Une allée du Luxembourg

Continuons ce dimanche, notre petite balade dans l’oeuvre de Nerval…

 

Elle a passé, la jeune fille

Vive et preste comme un oiseau

À la main une fleur qui brille,

À la bouche un refrain nouveau.

 

C’est peut-être la seule au monde

Dont le coeur au mien répondrait,

Qui venant dans ma nuit profonde

D’un seul regard l’éclaircirait !

 

Mais non, – ma jeunesse est finie …

Adieu, doux rayon qui m’as lui, –

Parfum, jeune fille, harmonie…

Le bonheur passait, – il a fui !

 

Gérard de Nerval – Odelettes – 1834

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La traduction est une histoire d’amour

  Marine, c’est un peu Maureen, le nom de sa mère dont elle a hérité les cheveux roux et les taches de son d’irlandaise. De retour à Québec depuis peu, elle fait la connaissance, près de la tombe de sa mère, d’un vieil écrivain qu’elle connait pour avoir entrepris de traduire en anglais un de ses roman, la piste de l’Oregon. Entre eux une relation étonnante va se nouer, faite d’amitié et d’amour, à la fois intime et distante, lui vivant de mots dans sa tour du vieux Québec, elle dans un chalet de l’ile d’Orléans avec des chats, des chevaux et des hérons bleus… Leur connivence se resserre encore le jour où Marine recueille un petit chat noir avec ce mot accroché à son collier : “Je m’appelle Famine, je suis sur la route parce que ma maitresse ne peut plus s’occuper de moi.” Tous deux vont tenter de retrouver l’auteur du message…

Le style de jacques Poulin est une merveille, en particuliers quand il s’attache aux paysages du Québec qu’il connait (et aime) si bien. Les deux personnages qu’il met en scène ici sont de plus extrèmement attachants – l’un d’eux semble bien être une sorte d’écho de lui-même – et on se prend à souhaiter les accompagner un peu plus longtemps. La traduction est une histoire d’amour est un hymne au temps et à l’amitié amoureuse, à l’ile d’Orléans, au chant des mots, à la traduction qui épouse la pensée de l’autre, un peu aux chats aussi… c’est beau et léger comme un été sur l’Ile d’Orléans. Solaire !

 

La traduction est une histoire d’amour – Jacques Poulin – 2006 – Acte sud/Léméac

P.S. On me dit en régie qu’il existe une “plus ou moins” suite, L’anglais n’est pas une langue magique, comme ça tombe – hop dans ma pal québécoise 🙂

PPS : Les yeux bleus de Mistassini qui est censé se passer un peu avant m’a moins plu par contre, Marine m’a manqué !

PPPS : De cet auteur je recommande aussi La tournée d’automne, une petite merveille dont je ne retrouve pas la chronique, de la à dire que j’ai oublié de l’écrire…

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Gâteau aux carambars

Après moult réflexions et consultations (et au lieu de me consacrer à la rédaction de mes quarante-douze billets de lecture en retard), j’ai pensé consacrer désormais mes vendredi à ma Xe passion (avec les livres, la poésie, les copines(ains), le cinéma, la photo, les voyages et deux ou trois autres petites choses) la cuisine. Rien de très original par les temps qui courent me direz-vous mais, en période de restriction (sans gâteau !), la nourriture se transforme vite en sujet de préoccupation, méditation, tractation, concoctation… Quoiqu’il en soit et à la demande générale (si si si, j’ai les noms !) j’ai choisi aujourd’hui de vous faire partager la recette du gâteau aux carambars de la mort qui tue, un succès intergalactique que l’on me réclame souvent !

 

Ingrédients : 20 carambars ; 150 grammes de beurre (salé pour moi sinon il vous faudra aussi 2 pincées de sel), 120g de sucre ; 3 oeufs, 150g de farine, 1/2 sachet de levure (ou 1 cuil à thé de poudre à pâte), 100ml (1/4t) de lait.

 

Faire chauffer le four à 180°. Dans une casserole faire fondre complètement les carambars et le beurre dans le lait en remuant constament (5 minutes c’est fait). Dans un bol battre ensemble les oeufs, le sucre, la farine et la levure. Verser le caramel fluide dans la préparation, bien mélanger. Verser dans un moule à cake (ou autre, soyons fou) beurré et fariné (ou en silicone passé sous l’eau) et enfourner 40 minutes.

 

Ce gâteau est un pur délice que l’on prépare officiellement pour les enfants mais qui se mange sans considération d’âge.

 

Attention : La partie la plus longue de la préparation consiste à déballer les carambars, on peut certes embaucher mais dans ce cas prévoir impérativement du rab de bonbons sinon je ne réponds de rien !

 

Désormais nous vivrons donc au rythme de la cuisine du vendredi car :

Si vous voulez en être, le logo est à votre disposition…

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Le jeudi, c’est citation

“Le troisième corps d’armée, tiré de l’Auvergne et commandé par le duc Nicet, assiégeait aussi des villes, mais sans succès. une seule forteresse lui ouvrit ses portes, mais après qu’on eut juré qu’il ne serait fait aucun mal aux habitants, et qu’on se conduirait avec eux comme avec des amis et des alliés. Mais quand les soldats y furent entrés, violant traîtreusement la foi jurée, ils pillèrent tout et emmenèrent les habitants en captivité. Après cette action, ils s’en retournèrent chacun chez eux.

