Il y a certainement quelqu’un

La grande Anne Hébert, en plus des merveilleux romans que sont Les Fous de Bassan, Kamouraska ou les chambres de bois (entre autres), a publié plusieurs recueils de poèmes dont voici un extrait.

 

Il y a certainement quelqu’un
Qui m’a tuée
Puis s’en est allé
Sur la pointe des pieds
Sans rompre sa danse parfaite.

A oublié de me coucher
M’a laissée debout
Toute liée
Sur le chemin
Le cœur dans son coffret ancien
Les prunelles pareilles
À leur plus pure image d’eau

A oublié d’effacer la beauté du monde
Autour de moi
A oublié de fermer mes yeux avides
Et permis leur passion perdue

Anne Hébert – le tombeau des rois – 1953

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