Maisie Dobbs

cvt_Maisie-Dobbs_1985Londres 1929, Maisie Dobbs ouvre sa toute nouvelle agence de détective privée après avoir été longtemps l’assistante d’un praticien plutôt renommé en la matière. Fille d’un marchand des quatre-saisons, placée à treize ans comme femme de chambre dans une maison aristocratique, elle a eu la chance de se voir offrir une éducation au dessus de son rang et compte bien en tirer parti pour se construire une vie indépendante. Sa première enquête en solo, débutée comme une banale surveillance, la replonge cependant dans des souvenirs qu’elle aimerait bien écarter définitivement ; des souvenirs qui remontent aux années de la grande guerre…
Encore un policier historique me direz-vous, certes ! Vous ai-je dit que j’aimais cela ? Bizarrement j’avais déjà lu celui-là mais ne l’avais pas chroniqué (on ne ricane pas dans le fond, merci) et j’ai pris grand plaisir à le relire, ce qui est toujours bon signe. L’héroïne tout d’abord est fort attachante, entre caractère affirmé et tendance à l’introspection, et ce premier opus de ses aventures nous offre une jolie plongée dans ses années de servante – fille de cuisine puis femme de chambre – au sein de la famille aristocratique qui allait plus ou moins l’adopter par la suite (plus ou moins n’allez pas vous imaginer des choses). Le contexte ensuite, l’entre deux guerres de la rude crise de 1929, la grande guerre, ses souvenirs cuisants et ses héros déchus – il est question ici de gueules cassées, de blessures invisibles et d’autres plus tangibles mais je n’en dirais pas plus, n’insistez pas – tout cela est fort bien rendu et comme c’est une période qui me fascine assez, je m’y suis fort plu. Un joli roman policier, très enlevé et agréablement écrit qui nous fait passer un excellent moment de lecture. Allègre !
Maisie Dobbs – Jacqueline Winspear – 2003 – traduit de l’anglais par Jean-Christophe Napias – Le livre de poche – 2007
PS : Les aventure de Maisie Dobbs comptent à ce jour une douzaine de romans dont deux seulement sont traduits en français – Why, but why, messires les éditeurs ?
PPS :  J’ai déjà lu le second, Les Demoiselles de la plume blanche (je l’ai fini hier soir oui je sais ne dites rien) et je peux dès maintenant vous annoncer qu’il est encore meilleur que celui-ci… Il a d’ailleurs obtenu un prix des lecteurs en 2008 –  je réitère donc ma question, Why, but why messires les éditeurs ?
Lu dans le cadre du passionnant mois anglais des non moins passionnantes Titine, Lou et Cryssildamoisanglais

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L’océan au bout du chemin

L_Ocean_au_bout_du_cheminUn homme déjà mûr, un jour de funérailles, se perd volontairement sur les chemins de son enfance, remontant une route après l’autre, jusqu’à une mare au bout du chemin que son amie d’autrefois, Lettie Hemstock, appelait l’océan. Et là, assis au bord de cette mer miniature, il laisse ses souvenirs remonter à la surface, le replongeant l’été de ses sept ans, l’année où personne n’était venu à son anniversaire et où il avait reçu en cadeau un doux chaton noir…
Neil Gaiman excelle à se mouvoir aux confins de la réalité, quelque part entre enfance et merveilleux dans ces contrées brumeuses que nous oublions quand les années ont passé. Alors que l’on suit un homme des plus prosaïques, on sent son esprit changer à mesure qu’il approche d’un certain endroit, ses souvenirs affluent jusqu’à ce qu’il puisse se remémorer les choses les plus étranges sans étonnement ni incrédulité, nous plongeant dans l’esprit d’un petit garçon de sept ans, solitaire et rêveur, grand lecteur, qui n’a pas l’habitude de s’étonner du merveilleux mais plutôt de lui faire une place dans sa réalité. La magie ici est toute simple, elle se révèle dans une parole, un brin d’herbe, un morceau de tissu ou encore un jouet cassé comme si la réalité même en était tissée. Mais là où est la magie, la magie ordinaire et puissante d’un repas chaud et doré ou d’un feu de bûches, il y a le danger aussi, la peur, les monstres et la mort car la magie de l’enfance peut être noire et effrayante. L’écriture limpide de Gaiman nous entraine dans l’intermonde entre conte et fantastique dans une cour de ferme aux odeurs de fumier comme nous en avons tous connu et comme il en reste probablement quelques exemplaires, là où les chemins perdus mènent aux mares qui sont des océans. Un bijou !
L’océan au bout du chemin – Neil Gaiman – 2013 – Traduit de l’anglais par Patrick Marcel – Au Diable Vauvert 2014
PS : La famille Hemstock qui semble-t-il accompagne Neil Gaiman depuis son enfance est une de ses trouvailles les plus magnifiques – et je suis une fan.
PPS : La magie de la nourriture, les viandes doré, les sauce onctueuses, les riches desserts, me semble récurrente dans certains romans anglais – JK Rowling par exemple l’a magnifiquement mise en scène dans les festins de la grande salle de Poudlard, mais il me semble qu’on la retrouve aussi dans le conte de Noël de Dickens par exemple… il y a quelque chose à étudier ici…
PPPS : C’est le genre de livre qu’on reprend au début dès la dernière page tournée, s’il vous fallait un argument supplémentaire…
Lu dans le cadre du magique mois anglais des ensorceleuses Titine, Lou et Cryssilda

