Québec en septembre 2013 – le bilan

   Et oui le mois s’achève, c’est l’automne, le vent fraichit et Québec en septembre s’éloigne au large pour ne revenir que dans un an – du moins est-ce prévu – Heureusement cela ne nous empêchera pas de continuer à lire des romans québécois, mais pour autant il est temps de faire un bilan – enfin le genre de bilan que je sais faire.
Donc d’après Karine, il y a eu 256 billets (oui j’en ai rajouté quatre depuis son bilan d’hier mais peut être en manque-t-il encore, criez si l’on vous oublie que diable) pour une soixantaine de participants (le groupe facebook dit 59 et je ne veux pas compter). 256 j’ose à peine écrire ce chiffre, tellement il me semble énorme – franchement je suis impressionnée les gens, bravo et encore bravo à tous ! J’espère que cette initiative de la glamourous Karine (que vous pouvez voir et entendre ici) à laquelle je n’ai que fort modestement contribué (je prépare mon mea culpa du paragraphe suivant) vous a donné beaucoup de plaisir et d’idées de lecture et qu’elle a permis à la littérature québécoises de se faire un peu mieux connaitre dans ce petit coin de la blogosphère.
Pour ce qui est de mon bilan personnel : argh, mea maxima culpa et toute cette sorte de chose… J’avoue, je n’ai pas écrit la moitié du quart de ce que j’avais innocemment prévu. Pourtant je m’y étais, pour une fois, prise à l’avance, passant mon été à lire des oeuvres québécoises – un grand plaisir – à en parler avec Karine – double plaisir – et à ne pas écrire les billets – la honte commence là. Car évidemment septembre c’est aussi la rentrée, le travail, les enfants, les anniversaires (vous ai-je dis que fille-aînée a eu 20 ans et que cela me fait tout drôle) et l’écriture, l’assiduité et le reste s’en ressentent… non que la rapidité de publication soit une de mes qualités principales, certes, mais tout de même. J’ai tout juste réussi à publier six billets de lecture (non ? seulement ? j’ai mal compté ? shame shame shame). Il me reste donc à vous parler des Grandes marées de Jacques Poulin (un coup de coeur), d’Elle et nous de Michel Jean (double coup de coeur), des Chambres de bois de Anne Hébert, d’Oublier de Marie Laberge, de Bonjour là, bonjour de Michel Tremblay, des Larmes de Saint-Laurent de Dominique Fortier, de la route des petits matins de Gilles Jobidon, de Mercredi soir au bout du monde de Hélène Rioux, d’On ne rentre jamais à la maison de Stephani Meunier sans compter tout ce que je vais lire d’ici que j’ai fini d’écrire tout ça (en admettant que)…
Bon.
Revenons sur le bilan excellent de Québec en septembre. Ce sera plus sage je crois…
Merci et merci encore à tous d’avoir participé, continuez à lire québécois (on se retrouve sur Facebook pour les prolongations) et à l’année prochaine pour de nouvelles aventures québécoises…

La recap finale (quoique toujours provisoire)
1er septembre
Le syndrome de la vis – Marie Renée Lavoie – karine   Clara (3 sept)
Je reviendrai à Montréal – Robert Charlebois – Denis
La fille de Molly – Edna Arsenault-McGrath – Un coin de blog
Hadassa – Myriam Beaudoin – Le Papou   – yueyin (2 sept)
Il pleuvait des oiseaux – Jocelyne Saucier – Lewerentz
L’atelier aux méduses – Marc-Antoine Cyr – Lucie
2 septembre
Marie-Tempête – Dominique Demers – Isallysun

L’acquittement – Gaétan Soucy – Lilas

Littérature amérindienne du Québec – Maurizio GattiLa petite marchande de prose

L’art de placoter à la québécoise – Karine

Souvenir du lac Saint-Jean – Cryssilda

3 septembre

Le poète – Gilles Vigneault – Aifelle

On ne rentre jamais à la maison – Stephani Meunier

Liminaire – Alfred Desrochers – Topinambulle

D’un silence à l’autre – Micheline Duff – Isallysun

La suppléante – Anne Bonhomme – Yueyin

La marche en forêt – Catherine Leroux – Cryssilda

Dans le quartier des agités – Jacques Côté – Chimère

Document 1 – François Blais – Topinambulle

4 septembre

Résurrection – Edith Kabuya – Karine

Retour d’outre-mer – Julia Powlowicz – Venise

Les carnets de Douglas – Christine Eddie – Un coin de blog

Kamouraska – Anne Hébert – Choco

Illusion de lumière – Louise Penny – Suzanne

5 septembre

Le souffle de l’harmattan – Sylvain Trudel – Lilas

Les quatre saisons de violetta – Chrystine Broouillet – Isallysun

Livres québécois remarquables du XXe siècle – Claude Corbo – Grominou

La petite fille qui aimait trop les allumettes – Gaetan Soucy – Lou

6 septembre

Le vent en parle encore – Michel Jean – Jules

Canada, sur les traces de Jacques Cartier – Laurent Granier/Philippe Lansac – Denis

