Death comes to Pemberley

Six ans après leur mariage, Fitzwilliam et Elizabeth Darcy ont maintenant deux petits garçons en pleine forme, les Bingley se sont installés non loin de Pemberley et tout semble pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles. Alors que tout le monde au château se consacre à la préparation du célèbre bal d’automne, une voiture lancée à pleine vitesse fait son appartition dans une des allées du parc. En sort une Lydia Whickham hystérique, hurlant que son mari vient d’être assassiné. De quoi troubler profondément la vie sereine de la famille Darcy et faire resurgir d’anciens doutes et de vieux démons…

Quand une reine du crime aussi célèbre que P.D. James s’adonne à sa passion pour Jane Austen, cela donne bien evidemment un résultat des plus intéressants. Par petites touches, tout en respectant l’écriture et la psychologie des personnages du célébrissime Orgueil et Prejugés, elle distille l’ambiguité un peu trouble habituelle à ses oeuvres, brouillant l’image de certains personnages, tel le colonel Fitzwilliam, brodant sur les Wickham qui s’y prêtent si bien, ou s’intéressant à la vie des serviteurs, ce qu’Austen n’a jamais fait et qui donne une certaine originalité à ce roman. Pour autant les maîtres ne sont pas oubliés et à travers les épreuves imposées par un crime, une enquête et un procès, Darcy va devoir éprouver la solidité des sentiments qui l’ont conduit à se retrouver légalement apparenté à l’homme qu’il méprise le plus au monde.

Le style respecte l’original, l’intrigue et la construction bénéficient de l’efficacité habituelle de l’auteure et tout au plus pourrais-je regretter qu’elle n’en ait pas profité pour pénétrer un peu plus dans l’intimité de Pemberley. Quelques rappels du roman d’origine m’ont semblé inutilement détaillés, mais il est vrai que je connais O&P par coeur, ceci explique peut être cela. Par contre je me suis régalée des “cross over” que PD James en parfaite janeïte a su ménager avec deux autres romans de son auteure fétiche (N’insistez pas, je ne dirai rien). Ceci étant, ce roman me semble tout de même à réserver aux admirateurs d’Orgueil et Préjugé. Variation policière !

 

Death comes to Pemberley – PD James – Faber and Faber – 2011

 

PS : Bon je vous donne quand même une miette d’information, ce sont Emma et Persuasion (ou du moins leurs personnages) qui croisent ici Orgueil et Préjugés…

PPS : J’avoue que je suis une grande admiratrice de PD James et de son héros Adam Dalgliesh avec lequel elle est tout de même plus à l’aise qu’avec le légendaire Fitzwilliam.


Challenge lu en VO : 9 (chroniqués, j’en ai encore trois lus et à chroniquer *soupir*)


Entre également dans le cadre du mois anglais organisé par Cryssilda et Lou et Titine du 15 décembre au 15 janvier. enjoy !

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Le jeudi, c’est citation

les bonnes idées de Chiffonette

Scenes had passed in Uppercross which made it precious. It stood the record of many sensations of pain, once severe, but now softened ; and of some instances of relenting feeling, some breathings of friendship and reconciliation, wich could never be looked for again, and which could never cease to be dear. She left it all behind her, all but the recollection that such things had been.

 

Persuasion – Jane Austen – 1818

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Sunset

Saint-Alban – novembre 2011

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Au ciel, plein d’attention

Au ciel, plein d’attention,
ici la terre raconte ;
son souvenir la surmonte
dans ces nobles monts.

Parfois elle parait attendrie
qu’on l’écoute si bien -,
alors elle montre sa vie
et ne dit plus rien.

 

Rainer Maria Rilke (1875-1926)

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Persuasion

Il est toujours difficile d’écrire un deuxième billet sur un roman, quand bien même ce serait l’un de mes romans préférés d’une de mes auteures préférées. Que vous dirais-je que je ne vous ai pas dit la première fois ?