Ils avaient commis tant de dégâts sur leur passage et dans leur propre pays qu’à leur retour ils ne trouvèrent qu’un vaste désert où ils périssaient de faim et de misère.”

 

L’Histoire des rois francs – Grégoire de Tours – VIe siècle – Traduit du latin par J.J.E. Roy – L’aube des peuples – Gallimard

 

PS : Ah ces Francs, quelle bande de polissons !

PPS : Sauvons L’aube des peuples une collection pleine de livres ébourriffants !!!

PPPS : Enluminure d’un manuscrit de l’Histoire des francs, VIIe siècle (Paris, Bibliothèque Nationale, MS lat. 17655). cliquez pour agrandir.

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Deux filles sur le toit

La psy – appelle-moi donc Lynda – avec sa voix mollassonne et son horrible regard compatissant, lui a donné un cahier en lui conseillant d’écrire pour l’aider à se souvenir. Seulement Sophie ne veut justement pas se souvenir, plus jamais, elle veut passer à autre chose, aller de l’avant, oublier. Mais enfin s’il faut écrire, elle écrira ! Ce qui lui passe par la tête, les non-événements du quotidien, les jours vides du lycée, les non-repas avec sa mère, ce genre de choses bien inintéressantes. Et il faudra bien que Lynda-la-psy se satisfasse de cela. Pour Sophie de toute façon c’est tout vu, cela ne servira à rien…

Une excellente surprise que j’ai trouvé là dans ma boite aux lettres. Ce journal d’une jeune londonienne perturbée décrit avec finesse une tranche de vie déchirée, des relations en lambeaux, un coeur qui s’emballe, des demi-lueurs d’espoir, tout un chemin laborieux à parcourir pour surmonter un événement qui reste d’abord inconnu pour le lecteur – l’adolescente refusant absolument de l’évoquer. A petites touches, on découvre Sophie, sa vie d’avant, sa vie d’aujourd’hui, le manque qui l’accompagne, le moment qui a tout changé et la vision qu’elle s’en est construite. Murée en elle-même, repoussant les autres mais souffrant de solitude, égoïste et vulnérable, Sophie est réellement touchante mais le personnage de sa mère m’a sans doute plus remuée encore (Oui je projette j’en conviens). Un très joli roman sur un passage à l’âge adulte particulièrement douloureux. Poignant !

 

Deux filles sur le toit – Alice Kuipers – 2010 – traduit de l’anglais par Dorothée Zumstein – Albin Michel Wizz – 2011

 

PS : Une fois n’est pas coutume, je trouve le titre français (qui évoque l’endroit où Sophie se réfugie pour écrire ou ressasser des souvenirs) bien meilleur que l’original (The worst thing she ever did). Il fallait que ce fût dit !

PPS : C’est bien difficile de ne rien spoiler, mais j’ai beaucoup aimé également la façon dont Sophie, initiée par une amie, découvre le pouvoir d’évocation (et de catharsis) des mots et des poèmes.

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Tombant sous la feuille en gouttes de sang…

Mais il est bien court, le temps des cerises,
Pendants de corail qu’on cueille en rêvant !

leTempsDesCerises

Pour mes lundis en image, une foison gourmande et colorée, toute de saison…

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Fantaisie

Il est un air pour qui je donnerais

Tout Rossini, tout Mozart et tout Weber,

Un air très-vieux, languissant et funèbre,

Qui pour moi seul a des charmes secrets !


Or, chaque fois que je viens à l’entendre,

De deux cents ans mon âme rajeunit…

C’est sous Louis treize; et je crois voir s’étendre

Un coteau vert, que le couchant jaunit,


Puis un château de brique à coins de pierre,

Aux vitraux teints de rougeâtres couleurs,

Ceint de grands parcs, avec une rivière

Baignant ses pieds, qui coule entre des fleurs;

 

Puis une dame, à sa haute fenêtre,

Blonde aux yeux noirs, en ses habits anciens,

Que, dans une autre existence peut-être,

J’ai déjà vue… et dont je me souviens !

 

Gérard de Nerval – Odelettes – 1834

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Géographie de Sherlock Holmes

Comme j’ai déjà eu l’occasion de le clamer ici, je suis une grande admiratrice de Sherlock Holmes et de son inséparable compagnon John Watson. Et si je lis et relis le canon régulièrement, j’aime aussi tout ce qui le concerne de près ou de loin, réécritures, gadgets (j’ai un stylo seringue du meilleur goût offert par Isil, un très beau magnet de Fashion et quelques autres indispensables bidules achetés dans son musée personnel que je vous recommande – 221b Baker Street of course !) et, bien sûr, livres de références, parfois illustrés, comme ceux dont je tiens à vous parler aujourd’hui.