Si tu t’appelles Mélancolie – Mélanie Leblanc – Isallysun

Le bruit des choses vivantes – Elise Turcotte – Karine

Le jeu des coquilles de Nautilus – Elisabeth Vonarburg – chez Chimère

Jolie Louise – Daniel Lanois – Elela 

7 septembre

La maison des temps rompus – Pascale Quiviger – FondantOChocolat

Soleil en tête – Julie Gravel-Richard – Karine

Trio de poésies québécoises – chez Lucie

Les grandes marées – Jacques Poulin – Papou

8 septembre 2013 – Lecture commune Gaétan Soucy

L’acquittement – Gaétan Soucy –  Julie   Karine

La petite fille qui aimait trop les allumettes – Gaétan Soucy –  Valentyne   Lilas

Catoblépas – Gaétan Soucy –  Cryssilda

Entre musique et poésies – Gilles Vigneault –  Denis

Les naufrages d’Isabelle – Tania Boulet –  Isallysun

Magasin général – tomes 6-7-8 – Loisel et Tripp –  FondantOChocolat

Un drap. Une place – Maude Smith-Gagnon –  Anne

Le journal d’Aurélie Laflamme – 2 – India Desjardins –  Hilde

Jane, le renard et moi – Fanny Britt –  Suzanne

Le survenant – Germaine Guèvremont –  Uncoindeblog

Le journal d’Aurélie Laflamme – India Desjardins – Hilde

9 septembre

D’un silence à l’autre – tome 2 – Micheline Duff – Isallysun

L’art de placoter à la québécoise – Karine

Concours : qui autra le meilleur accent québécois – Karine

Unité 9 – Jainaxf

Ourse bleue – Virginia Pésémapéo Bordeleau – la petite marchande de prose

Carte postale de l’enfer – Neil Bissoondath – Syl

L’acquittement – Gaétan Soucy – Yueyin

10 septembre

Malgré tout on rit à St-Henri – Daniel Grenier – Topinambulle

Nature morte – Louise Penny – FondantOChocol
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Intimité et autres objets fragiles – Marie-Eve Sévigny – Anne

