laissé son manteau!

Rivière, fontaine et ruisseau

Portent, en livrée jolie,

Gouttes d’argent, d’orfèvrerie,

Chacun s’habille de nouveau:

Le temps a laissé son manteau.

Publié dans poèmes | 12 commentaires

le sabre et l’épée

Quelque part au fin fond de la Chine profonde, Wu gang est le protecteur du village. Chaque fois qu’un homme armé se présente, il le défie et le tue. Son vieux maitre lui a promis qu’il trouverait son destin lorsqu’il vaincrait son vingt-septième adversaire. Seulement lorsque celui-ci se présente, ce n’est qu’un vieillard armé d’un tronçon d’épée brisée et Wu gang refuse de le combattre. Devenu dès le lendemain la risée du village dont il est plus ou moins chassé, il se lance à la poursuite du vieil homme bien décidé à ramener sa tête. Sans le savoir, il va bientôt devenir partie prenante d’une très vieille légende…

Le sabre et l’épée est une tetralogie dans le style du conte traditionnel chinois à la fois martial et fantastique qui a donné le genre cinématographique Wu Xia, dont sont issus Tigre et dragons, Hero ou le Secret des poignards volants. La trame est très classique, le jeune fou, le vieux sage et la guerrière mais l’intrigue s’y inscrit allègrement, alternant combats très visuels, accomplissement de soi et humour dans une narration bien maitrisée et prenante. Les personnages finissent par être attachants malgré leur côté archétypal et j’ai pris grand plaisir à suivre leurs aventures tout au long de ces quatre albums. Le graphisme épuré est agréable à l’oeil avec de belles vignettes de combat et les couleurs un peu froides servent bien l’histoire conférant aux paysages une certaine beauté formelle. une belle réussite dans le genre récit d’aventures !

 

Le sabre et l’épée – 1 La yesha, 2 Au coeur des rivières et des lacs, 3 Les brumes du vieil immortel, 4 Le mont des neuf merveilles – 2006-2009 – Scénario David Chauvel, Dessins Hervé Boivin, Couleurs Christophe Araldi et Xavier Basset – Delcourt (Terres de legendes)

 

PS : j’aime quand les cycles sont terminés (voire de taille raisonnable, genre quatre albums), cela m’évite d’attendre des suites pendant des siècles…

PPS : Bon en plus, je suis une fan de Wu xia pan, Tigre et Dragon m’a positivement émerveillée, Hero est un exercice de style d’une beauté époustouflante et Le secret des poignards volants est un film magnifique…

PPPS : Dans un autre genre, j’ai aussi un (très) gros faible pour les histoires d’épées brisées qui doivent être reforgées (cela faisait un rien trop longtemps que je n’en avais pas parlé tiens).

 

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Le jeudi c’est citation (12)

Nous rappelle chaque semaine dame Chiffonette

 

“Je m’étais pris d’affection pour lui. Parce qu’il aimait l’Odyssée et qu’il jouait avec son texte. Parce que la lecture de son roman avait été ma première rencontre, et non la pire, avec la littérature populaire. Parce que sa fin ouverte, qui à vrai dire n’en était pas une, avait fait faire des cabrioles à mon imagination. Parce qu’on ne saurait s’occuper aussi lontemps de quelqu’un sans se prendre d’affection pour lui.”

 

Bernard Schlink – le retour

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Le Retour

retourTout jeune, Peter Debauer – petit allemand solitaire élevée par une mère distante, passait ses vacances en Suisse auprès des ses grand-parents paternels, correcteurs de romans populaires “de qualité”. Il n’avait pas le droit de lire cette production mais on lui en confiait les épreuves à titre de papier bouillon, et un jour l’âge aidant, l’un d’eux fut non seulement lu mais résonna d’une étrange manière dans l’imaginaire du jeune Peter. Comme si cette histoire de soldat rentrant chez lui pour trouver sa femme remariée, éveillait d’étranges échos en lui. Mais il devait se passer bien des années avant qu’il ne revienne à cet insondable mystère qui devait l’accompagner ensuite tout au long de sa vie d’homme…