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L’Observatoire

observatoireAu commencement était le domaine de Tearsham, son parc, ses arbres, ses étendues herbeuses, ses terres, son imposante maison XVIIIe où vivait depuis toujours la famille Orme assistée d’une armée de domestiques. Peu à peu la ville se rapprocha, les arbres se raréfièrent, un observatoire fut installé sur le toit, les terres furent vendues et un jour la maison elle-même, devenue le manoir de l’observatoire et désormais cernée par la route, fut morcelée en vingt-quatre appartements, ilot préservé mais de plus en plus délabré au centre d’un maelstrom vrombissant et meurtrier. Le jour où l’arrivée d’un nouveau résident fut annoncé dans le Hall par voie d’affiche, ils n’étaient plus que sept à vivre dans la vieille maison. Sept âmes solitaires, terrifiées à l’idée d’être un jour le dernier résident de la vieille bâtisse lépreuse ; ce qui n’était certes pas suffisant pour qu’ils acceptent de gaité de cœur un changement aussi péniblement inattendu qu’un nouvel arrivant : il ne pouvait tout simplement être question que l’intrus s’installe, quitte à tout mettre en oeuvre pour le convaincre de partir, et de partir vite. Mais évidemment rien ne se passa comme prévu !
Quel étrange livre, tout d’abord on se dit que les personnages sont assez remarquables dans leur repoussante excentricité pour en être les moteurs, manies étranges, bizarreries en tout genre, physique improbable, relations barrées, temps suspendu (mais quel temps d’ailleurs ?) il y a là abondance de matière. Puis peu à peu, la maison s’impose avec ses craquements, ses secrets, ses souterrains, ses pourritures et l’on se dit qu’il s’agit plutôt de l’histoire d’une maison, ou bien d’une famille et que les deux se confondent, ou encore de l’histoire d’un homme et d’un double ou enfin d’une histoire de solitudes hantées qui se croisent et se superposent sans jamais se soulager ou, finalement et plus probablement, de tout cela à la fois et certainement plus encore. Edouard Carey signe ici un roman multiforme et fascinant, à la construction et au style totalement décalés, une marmite bouillonnante d’inventivité où chaque remous révèle une nouvelle facette de l’étrange où les frontières entre fantasmes et souvenirs, cauchemars et réalité se dissolvent  dans l’improbable. Ébouriffant ! Admirable !
L’Observatoire – Edouard Carey – 2000 – Libretto 2012 – traduit de l’anglais par Muriel Goldrajch
PS : La collection de Francis Orme mérite vraiment le détour. Pour ceux qui ont lu la chose, j’ai lu intégralement le catalogue… ce type (je parle de l’auteur) est complètement barré, voilà c’est dit !
PPS : La vision du père de Francis comptant les arbres de sa fenêtre et en trouvant de moins en moins à mesure que la ville rampait vers la maison, me hante toujours comme un certain nombre d’autres visions sorties de ces pages et qui renouent avec la traditionnelle opposition du début du XXe siècle anglais entre nature et industrie, verdure et décadence.
PPPS : Je pourrais multiplier les post-scriptum pour ce roman complètement fou mais serait-ce raisonnable ?  Je me contenterais de remercier la divine Isil qui me l’a offert pour mon anniversaire, que son nom scintille à jamais au royaume des étoiles (oups c’est déjà fait, merci Tolkien).
Lu dans le cadre de l’extravagant mois anglais des fantasques Titine, Lou et Cryssilda
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Sur la plage de Chesil