Un hiver de tourmente – Marie-Lune 1 – Dominique Demers – Isallysun

Elle et nous – Michel Jean – Karine

Pouding chômeur – Syl

Théâtre… l’assassinat du président – Lucie

Marie Tempête – Dominique Demers – Isallysun

11 septembre

Magasin général – tome V et VI – Syl

Un feu me hante – Jean-Marc La Frenière – Lou

La langue est mon pays – Jean-Marc Lafrenière – Lou

J’écris avec la terre – Jean-Marc Lafrenière – Lou

Magasin général – tome I – Hilde

Chronique de Jerusalem – Guy Delisle – aifelle

Chroniques birmanes – Guy Delisle – Karine

12 septembre
Bonheur d’occasion – Gabrielle Roy- Karine   Denis   Isallysun

La montagne secrète – Gabrielle Roy – Sylire   Suzanne

Cet été qui chantait – Gabrielle Roy – Chimère

Quelque part dans les expressions de chez nous – Syl

Nous avons tous découvert l’Amérique – Francine Noël –  Secrète Louise

Le cahier noir – Michel Tremblay –  Clara

Moi dans les ruines rouges du siècle – Olivier Kermeid – Lucie

Louis Cyr, l’homme le plus fort du monde – Film – Isallysun

13 septembre 2013

Sur le seuil – Patrick Sénécal – Isallysun

Hadassa – Myriam Beaudoin – Karine

Pâté de viande québécois – chez Hilde

Le cahier noir – Michel Tremblay – Clara

14 septembre 2013

Il pleuvait des oiseaux – Jocelyne Saucier – Malice

Les doigts croisés – Jocelyn Lanouette – Karine

Soir d’hiver – Émile Nelligan – Isallysun

Parce que c’était toi – Mark Fisher – Isallysun

Les enfants du sabbat – Anne Hébert – Mazel

Il ne faut pas parler dans l’ascenceur – Martin Michaud – Le Papou

La leçon de marseillais – Lystig

Bonheur d’occasion – Gabrielle Roy – Yueyin

Ces enfants de ma vie – Gabrielle Roy – Julie

Bestiaire – Eric Dupont – Topinambulle

15 septembre

Le talisman de maxandre – Fille de lune 3 – Elisabeth Tremblay – Isallysun

L’univers de Bonheur d’occasion – Karine

Ma mère chantait – Fabienne Thibeault – Anne

Quand les hommes vivront d’amour – Felix, Gilles et Robert –  Aiffelle

La traduction est une histoire d’amour – Jacques Poulin – FondantOchocolat

Anabiose – Claudine Dumont – Topinambulle

Echapper – Plaisir des mots

La complainte du phoque en Alaska – Beau Dommage – Denis

16 septembre

Le passage obligé – Michel Tremblay – Grominou

Quarante-quatre minutes quarante-quatre secondes –  Michel Tremblay – Chimère

Bonbons assortis – Michel Tremblay – Valentyne  Aifelle

L’homme qui entendait siffler une bouilloire – Michel Tremblay – Claudialucia

Thérèse et Pierrette à l’école des Saints-Anges – Michel Tremblay – Karine

La grosse femme d’à côté est enceinte – Michel Tremblay – Yueyin Denis Jainaxf  

La vie épicée de Charlotte Lavigne – Nathalie Roy – Koralie

Un objet de beauté – Michel Trembaly – Isallysun

C’ta ton tour Laura Cadieux – Michel Tremblay – Cryssilda

L’ostie d’chat – iris & zviane – a girl from earth

La petite et le vieux – Marie-Renée Lavoie – Papou

17 septembre

Mais qu’est-ce que tu fais là tout seul ? – Pierre Szalowski – Lasardine

La patience des fantômes – Rachel Leclerc – Grominou

Le syndrome de la vis – Marie-Renée Lavoie – Argali

Il pleuvait des oiseaux – Jocelyn Saucier – Clara

Marie-Lune tome 2 – Dominique Demers – Isallysun

18 septembre

Pas peur du noir – Marilou Bourassa – Lucie

Promenade sur les traces de Michel Tremblay – Karine

La constellation du Lynx – Louis Hamelin – Venise

Starbuck – Ken Scott – Brize

Mademoiselle Tic Tac – tome 2 – Kaine Glorieux – Isallysun

19 septembre

Le jour des corneilles – Jean-François Beauchemin – Secrète Louise

A toi pour toujours ta Marie-Lou – Michel Tremblay – Karine

La maison de l’oubli – Elizabeth Vonarburg – Jainaxf

Et au pire, on se mariera – Sophie Bienvenu – Isallysun

Le mouvement naturel des choses – Eric Simard – Venise

La grosse femme d’à côté est enceinte – Michel Tremblay – Julie

La maison suspendue – Michel Tremblay – yueyin

La porte du ciel – Dominique Fortin – Anne

Avec ou sans amour – Claire Martin – Denis

20 septembre

L’anglais n’est pas une langue magique – Jacques Poulin – Karine

Chat sauvage – Jacques Poulin – Sylire

Volkswagen blues – Jacques Poulin – Valentyne

L’ensorceleuse de Pointe-Levy – Sebastie
n Chartrant – Chimère

Noeud coulant – Michaël Trahan – Topinambulle

21 septembre 2013

La manière Barrows – Hélène Vachon –  Grominou

Le mouvement naturel des choses – Eric Simard –  Venise

L’histoire d’amour entre le Québec et miss Argali –  Argali

Expressions québécoises –  Karine

Musique – Gerry Boulet –  Isallysun

