Sur la minuscule île d’Entrée, perdue dans le golfe du Saint-Laurent, de mémoire d’homme, on ne connaissait pas le crime. Alors un meurtre ! Et un rien rocambolesque encore, au dire la femme de la victime, unique témoin des faits et principale suspecte. Mais une suspecte anglophone ce qui complique un peu les choses au Québec. L’équipe chargée de l’enquête se voit donc adjoindre Sime Mckenzie, parfaitement bilingue, fin enquêteur et accessoirement insomniaque. Accessoirement ou non. Car Sime est troublé par celle qu’il doit confondre et qu’il a l’impression de reconnaître, ses courts instants de sommeil se peuplent de rêves étranges qui le replonge dans les récits que sa grand mère lui faisait de la vie de son ancêtre écossais, un autre Sime, au temps de la grande Clearance des Hébrides…
The great clearance, ou The Highlands clearance, quel joli nom pour une ignominie. Au XVIIIe siècle, des propriétaire anglais récupérèrent les terres dont les clans écossais avaient été dépossédés après la révolte jacobite et la bataille de Culloden. Rapidement ils commencèrent à déporter les paysans pour pouvoir disposer de plus de terre pour les moutons. Au XIXe, la famine de la pomme de terre (oui la même qu’en Irlande) leur permit d’accélérer le mouvement à grands coups de bâton et de blackhouses incendiées – quand on a la loi pour soi, la morale est sauve d’autant que dans leur grande magnanimité, ils payaient le passage des expulsés vers le nouveau monde – certes sans un sous en poche et dans les pires conditions. Beaucoup mourraient en route ou dans les camps de quarantaine où on les parquait à l’arrivée mais sans doute était ce le prix à payer pour une nouvelle vie pour eux et de belles terres bien nettoyées pour les propriétaires. L’île du serment nous fait revivre ce cruel épisode de l’histoire commune de l’Ecosse et de l’est du Canada, nous entraînant de Lewis en Grosse Île – cet Ellis island québécois avant la lettre – en passant par les îles de la Madeleine au large de la Nouvelle-Ecosse. Alors certes l’histoire policière est un sans doute un prétexte pour faire revivre l’Histoire avec un grand H mais Peter May ajuste bien son intrigue, naviguant aux limites de l’irrationnel sans tomber dans les pièges du genre. L’alternance passé présent est fluide, les personnages crédibles, quant au cadre, et c’est là le plus détonnant, l’auteur excelle à nous donner envie de filer passer nos vacances en Ecosse ou aux Iles de la Madeleine – avec bottes en caoutchouc dans les deux cas, mais qu’est-ce qu’un peu d’humidité et de vent quand on aime les îles. So scottish !
L’île du Serment – Peter May – Le Rouergue – 2014
Lu dans le cadre du mois Kiltissime de dame Cryssilda
PS : De Peter May j’ai particulièrement aimé la trilogie écossaise, celle qui se passe sur Lewis justement, avec une mention spéciale au tout premier.
L’ile des chasseurs d’oiseaux
L’homme de Lewis
Le Braconnier du lac perdu
et pour les curieux, une petite carte…
J’avais adoré la trilogie de Lewis et j’ai donc celui-ci dans ma short PAL depuis quelques mois. J’espère l’en sortir bientôt !
Oui moi aussi je l’ai laissé trainer dans ma pal, je suis contente que le mois kiltissime m’ait poussée à l’en sortir 🙂
Comme toi, j’avais bien aimé la précédente trilogie. Me voilà plus que tentée.
Il est bien dans la lignée 🙂
Je pressens que tu vas encore me coûter, et je n’ai plus rien pour finir le mois. J’adore les meurtres et les déportations. Pour le voyage, je choisirais un îlot près des îles de ta carte. Le problème en Ecosse, c’est qu’on y parle une langue que je ne connais pas : – ) Il m’est arrivé dans ma jeunesse de demander avec insolence à une pourtant charmante personne : Do you speak english ? Elle m’a répondu que oui, mais sa bizarre prononciation n’a pas changé.
Mais Lou ce n’est pas de l’anglais c’est du gaélique 😀 De toute façon je ne crois pas qu’un écossais puisse se vexer qu’on lui dise qu’il ne parle pas comme un anglais, l’inverse par contre 😀
Ah que c’était bien l’Écosse ! Quand j’y suis allée, j’avais fait provision de lecture locale avec grand plaisir. Le titre dont tu parles ici me tente tout particulièrement, tout à fait historique comme j’aime. Et puis ça me donnerait l’occasion de découvrir enfin Peter May…
J’ai tellement trop envie d’aller en Ecosse un jour 🙂 et dans les iles en particuliers 🙂 mais pas que…
J’ai beaucoup aimé sa trilogie écossaise aussi. J’ai mis le titre d’aujourd’hui au programme.
Je crois que Peter May a fait carton plein avec la trilogie écossaise 🙂
Tu sais déjà mon amour de la trilogie. Celui-là n’était pas mal non plus.
Le Papou
Oui l’Île des chasseurs d’oiseaux reste mon préféré mais celui-ci m’a beaucoup plu 🙂
Une totale réussite on dirait. Et j’aime beaucoup la couverture.
Ah pareil, je trouve qu’elle illustre bien l’atmosphère du roman – ce bouquin est un bel objet 🙂
Je l’ai dans ma PAL depuis ce soir ! Dommage, je pense que ce roman aurait pu davantage me parler que celui que j’étais censée lire pour le mois kilitissime, comme il y a le détour par le Québec. Dilemme. J’ai les 2 dans ma PAL maintenant… Et on est le 22. C’est un peu cuit pour décembre, mais bon, je note que les retours sont très bons sur la trilogie et ce roman en particulier.
Oui sauf erreur je pense que ces quatre bouquins sont ce que Peter May a écrit de mieux pour le moment 🙂
Il est bien, hein, ce livre ?! J’attends avec impatience le prochain, dans quelques jours, on retrouve les Hébrides! 🙂
Ah oui, il se passe dans les hébrides le prochain ? 🙂
Celui-ci est sur ma liste… Un jour, un jour 😉
les listes sont si longues et ne cessent de s’allonger 🙂
L’île du serment j’ai bien aimé pour un peu tout , l’ambiance , le passé , le héros …. mais il me manque la trilogie écossaise !
Elle te manque parce que tu ne l’as pas encore lu ou parce que que tu ne t’en remets pas ? 🙂