ChesilAu tout début des années soixante, Florence et Edward s’aiment depuis un an, sont mariés depuis huit heures et se préparent à vivre leur nuit de noce, leur première fois à tous les deux. Ils s’en doutent mais n’en ont jamais parlé car, sur ces jeunes anglais éduqués et policés, pèse le lourd silence des conventions. N’ayant jamais abordé le sujet, ils ignorent qu’ils ne partagent pas vraiment la même vision du moment à venir mais l’heure de vérité approche…
Ian McEwan explore ici les conséquences du puritanisme qui sévissait en Angleterre avant que les années soixante ne fassent souffler un vent de liberté sur la jeunesse anglaise. Les deux protagonistes n’ont tout simplement pas les mots pour se parler, ce qu’ils ressentent est au sens propre indicible et leur inexpérience ne fait que compliquer les choses. Comment se comprendre dans ces conditions, comment combler l’abime qui se creuse ? Le sujet est des plus intéressants et l’écriture de Ian McEwan – que j’aime – aussi sèche qu’efficace. Pourtant quelque chose dans la construction de ce court roman m’a gênée, un parti pris démonstratif qui ne nous épargne aucune explication sur le ressenti laborieux de nos tourtereaux. L’ensemble – presque didactique – m’a paru lourd et bien que l’auteur instille une certaine attente chez le lecteur – car on veut savoir ce qui va advenir entre ces jeunes mariés en mal d’amour – j’ai eu peine à finir. Une petite déception.
Sur la plage de Chésil – Ian McEwan – 2007 – traduit de l’anglais par France Camus-Pichon – 2008 – Gallimard
Lu dans le cadre du décoiffant mois anglais des ébouriffantes Titine, Lou et Cryssilda
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Publié dans roman britanique | 22 commentaires

Les jardins du roi

les-jardins-du-roi-afficheEn pleine conception des jardins de Versailles, André Le Nôtre décide de confier à une femme, Sabine de Barra, la réalisation du Bosquet des Rocailles, la salle de bal à ciel ouvert commandée par Louis XIV. A la fois déconcerté et fasciné par l’originalité et la créativité de la jeune femme, il ne tarde pas à tomber sous le charme, tandis que le cour s’interroge sur cette personnalité peu conventionnelle…
Il y a du pour et du contre dans ce film, beaucoup de pour et pas mal de contre je dois bien le reconnaitre même si j’y suis retournée deux fois – my bad, je revendique mon droit au bovarysme cinématographique. Alors côté contre, notons la reconstitution historique hautement fantaisiste, non seulement pas l’adjonction d’un personnage entièrement fictif – Sabine de Barra – à la création du Bosquet des Rocailles aménagé par Le Nôtre entre 1680 et 1685, mais aussi par une vision totalement décalée – mais très anglaise voire victorienne – de la cour du roi soleil. Mention spéciale à la scène d’ouverture qui voit le roi réveillé par ses enfants porteurs du plateau du petit-déjeuner et bientôt rejoint par Marie-Thérèse en chemise de nuit cabriolant joyeusement sur le lit de son bien aimé époux.  Oui je vous vois hausser le sourcil, à cela on pourrait ajouter un propos féministe bien sympathique mais totalement anachronique, un Lauzun joué par Ruper Penry-Jones (charmant mais grand et blond) et quelques conversations hallucinantes entre la Palatine et Sabine (je vous laisse découvrir, je m’en voudrais de spoiler)…
Pourquoi diantre y suis-je retournée me direz-vous ? A cause du pour, vous répondrais-je (et probablement de mon petit coeur tout mou). Car il y a du pour et tout d’abord le charme étonnant qui se dégage de l’ensemble, de ses images somptueuses et de ses paysages sublimes (et très anglais, mais ne boudons pas le plaisir des yeux). L’interprétation ensuite, qui associe une lumineuse Kate Winslet à Alan Rickman (toujours parfait) et Matthias Shoenaerts (oui le Mr Oak de Far from the madding crowd – est-il besoin d’en dire plus ?), une romance sensible enfin qui réussit à nous intéresser à ces amoureux improbables mais attachants. Alan signe ici un film plein de charme à condition de le prendre pour ce qu’il est, une somptueuse comédie romantique.
Les jardins du Roi (A Little Chaos) – 2014 – de Alan Rickman avec Kate Winslet, Matthias Shoenaerts, Alan Rickman, Jennifer Ehle,…
Chroniqué dans le cadre enchanteur du mois anglais des enchanteresses Titine, Lou et Cryssilda