22 septembre 2013

Du mercure sous la langue – Sylvain Trudel – DenisJulie

Le souffle de l’Harmattan – Sylvain Trudel –  Karine

Ce que disait Alice – Normand de Bellefeuille – Topinambulle

L’amant du lac – Virginie Pésémapéo Bordeleau – Lucie

Traces – Anna-Raymonde Gazaille – Jules

Magasin général – Loisel et Tripp – Julie

Promesses d’éternité – Chrystine Brouillet – Isallysun

Pouding chômeur (raté) – Hilde

Musique – Je suis née ce matin, par Fabienne Thibeault – Anne

Musique – Les cowboys fringants – Coccinelle

23 septembre 2013

La tournée d’automne – Jacques Poulin – Anne

L’inaveu – Richard Ste-Marie – Chimère

Les laboureurs du ciel – Isabelle Forrest – Karine  

Les promesses de l’aube – tome 3 – Micheline Duff – Isallysun

La saga des Beothuks – Bernard Assiniwi – La petite marchande de prose

24 septembre 2013

Sous la glace – Louise Penny – FondantOChocolat

Ils dansent dans la tempête – Dominique Demers – Isallysun

Lekhaim! – Malka Zipora – Karine

Paul a un travail d’été – Michel Rabagliati – GeishaNellie

25 septembre 2013

L’inaveu – Richard Ste-Marie – Lou de Libellus

Magasin général tome 1 – Marie – Loisel et Tripp – Anne

Magasin général – Loisel et Tripp – Jainaxf

1000 ans de contes – Québec – Chimère

Maisons pour touristes – Bertrand Bergeron – Topinambulle

Naïla de brume – Filles de lune 1 – Elisabeth Tremblay – Hilde

Le talisman de Maxandre – Filles de lune 3 – Elisabeth Tremblay – Karine

Quête d’éternité – Filles de lune 4- Elisabeth Tremblay – Isallysun

Le murmure du coquelicot – cirque – les 7 doigts de la main – Lucie

Cinéma québécois – Argali

La traduction est une histoire d’amour – Jacques Poulin – Papou

26 septembre 2013

Une courte année de Riviere Longue – Elise Lagacé – Suzanne

Moche café – Destination Monstroville – Sophie Rondeau/Nadine Deschêneaux – Jules

Chroniques de Jérusalem – Guy Delisle – Typhania

Le gros monstre q
ui aimait trop lire – Lili Chartrand /Rogé – Karine

Les faits divers n’existent pas – Martine Latulippe – Jules

Paul à la pêche – Michel Rabagliati – GeishaNellie

La maîtresse – Lynda Dion – Venise

Chroniques birmanes – Guy Delisle – Aifelle

Les rescapés  – série québécoise – JainaXF

Il était des mots… québécois – Isallysun

27 septembre 2013 – LC Anne Hébert

Les chambres de bois – Anne Hébert – Denis  

Les enfants du Sabbat – Anne Hébert – Karine  Julie  

Kamouraska – Anne Hébert – L’Irrégulière

Les fous de bassan – Anne Hébert – Cryssilda

Mademoiselle, Clara et le lieutenant anglais – Anne Hébert – Chimère

Chanson française – Sophie Létourneau – Topinambulle

Coeur trouvé aux objets perdus – Francine Ruel – Isallysun

28 septembre 2013

Histoires de loups-garous -collectif – Tiphanya

Enthéos – Julie Gravel-Richard – Manu

Bonbons assortis – Michel Tremblay – FondantOchocolat

Mises à mort – Suzanne Myre – Topinambulle

Reine de mémoire – 2- Elisabeth Vonarburg – Karine

Cowboy – Louis Hamelin – Denis

Les deux saisons du Faubourg – Mylène Gilbert-Dumas – Jules

Durée d’oscillation variable – Martin Lessard – Lhisbei (RSF Blog)

Lynda Lemay – Denis

Chansons québécoises – Isallysun

29 septembre 2013

Au hasard la chance – Michel Tremblay – Lou de Libellus

Bonjour, là, bonjour – Michel Tremblay – Lou de Libellus

Là (petites détresses géographiques) – Diane-Monique Daviau – Topinambulle

Le vent en parle encore – Michel Jean – Karine

Marie-Nicole Lemieux chante du Verlaine – Anne

Dimanche à Montréal – Hilde

Bilan de Québec en septembre (11 billets) – Denis

30 septembre 2013

L’énigme du retour – Dany Laferrière – chez Enna

Le froid modifie la trajectoire des poissons – Pierre Szalowski – chez Karine

Chat sauvage – Jacques Poulin – chez Clara

Le cahier rouge – Michel Tremblay – chez Clara

La petite fille qui aimait trop les allumettes – Gaétan Soucy – chez Syl

Paul en appartement – Michel Rabagliati – chez Manu

La maison au bord de mer – Elisabeth Vonarburg – chez Hilde

Un léger désir de rouge – Hélène Lépine – chez Anne

Gabrielle – Marie Laberge – chez JainaXF  Isallysun

Man – Kim Thuy – chez Venise

Bilan de lectures (9 billets) – chez Chimère

Bilan et Beau Dommage – chez Sylire

Bilan – Isallysun

Et finalement, ça voulait dire quoi – Karine
Bilan final – Karine

Prolongation

Bilan final – yueyin

Mercredi soir au bout du monde – Hélène Rioux – Yueyin

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Mercredi soir au bout du monde