Résumer ce roman, où même son début, me semble une tâche bien délicate, car si le fil rouge de cette histoire est parfaite identifié, l’histoire justement est aussi capricieuse que l’esprit d’homme qui la porte, passant par des périodes de passion intense et d’autres d’indifférence totale, accélérant puis ralentissant, s’égarant même parfois sans que l’on sache si elle retrouvera son chemin. Et pourtant il s’en dégage, à mon sens, un charme étonnant. Je suis sensible, je crois, au style de Bernard Schlink, pourtant dépourvu de tout sentimentalisme au point d’en paraitre froid aux yeux de certains. Le liseur m’avait fasciné, le week end, dont je vous parlerai quelque jour, tout autant, et ce retour itou. On y trouve l’ambivalence de l’Allemagne d’après guerre et son inamovible traîne de culpabilité, mais aussi la division et la refondation de la nouvelle Allemagne des années 90, les secrets et non-dits qui accompagnent toutes transformations quelles qu’elles soient, voire en filigrance certaines tentations de réhabilitations de théories que l’on croyait définitivement enterrées. Tout au long du livre, je me suis demandé où l’auteur voulait nous emmener mais sans impatience aucune ni envie de poser le roman, je voulais en savoir plus, voir où tout cela nous amenait. Je ne suis pas sûre de le savoir maintenant, peut être s’agit-il simplement d’un roman d’apprentissage, d’une simple recherche du père, mais si intrinsèquement mêlé à l’histoire allemande qu’il en devient témoignage et sujet de réflexions. Désorientant mais Fascinant !

Le retour – Bernard Schlink – traduit de l’allemand par Bernard Lortholary – 2007 – Gallimard

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Yver, nous n’estes qu’un villain

Yver, vous n’estes qu’un villain,

Esté est plaisant et gentil,

En tesmoing de May et d’Avril

Qui l’acompaignent soir et main.

Esté revest champs, bois et fleurs,

De sa livrée de verdure

Et de maintes autres couleurs,

Par l’ordonnance de Nature.

Mais vous, Yver, trop estes plain

De nege, vent pluye et grezil;

On vous deust banie en essil.

Sans point flater, je parle plain,

Yver, vous n’estes qu’un villain !

 

Charles d’Orléans (1394-1465)

 

***

 

Hiver vous n’êtes qu’un vilain !

Eté est plaisant et gentil,

En témoignent Mai et Avril

Qui l’accompagnent soir et matin.

Eté revêt champs, bois et fleurs

De sa livrée de verdure

Et de maintes autres couleurs

Par l’ordonnance de Nature.

Mais vous, Hiver, trop êtes plein

De neige, vent, pluie et grésil;

On vous doit bannir en exil.

Sans point flatter, je parle plain,

Hiver vous n’êtes qu’un vilain !

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Zombillénium

6Zombillenium est un parc d’attraction un peu particuliers, tout le staff y est  en effet composé de monstres divers et variés. Le patron est un vampire assisté d’un loup garou, le directeur du personnel est un squelette, le vendeur de barbe à papa une momie et ainsi de suite. Seulement voilà, les momies sont des personnes comme les autres éventuellement sujettes au vague à l’âme quand on ne leur montre pas la terreur dûe ! Car de nos jours, dans les parcs d’attractions, les gens ne sont plus aussi effrayés par les morts-vivants qu’ils le devraient. Fort heureusement deux nouvelles recrues, une sorcière et un nouveau-mort d’espèce indéterminée, vont apporter un peu de sang frais (dans tous les sens du terme) et un surcroit de souffre à ce parc en peine.

Cet album s’est révélé une très belle surprise, le parc d’attraction typique avec son personnel délirant est vraiment bien vu, les personnages sont bien caractérisés, l’humour constant et les références en forme de clin d’oeil, tant à la Lisbeth de Millénium pour les adultes qu’à Poudlard, Wolverine ou Hellboy  pour les plus jeunes forment un cocktail des plus piquant. Le graphisme très léché, dans une  gamme bleu gris violet, est expressif et accroche bien, en un mot une réussite, destinée sans doute aux “ados”  mais qui peut plaire à tout âge ! drôle !

 Zombillénium – Arthur de Pins – Dupuis – 2010

Cliquer pour voir la première planche

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