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La reine Victoria – Her majesty Mrs Brown

victoriaVictoria a régné de 1837 – elle avait 18 ans – à sa mort en 1901 : Soixante trois ans d’un règne qui a fini par donner son nom au siècle. Un règne sans doute moins stable qu’on ne pourrait le croire vu de France, où les régimes et les révolutions se succédèrent tout le long du XIXe siècle mais où sa présence, son prestige, sa réelle influence – quoique limitée – sur les cours d’Europe, contrebalancèrent une instabilité gouvernementale parfois problématique. Alors même que la légitimité du trône était sans cesse remise en balance par la tentation républicaine, qu’elle fut la cible de multiples attentats tout au long de son règne, l’empire britannique à son apogée la couronna impératrice des Indes, reine du Canada et de l’Australie tandis que les visiteurs étrangers s’émouvaient de la misère sordide qui prévalait dans les bas-fonds de la capitale de l’Empire. Un destin pour le moins hors du commun dans un siècle qui ne l’était pas moins…
J’aime les biographie, c’est entendu, et pourquoi pas Victoria symbole d’une période anglaise – ou disons britannique – des plus passionnantes tant socialement et politiquement que sur le plan culturel ou littéraire (la liste des écrivains victoriens de talent (et des deux sexes) est une mine dont je ne vois pas la fin, ce qui, au reste, me ravit). De ce point de vue, la biographie de Jacques de Langlade m’a laissée un tant soit peu sur ma faim, j’aurais aimé par delà les dates importantes et le déroulé du règne, plus de chair sur le personnage, plus de largeur dans l’analyse d’une reine dans son siècle, plus de profondeur dans l’appréhension de la femme derrière la souveraine. L’ouvrage est intéressant et fort documenté, notamment par d’assez nombreux extraits de l’énorme correspondance de Victoria – infatigable épistolière et rédactrice – mais plus comme un cadre à mon sens que comme une vraie réflexion.

mrsbrownA l’opposé de cet ouvrage très classique, j’ai apprécié les partis pris du film Mrs Brown de John Madden qui s’intéresse à la relation particulière que Victoria entretint avec un domestique écossais – John Brown – et qui devait durer plus de vingt ans. Bien que la controverse soit encore ouverte sur la nature de cette amitié, le film montre avec finesse l’étrangeté de cette situation : une relation forte, profonde, éminemment choquante entre un homme un peu frustre et une reine éprise de bienséance mais femme aussi, et seule, isolée tant par sa position que par la perte d’un mari bien aimé. Un fort bon film,  excellemment interprété par Judy Dench et Billy Connolly dans les rôles principaux.

La reine Victoria – Jacques de Langlade – 2009 – Perrin
Her Majesty Mrs Brown – John Madden – 1998
Lu et vu dans le cadre du royal british month des impériales Titine, Lou et Cryssilda

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Les souffleurs de verre

verriersDans la France de la seconde moitié du XVIIIe siècle, on nait souffleur de verre et on le reste. Les grandes lignées de maîtres verriers sont à la fois prospères et prestigieuses, leur métier étant l’un des rares qu’un noble peut exercer sans déroger. De là à se sentir presque noble soi-même, il n’y a qu’un pas que d’aucuns – pour leur malheur peut-être – franchiront.
Car dans la famille Busson, on est roturiers et travailleurs mais également curieux, éduqués et ouvert aux idées nouvelles qui grondent par tout le pays et le font trembler sur ses bases. Des cinq enfants de Mathurin et Magdalaine, l’aîné – Robert – est le plus fantasque, éternel insatisfait, courant la fortune dans tous les camps, toujours prêt à tirer un trait et repartir à zéro quitte à semer la consternation derrière lui… Des années après la Révolution, Sophie, sa plus jeune soeur, se souvient avec une affection lucide du frère “indigne”, qui de soutien de Philippe Égalité se fit émigré, abandonna sa famille, se fit passer pour noble – ajoutant Du Maurier à son patronyme, et ce n’est pas fini car rien dans le monde en mutation qui était le sien ne pouvait apaiser cette âme toujours en quête…
On dit que Daphne Du Maurier fut assez surprise quand, explorant la région du Mans à la recherche du château Du Maurier dans lequel la tradition familiale situait la naissance de son aïeul Robert, aristocrate émigré pendant la Révolution, elle ne trouva qu’une ferme, un lieu-dit, ancienne propriété d’une famille de maîtres verriers.  Ainsi donc la tradition n’était – comme souvent – qu’une fable que Daphne s’employa à éclairer et dont elle fit ce très beau roman. Récit familial donc avec l’histoire rocambolesque du controversé Robert mais aussi superbe plongée dans l’époque révolutionnaire vue par une famille d’artisans aisés du fin fond du Perche, là où les nouvelles arrivent avec retard, où les rumeurs les plus folles se propagent, se croisent, se contredisent, divisant les familles, réécrivant les fidélités. Comme dans Le Général du roi, on retrouve le thème de “l’arrière”, des femmes qui, en l’absence des hommes, assurent la continuité de la vie dans l’attente inquiète de la moindre nouvelle mais l’auteure nous offre aussi quelques beaux moments de bravoure dont le 14 juillet 1789 dans les rues de Paris ou l’invasion du Mans par les “Chouans”. Une belle histoire donc, pleine d’aventures et de rebondissements dans un cadre historique fort bien rendu et documenté et toujours l’écriture limpide et la maitrise psychologique de l’auteure. Excellent !
Les souffleurs de verre – Daphne Du Maurier – 1964 – traduit de l’anglais par Catherine Grégoire
Lu dans le cadre du so sparkling mois anglais des si scintillantes Titine, Lou et Cryssilda. Il peut entrer dans la catégorie roman historique, roman de Daphne ou même roman d’une auteure anglaise du XXe siècle, elle est pas britishement belle la vie ?