Tout commence et tout finit au bout du monde, un boui-boui ouvert vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jours sur sept où se rejoignent chauffeurs de taxis et esseulées diverses pour manger un spécial des fêtes (à l’année longue), boire du café, jouer aux cartes, parler, que sais-je, vivre un peu… Est-ce un recueil de nouvelles ? Peut-être mais pas seulement… Ces histoires s’enfilent comme des perles, chacune annonçant le personnage de l’histoire suivante, toutes intimement reliées par un jeu de miroir et de références. C’est le solstice d’hivers, un vieux film repasse à la télé – broken wings – l’héroïne est sur le point de mettre fin à ses jours rongée par la culpabilité, à moins que nous ne soyons à Elseneur ou à Huthering heights, envahis par les couleurs du Mexique ou de Gauguin, bercé par un thème lancinant qui nous échappe. Quelquepart dans le monde, un homme, à moins que ce ne soit une femme, rêve, se souvient, anticipe, change ou meurt peut être.

L’écriture d’Hélène Rioux est une merveille, puissante, évocatrice, souple, multiforme, elle colle à chaque personnage sans rien perdre de sa poésie, emmène le lecteur dans son tourbillon sans qu’il s’en doute. J’ai peiné en lisant le premier tiers du livre, trop noir, trop glauque, trop sombre, tous ces personnages aux ailes brisés me poignaient l’âme mais la musique de l’écriture était si belle que j’ai continué et puis, sans que je m’en aperçoive la magie a opéré, les références se sont nouées, le monde s’est organisé et je me suis laissé entrainer au bout du monde avec grand plaisir. Grisant !

Mercredi soir au bout du monde – Hélène Rioux – XYZ – 2007

L’avis de la divine Karine

PS : J’ai cru pendant tout le livre que Broken Wings était un vrai film mi il semble que non bien qu’il fasse référence sans aucun doute à des films noirs des années cinquante, quelque chose comme Ascenseur pour l’échafaud peut être. 

Ahem : Acte premier des prolongations de Qébec en septembre, cet article oublié dans mes brouillons… euh oui quoi ça arrive, c’est que je n’ai aps l’habitude d’avoir de l’avance (oui oui je sais, n’en jetez plus)

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La maison suspendue

1910, 1950, 1990, trois époques, un lac, une maison, une famille… Sur les rives du lac Simon dans l’Outaouais, trois générations se croisent, trois histoires se tissent celle de Josaphat et Victoire qui se préparent à quitter la maison de leur enfance, celle d’Albertine et d’Edouard ce frère qu’elle ne supporte pas et enfin celle de Jean-Marc qui vient chercher dans la vieille maison de famille l’inspiration et peut-être  autre chose aussi, une réconciliation avec lui-même ou avec l’idée même de famille… Sur cette galerie tiède et tranquille, alors que la lune se lève, un enfant passe, les secrets se révèlent, les adultes parlent…

Parler d’une pièce de théatre est bien compliqué d’autant que, dans La maison suspendue, les didascalies complètent et amendent les dialogues, obligeant le lecteur à imaginer les mouvement des personnages et les changements d’époque. Normal me direz-vous ? C’est possible, je lis peu de théatre habituellement mais Karine sait être persuasive surtout un livre dans chaque main : Non mais toi qui aime Tremblay, il FAUT que tu lises ses pièces, tiens je te prête celle-là et puis celle-ci… bon vous me direz que me convaincre de prendre un livre ne relève pas exactement de l’exploit. Me voici donc partie avec – entre autre, mais vous ne voulez pas TOUT savoir sur mes turpitudes livresques – mes deux pièces de Tremblay et peu après forcément, j’ai ouvert celle au joli titre. Je ne l’ai refermée qu’une fois terminée. Ce doit être un charme ou un sort, mais cette voix touche toujours juste avec moi. Pourtant le Joual n’est pas mon parlé maternel même si je l’entends parfaitement en lisant Trembay, mais tous ces personages me parlent, je les comprends, ils me fascinent, je les aime. Même Bartine me touche – fille maudite dont la rage et l’acrimonie prennent tout à coup une nouvelle signification. Car ces personnages, je les ai déjà croisés pour la plupart, dans les pages des chroniques du plateau – Josaphat le violon, Victoire la grand-mère, Gabriel, Bartine, Edouard, Marcel et son chat imaginaire, je les connais tous. Et leurs liens familiaux s’éclairent tout à coup, tandis que la populaire chronique familiale prend soudain des airs de tragédie antique. Résumons-nous, une langue magnifique, des secrets de famille, une ambiance à la fois truculente et poétique, mais qu’attendez-vous ?

La maison suspendue – Michel Tremblay – 1989 – Léméac

L’avis de Karine

Lu dans le cadre de la LC théatre de Québec en septembre

PS : Certains liens de famille sont élucidés dans les didascalies je me demande comment ils rendent ça sur scène. J’aimerais tellement la voir en vrai.