Pour tous ses admirateurs, Holmes est intimement associé au cadre de ses aventures toujours admirablement décrit par Doyle, Londres bien sûr qui est un personnage à part entière des nouvelles holmesienne, mais aussi la lande par exemple (rien que de repenser au Chien des baskerville il me prend l’envie d’aller passer mes vacances à Dartmoor). Ainsi donc soucieux d’encourager les diverses obsessions des lecteurs compulsifs, les moutons électriques présentent dans leur Géographie de Sherlock Holmes, une série de photos prises entre le milieu du XIXe et le début du XXe siècle, toutes en rapport de près ou de loin avec les aventures du célèbre détective. Baker Street bien sûr, les docks et l’embankment, Scotland Yard, Pall mall et ses clubs, les gares (Saint-Pancras n’a pas tellement changé en fait), Regent’s street, le Strand et même Grosvenor square (on y souligne que Fitzwilliam Darcy y avait sa résidence londonienne dans Pride and Prejudice – vrai de vrai, je n’invente rien), sans parler des fameuses landes du Dartmoor avec la triste prison de Princetown ou des chutes de Reichenbach de sinistre mémoire. Bref un très joli catalogue pour qui aime à se promener dans le passé voire dans les romans des ses personnages favoris.

Dans un autre genre, mes adorables filles m’ont offert à noël, les Dossiers personnels de Sherlock Holmes par le Docteur Watson soi-même. L’objet se présente comme un de ces carnets que tenaient le bon docteur, contenant outre ses notes, toutes sortes de documents en rapport avec les six affaires qui sont présentées ici : photographies (y compris celle de La Femme), shéma, cartes, lettres, coupures de journaux, télégrammes etc. Toute une iconographie absolument magnifique (les dessins sont vraiment superbes – certains sont certainement des illustrations d’anciennes éditions du canon) qui ne peut que parler à l’imagination des amateurs.  Vous dirais-je mon émotion quand dépliant une grande feuille de parchemin jauni couverte d’une fine écriture manuscrite, je suis tombé tout en haut sur une grande date tracée à l’encre, 1792 (Oui la signature, Hugo Baskerville était aussi en bas). Il me faut peu de chose, j’en conviens, mais au moins ma réaction (un tantinet exubérante) a dû convaincre mes donatrices qu’elles avaient choisi judicieusement leur cadeau. Bref un très beau livre également pour les amateurs du plus grand détective londonien de tous les temps (Objectivité j’écris ton nom).

 

Géographie de Sherlock Holmes – AF Ruaud & X. Mauméjean – Les moutons électriques – 2011

Les dossiers personnels de Sherlock Holmes – Docteur Watson – (G. Adams & Lee Thompson) – Tornade 2009

 

PS : Il y a vraiment plein de cartes, des vraies, des shématiques tracées à l’encre, toutes sortes de cartes, vous ai-je déjà avoué que j’aimais les cartes ?


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le jeudi, c’est citation (38)

Et comme toujours avec Chiffonette

“This year came dreadful fore-warnings over the land of the Northumbrians, terrifying the people most woefully: these were immense sheets of light rushing through the air, and whirlwinds, and fiery, dragons flying across the firmament. These tremendous tokens were soon followed by a great famine: and not long after, on the sixth day before the ides of January in the same year, the harrowing inroads of heathen men made lamentable havoc in the church of God in Holy-island, by rapine and slaughter.”

The anglo saxon Chronicle

traduction J. Ingrams XIXe (il y en a une plus récente mais je ne la trouve pas)

Cette année là, de sinistres présages apparurent en Northumbrie et efrayèrent cruellement les gens. Ils consistaient en immense tourbillons et éclairs, on vit de féroce dragons volant dans les airs. Une grande famine suivit immédiatement ces signes, et un peu plus tard la même année, le 8 juin, les ravages opérés par ces paiens détruisirent lamentablement l’église de Dieu, à Lindisfarne, par le pillage et le meurtre.

Traduction de Régis Boyer (?) à partir de l’édition anglaise de Michael Swanton 1996

Et last but not least et dédiée tout spécialement à Isil, la version originale du IXe siècle pour mettre tout le monde d’accord. La date est différente dans la version française (la plus récente) tout simplement parce qu’elle a été corrigée par les spécialistes (des raids en janvier, je me disais aussi..)

Her wæron reðe forebecna cumene ofer Norðhymbra land, 7 þæt folc earmlic bregdon, þæt wæron ormete þodenas 7 ligrescas, 7 fyrenne dracan wæron gesewene on þam lifte fleogende. Þam tacnum sona fyligde mycel hunger, 7 litel æfter þam, þæs ilcan geares on .vi. Idus Ianuarii, earmlice hæþenra manna hergunc adilegode Godes cyrican in Lindisfarnaee þurh hreaflac 7 mansliht. 7 Sicga forðferde on .viii. Kalendas Martius

 

Franchement, le vieil anglais, c’est beau !


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Herbes folles

Toulouse - mai 2011 Ce joli mois de mai est déjà bien doré... (cliquez pour agrandir)

Toulouse – mai 2011
Ce joli mois de mai est déjà bien doré…
(cliquez pour agrandir)

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