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Ma cousine Rachel

ma-cousine-rachel-78369Début du XIXe siècle, Philip Ashley a grandi aux côtés de son oncle et mentor, Ambroise, dans un grand domaine des Cornouailles. Les deux hommes partagent le goût des livres, de la nature, de la tranquillité et d’une ambiance essentiellement rustique et virile. Malheureusement avec l’âge, les rhumatismes d’Ambroise lui imposent de passer l’hiver en Italie, loin de son héritier requis pour surveiller la propriété. Lorsqu’il apprend le mariage surprise d’Ambroise avec une cousine Rachel rencontrée à Rome, la surprise de Philip est totale et plus que teintée d’inquiétude à l’égard de cette intruse qui menace les fondements même de son existence. Une jalousie qui se mue bientôt en haine lorsque son oncle meurt brusquement après lui avoir envoyé des lettres bien étranges…
Depuis Rebecca, je voue une admiration sans bornes à Daphne Du Maurier, chaque nouvelle lecture ne faisant qu’ajouter à mon éblouissement, et j’ai retrouvé toute sa noire magie dans Ma cousine Rachel. Sa finesse psychologique d’abord, toute l’intrigue est vue à travers les yeux de Philip, son ressentiment, ses préjugés, ses aveuglements, ses passions enfin et à aucun moment le lecteur n’est vraiment  sûr que ces ressentis reflètent la réalité. L’auteure explore en profondeur les confins de l’aveuglement amoureux, cette zone ou les perceptions ne sont plus fiables tant chaque geste de l’être aimé est interprété à l’aune d’inexorables obsessions. L’ambiance ensuite est une merveille, cette maison immense et ténébreuse, incontournable Menabily de l’auteur, auquel Philip voue sa vie avant de rencontrer l’amour, une atmosphère sombre, à la limite du gothique, où tout semble normal en apparence mais qui distille une impalpable noirceur. L’écriture enfin, limpide et fluide qui nous entraine dans les méandres d’une histoire qu’on ne lâche pas volontiers avant la fin. Exceptionnel !
Ma cousine Rachel – Daphné Du Maurier – 1952 – traduit de l’anglais par Denise Van Moppès
PS : Vous avez sans doute remarqué que je n’ai rien dit de la fameuse cousine Rachel et sachez que c’est tout à fait volontaire… à vous de vous en faire une idée.
PPS : J’aurais encore plein de choses à dire sur ce roman en fait, sur les femmes et leur position dans la société, un thème toujours présent chez Daphne, ou sur l’admirable chapitre d’introduction, ou… mais bon ça risquerait d’être un tantinet longuet. Je raconte encore plein de chose sur l’auteure dans les billets sur Le Général du roi et L‘auberge de la Jamaïque (je croyais avoir écrit quelquechose sur Rebecca mais impossible de le trouver, j’ai dû rêver mais ça viendra).
logo to readLu dans le cadre de la LC Daphne Du Maurier proposé par moi-même pour le divin mois anglais des divines Titine, Lou et Cryssilda