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7 ans – âge de raison ?

gateau-d-39-anniversaire-avec-bougies-rouges.jpgAinsi donc il y a sept ans (tout ce temps déjà !), j’ouvrais cet espace pour me changer les idées en une période difficile. Encouragée par ce que je découvrais en m’aventurant sur les blogs de lectures (dont certains sont encore vivants, peu certes mais enfin…), j’espérais ainsi garder trace de mes lectures.

Rien d’ambitieux cela dit, une photo de couverture, le titre, l’auteur et peut être une phrase pour mémoire, voilà mon idée de départ. Sur le plan de la trace pourtant, je suis comme qui dirait dans les choux (grave dans les choux même, si j’ose ainsi dire). Avec un peu de chance et de constance, j’écris un billet pour dix voire vingt livres lus et – étonnament – je suis bien plus bavarde que prévu. Alors pour la mémoire, c’est raté mais qu’importe, j’ai découvert que mon blogounet (excusez cet accès de familiarité) pouvait m’apporter bien plu que prévu… La ruine chez les libraires (et dire que je pensais avoir beaucoup de livres avant), des quantité quasi astronomique d’idées de lecture, des tentations infinies, des discussions passionantes, des rencontres enfin – et ce fut la plus belle surprise – livresques, placoteuses, passionantes, intrigantes, arbresques, ébouriffantes et qui se sont parfois muées en amitiés vraies (d’ailleurs j’ai franchement du mal à admettre que je ne connais certains – certaines – d’entre vous QUE depuis moins de sept ans. Il y a là un problème d’espace temps à résoudre).

Bref je radote (qui a dit comme chaque année depuis sept ans ? Qu’il se dénonce !) mais cette fois je vous épargne les chiffres (sans grand intérêt de toutes façons, je ne me souviens même plus où on les trouve). Sauf le principal, sept… Qu’est-ce que ça peut bien signifier, l’âge de raison pour un blog ? Aucune idée… On va tester ça cette année. Merci à vous tous de vous égarer quelque fois par ici et sachez que j’espère bien pouvoir conserver encore un bout de temps ma petite fenêtre sur le monde.

Trinquons, trinquons les promeneurs et que la conversation soit !

trinquons.jpg

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La grosse femme d’à côté est enceinte

Après avoir lu Un ange cornu avec des ailes de tôle, je savais que j’allais continuer avec Tremblay, obligée ! J’ai donc filé vers La Traversée du continent, son dernier roman, une pure merveille dont je vous parlerai bientôt et puis j’ai décidé de remonter aux sources en lisant ces fameuses Chroniques du plateau Mont-royal, oeuvre dont j’entends parler depuis fort longtemps.

La grosse femme d’à côté est enceinte, premier opus de ces chroniques, est  également un des premiers romans qui a réellement mis à l’honneur le joual, la langue parlée québécoise ou, dans ce cas précis, le parlé populaire de l’est de Montréal. Trente ans après sa sortie, ce roman a gardé toute sa fraîcheur et sa magie.

Autour de la grosse femme, seul personnage sans nom, figure de mère universelle immobilisée par sa grossesse et son obésité, gravite tout un microcosme, la famille proche qui vit sous le même toit, les voisins qui partagent la même rue, le quartier enfin tout autour. Sous son regard un peu tutélaire, un peu distant par la force des choses mais éminement compréhensif, se jouent les mille petits drames, les mille petits bonheurs du quotidien. Sans complaisance mais avec une sorte de gaité foncière, Tremblay trace le portrait d’une  famille ouvrière plutôt pauvre, à la fois unie et déchirée, protectrice et angoissante, cruelle et joyeuse.

Ce qui frappe le plus bien sûr dans cette oeuvre c’est l’importance que l’auteur accorde à la langue. Langue parlée bien sûr, ce joual qui est la langue de son enfance, mais aussi langue chantante, fluide, imagée qui procure un réel plaisir de lecture. Plus encore, langue comme personnage principal au coeur de cette histoire où sept femmes sont enceintes en même temps mais où une seule semble pouvoir le vivre dans le bonheur. Car si la grosse femme est heureuse d’attendre ce nouvel enfant malgré son âge réputé trop avancé ou sa famille qui cache mal sa honte, les voisines enceintes, elles, ignorent plus ou moins complètement autant ce qui se passe en elle que ce qu’il va leur arriver et n’ont personne vers qui se tourner. Sur ses sujets en effet les langues sont scellées, par la pudeur, la décence, la honte, la religion, l’ignorance… C’est au cours d’une veillée, moment parlé s’il en fut, que la grosse femme finira par rassembler autour d’elle ses jeunes mères perdues et sous couvert de les faire profiter de son expérience leur rendra la parole. Et c’est bien ce que fait Tremblay lui aussi, rendre vie et parole aux acteurs de son enfance. Superbe !