 

 

 

Publié dans roman britanique | 25 commentaires

Un intérêt particuliers pour les morts

Lizziemartin11864, la jeune Lizzie Martin, orpheline depuis peu, quitte son Derbyshire natal pour devenir dame de compagnie à Londres auprès de la veuve de son défunt parrain. L’emploi se révèle des plus ennuyeux jusqu’à ce que le corps de la jeune femme qui l’avait précédée dans son emploi – et s’était prétendument enfuie – soit découvert sur le chantier de la futur gare Saint Pancrace. L’enquête s’oriente naturellement vers l’employeur de la victime et sa nouvelle dame de compagnie. D’autant que l’inspecteur chargé de l’affaire, Ben Ross, qui avait croisé Lizzie enfant, n’apprécie guère de la retrouver à la place d’une morte…
curiositéJ’aime les romans policiers historiques. J’aime voir revivre une époque, son ambiance, ses décors, ses mentalités dans le cadre un peu balisé d’une enquête policière. Alors retrouver le Londres tout en contraste, à la fois grandiose et inquiétant de l’apogée du règne de Victoria, je ne pouvais guère résister. Et honnêtement cet agréable roman  tient ses promesses. L’écriture en est agréable et l’intrigue classique mais son charme réside avant tout dans son atmosphère et ses personnages bien campés ; Lizzie jeune femme énergique et indépendante, Ben ancien enfant de la mine arraché à sa condition et bien décidé à faire son chemin, mais aussi toute une galerie de personnages secondaires plus ou moins reluisants. C’est un plaisir de retrouver ce petit monde d’enquêtes en enquêtes, car bien qualitéentendu j’ai continué la série avec La curiosité est un péché mortel – qui nous fait visiter la côte du Hampshire, et Un assassinat de qualité qui nous ramène aux rives fangeuses de la Tamise et au brouillard épais qui les efface parfois. Mais je ne vous en dirais pas plus, car ce serait spoiler et spoiler c’est mal. Plaisamment victorien !

Un intérêt particulier pour les morts 2006 – La curiosité est un péché mortel 2008 – Un assassinat de qualité 2010 – Ann Granger – traduit de l’anglais par Delphine Rivet – 10/18 Grand Détectives

PS : Les couvertures françaises ne sont-elles pas charmantes?

Lu dans le cadre du délicieux mois anglais organisé par les non moins délicieuses Titine, Lou et Cryssilda moisanglais

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Tag British Crushes

Votre honneur, Messieurs les jurés, je peux tout expliquer, je suis innocente, j’ai été honteusement tentée (par lili et Bianca) et puis c’est le mois anglais et toute cette sorte de chose… Alors un Tag British Crushes ! Pouvais-je honnêtement et en mon coeur et conscience, détourner le regard et passer tout droit ? Je pose la question et j’y réponds, bien évidemment non ! (Il va de soi que toutes les personnes citées ici ont été rigoureusement voire scientifiquement sélectionnées pour leur talent d’acteur (et d’actrice), leurs choix de rôle et évidemment leur nationalité garantie cent pour cent britannique. (en plus tout est vrai dans cette phrase même si un ou deux autres mini critères ont pu aussi être retenus mais n’épiloguons pas…))

Crush jeunesse remplacé par THE crush de tous les temps : Matthew MacFadyen (Ici dans Ripper Street) – He’s the man ! My Darcy, Chocolate voice, blue eyes and all that stuff… (Non il n’est pas beau et alors ?)

tag1Crush pour une femme : Helena Bonham Carter, aussi convaincante en Bellatrix qu’en Duchesse d’York ou en Reine de coeur.

tag2Crushes nés dans les années 60 – décennie faste, on ne sait qui choisir, Ralph, Colin, Clive, Jeremy…

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Crush né dans les années 80 : Dan Stevens, l’Edward du Sense and Sensibility 2008 (et le Matthew de Downton)

tag6Crush qui n’est pas censé être beau : Alan Rickman depuis Piège de Cristal et Robin des bois, my bad mais quel sherif !

tag7Crush pour un acteur drôle : David Tennant. On ne présente plus Ten, l’homme qui devient séduisant en une grimace et un haussement de sourcil… Bon il est peut être un rien écossais mais ne chinoisons pas.

Tag8C’est le mois anglais, sous l’entière responsabilité des so delicious Titine, Lou et Cryssilda auxquelles vous voudrez bien adresser les réclamations éventuelles…

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