La grosse femme d’à côté est enceinte – Michel Tramblay – 1978 – Acte sud

Allez pour faire bonne figure dans la LC Tremblay de québéc en septembre, je réédite un billet du 7 octobre 2008 (grand tolkien tout ce temps déjà) histoire de faire un peu partager ma passion pour Tremblay…

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Bonheur d’occasion

A Montréal, dans le quartier ouvrier de Saint-Henri, la famile Lacasse se débat entre problèmes d’argent et aspirations au bonheur. La jeune Florentine cherche l’amour, son père une certaine dignité, sa mère un toit sûr pour sa famille mais tout est infiniment compliqué pour eux en cette période de crise. En cette année 1940, pourtant, la guerre qui gronde loin à l’est va peut-être paradoxalement être porteuse d’un certain espoir…

Bonheur d’occasion est un des classiques incontournables de la littérature québécoise – et cela bien qu’il ait été écrit par une manitobaine – c’est en effet le premier roman québécois urbain traitant de la vie des francophones pauvres de la métropole montréalaise. Ce roman a marqué son temps et influencé nombre d’auteurs au premier rang desquels Michel Tremblay qui trente ans plus tard devait faire revivre cette époque et donner une voix à ce petit peuple dans La grosse femme d’à côté est enceinte. Et certes je peux comprendre le choc littéraire de Tremblay lorsqu’il s’est plongé dans ce roman – fresque sociale ambitieuse qui peignait au couleur du réalisme le milieu même d’où il était issu – il décrit d’ailleurs excellement cette découverte dans Un ange cornu avec des ailes de tôle, livre que je ne saurais trop vous recommander.

Pour autant Bonheur d’occasion ne fut pas pour moi le coup de coeur attendu. Certes il est fort bien écrit et excellement construit – j’aurais plaisir à lire d’autres livres de l’auteure – mais dans cette chronique familiale uniformément grise, il manque un ingrédient essentiel à mes yeux, quelque chose comme de la tendresse pour les personnages. En héritière douée du naturalisme littéraire, Gabrielle Roy pour son premier roman a réuni une série d’archétypes et de malheurs – presque tout y est je crois – et le propos pêche un tantinet par son côté démonstratif à mes yeux. Et puis bon quoi, la pauvreté ne suffit donc pas pour que tous ces personnages se refusent obstinément le moindre sentiment, et si ce n’était que l’amour… non pas d’amitié, pas de confiance, pas de solidarité – même entre voisine – sans doute ce qui m’a le plus surprise et m’a poussée à me demander – mais est-ce ma conscience de classe qui chouine – si cette auteure des hauts quartiers n’avait pas, pour la bonne cause, forcé un peu le trait en peignant les pauvres d’en bas. Une belle oeuvre donc et qui a marqué son temps mais a laissé mon petit coeur sur sa faim. Classique !

Bonheur d’occasion – Gabrielle Roy – 1945

Les avis beaucoup plus enthousiastes de Karine, Denis et Isallysun

Lu dans le cadre de la Lecture commune autour de Gabrielle Roy de Québec en septembre

 

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L’acquittement

Par un glacial jour d’hivers de l’immédiat après-guerre, un homme d’âge mur débarque du train en pleine tempête. Son but, atteindre un petit village isolé par la neige où il a jadis vécu et enseigné la musique. Ce qu’il vient chercher ? Le saurons-nous vraiment… Le pardon d’une faute qui n’existe peut-être pas ? L’oubli d’un deuil obsédant ? La résilience ? La Musique elle-même ? Allez savoir quand la neige poudroie et que les souvenirs s’enroulent…

Ma première expérience avec Gaétan Soucy fut simplement un éblouissement et aujourd’hui encore je ne sais qu’en dire – ceux qui connaissent comprendront. Le plus simple est peut-être d’en rester à mes impressions et de vous parler tout d’abord du pur enchantement d’un style magique, de ma fascination pour une ambiance de huis-clos scintillant de givre et enfin, il faut bien le dire, de ma perplexité devant cette atmophère déroutante, aux confins de l’onirisme. Quant au final, je n’en dirais rien sinon qu’il pose bien plus de questions qu’il n’en résout. Questions que je me pose encore plusieurs semaines après lecture, auquelles je n’aurais sans doute jamais de réponses mais qui continuent à papillonner dans mon esprit. Envoûtant !

L’acquittement – Gaétan Soucy – Boréal – 2000

Lecture commune autour de Gaétan Soucy (oui je suis en retard, mea maxima culpa) les avis de Lilas, Julie, Karine – la petite fille qui aimait trop les allumettes Lou, Valentyne, Lilas

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Centre ville

 Sainte-Catherine - Montréal - 2013 (cliquer pour agrandir, comme toujours)

Sainte-Catherine – Montréal – 2013
(cliquer pour agrandir, comme toujours)

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La suppléante

Mathilde largée sans préavis à la fois par son chum* et par le groupe de musique dans lequel elle tenait les claviers depuis des années, accepte une suppléance comme professeure de musique dans une école primaire. Il lui faudra déployer une énergie surprenante pour garder le cap dans cette jungle, de programmes abscons en fonctions surprises (cela fait partie de ta tâche) en passant par l’abominable tutumanie (les amis, tu vas aller t’assoir en silence maintenant) ce qui est parait-il psychologiquement adapté (???) mais syntaxiquement acrobatique. D’autant qu’elle apprend que son ancien groupe va sortir un album non seulement sans elle mais où figure certaine de ses compositions sauf que Mathilde cette fois n’a pas l’intention de se laisser faire…

Un beau moment de lecture que ce roman qui nous livre une fresque sans concession mais sans pathos de la situation dans une école québécoise où les enfants sont bien oubliés au milieu des problèmes des adultes. De la chik-lit sans doute mais de la bonne si j’ose dire avec des personnages attachants, de l’humour et une situation bien menée. Rafraichissant !

 

La suppléante – Anne Bonhomme – Stanké -2008

 

* Chum = amoureux, petit ami, boy friend,… (rayer les mentions inutiles)

L’avis de karine (merci pour cette rafraichissante lecture)

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Hadassa

hadassa.jpgA Montréal dans Outremont, un fil, l’erouv, entoure un certain quartier, séparant, limitant mais aussi protégeant la communauté juive hassidim. C’est dans cet espace que se déroule la majeure partie de la vie de ses habitants particuliers mais un fil n’est qu’une mince frontière et les frontières se traversent parfois.

Alice est la toute nouvelle professeure de français d’une classe de primaire peuplée de petites filles bien différentes de celles dont elle a l’habitude et promises à une toute autre vie. Tenue de respecter des règles plutôt strictes, tant sur le plan vestimentaire – pas de manche courte, pas de pantalon, pas de jupe au dessus du genoux, pas de coupe ajustée, …) que sur le plan de la parole – pas de discussion sur les coutumes, les films, et toutes sortes d’autres choses, à la fois fascinée, repoussée et parfois attirée par ce mode de vie si protégé qu’il en devient replié, elle va nouer avec ses jeunes élèves une relation finalement bien plus riche qu’elle ne l’aurait imaginé.  Dans le même temps quelque part à la limite du quartier, de jeunes femmes font parfois leurs achats chez les goyim – sans un regard ni une parole le plus souvent – mais peut-on vraiment interagir sans entrer en relation même un tout petit peu. Pour certaines cela va de soi mais peut-être pas pour toutes…

J’avais envie de commencer ce Québec en septembre par un coup de coeur et c’est bien ce que fut ce roman chaudement recommandé par ma soeur de coeur Karine qui vous en parlera quelque jour (le 13 septembre me souffle-t-elle dans l’oreillette) (car elle a de l’avance, elle, pas comme moi). Hadassa – prénom d’une des jeunes élèves d’Alice – est un roman d’une rare délicatesse. Myriam beaudoin peint par petites touches de vraies rencontres assaisonnées d’une bonne pincée de choc culturel. Avec subtilité et tolérance mais sans angélisme – ces petites filles, tout en étant entourées voire submergées d’amour sont promises à un sort qui me fait frémir et qu’elles n’ont pas choisi – l’auteure met l’humain au centre de tout et c’est bien ce qui est séduisant, qui rend ce roman presque solaire. Il me réchauffe encore un mois après ma lecture et c’est tout dire. Car au delà de toutes les clôtures, de toutes les règles, de toutes les protections, ce sont des êtres humains qui se croisent, pétris de sentiments, de silences, d’aspirations, de renoncements mais capables de compréhension aussi. Un petit bijoux de lecture que je vous recommande, à mon tour, plus que chaudement. Sur les frontières…

Hadassa – Myriam Beaudoin – Léméac – 2006

L’avis du Papou

En septembre, le Québec est à l’honneur chez Karine et Yueyin, embarquez avec nous…

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