Considérée comme une vieille fille par la bonne société, Anne Elliot a vu sa jeunesse se faner et sa vie s’engourdir entre un père imbu tant de son rang que des apparences et deux soeurs si vaines que cela confine à la stupidité pure. Pourtant son esprit a su trouver les ressources nécessaires pour développer une pensée sûre et indépendante hors d’atteinte de l’influence de son entourage. Huit ans plus tôt en effet, Anne a rompu des fiançailles passionées pour complaire à ses proches et le regrette encore. Aujourd’hui elle serait prête à assumer ses choix si seulement une autre chance se présentait…

Voici pour le pitch, pour le détail je l’ai lu cette fois en anglais et ce fut une merveille. Je suppose que je commence à pouvoir vraiment apprécier le style d’Austen et chaque phrase est un enchantement. Je n’ai cessé de recopier des passages (mes citations du jeudi en répondront). En fait ce roman m’a donné de furieuses envies de lecture à haute voix. Bien que mon accent ne me permette pas ce genre de fantaisie, je peux jusqu’à une certain point profiter de la musicalité de son écriture. Dans un autre registre, J’aurais aimé pouvoir comparer certains passages avec ceux de mon exemplaire en français (qui avec le recul m’apparaissent douteux), mais je ne pourrais pas pinailler cette fois, ayant prêté cette version à Jane sait qui. Quoiqu’il en soit Persuasion est un superbe roman, celui d’une Jane Austen en pleine maturité, aussi cruelle dans sa manière d’épingler la suffisance, l’infatuation et le culte des apparences qu’émouvante dans son évocation de l’amour (tel qu’elle pouvait le concevoir), de son absence et de cette deuxième chance que la vie nous offre parfois. Sublime !

 

Persuasion – Jane Austen – 1818

 

PS : Bon vous avez sans doute remarqué que je n’ai pas parlé de la plus magnifique lettre d’amour jamais écrite pourtant elle est bien là. “You pierce my soul. I am half agony, half hope. Tell me not that I am too late, that such precious feelings are gone for ever…” Quel homme ce capitaine Wentworth et quel épistolier !

PPS : La collection Collector’s Library est vraiment jolie, petite, maniable, reliée (en rouge), dorée sur tranche avec ruban, lisible et illustrée en plus… j’adore mon exemplaire !

 

Challenge lu en VO : 8 (chroniqués, j’en ai encore trois lus et à chroniquer *soupir*)


Eligible pour le mois anglais (enfin son prélude) organisé par Cryssilda et Lou et Titine du 15 décembre au 15 janvier. enjoy !

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Le jeudi, c’est citation…

Grâce à Chiffonette,

“He hoped she might make some amends for the very plein faces he was continually passing in the streets. The worst of Bath was the number of its plain women. He did not mean to say that there were no pretty women, but the number of the plain was out of all proportion. He had frequently observed, as he walked, that one handsome face would be followed by thirty, or five-and-thirty frights; and once, as he had stood in a shop on Bond street, he had counted eighty-seven women go by, one after another, without there being a tolerable face among them. It had been a frosty morning, to be sure, a sharp frost, wich hardly one woman in a thousand could stand the test of. But still, there certainly were a dreadful multitude of ugly women in bath.”

 

Persuasion – Jane Austen – 1814

 

(bon si vous voulez vraiment une traduction, je pense pouvoir vous la concocter)

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Dissolution

1557, dans une Angleterre en pleine transition religieuse, Thomas Cromwell, chef de file des réformistes, prépare la dissolution progressive de tous les monastères du royaume, accusés d’idolâtrie, d’obscurantisme et de corruptions diverses. Lorsque l’un de ses envoyés est retrouvé décapité dans l’abbaye bénédictine de Scarnsea, il charge un de ses protégé, Matthew Shardlake, avocat londonien profondément réformiste, de faire toute la lumière sur le meurtre tout en hâtant la dissolution de la communauté. Dans les murs de ce monastère plus ou moins isolé par la neige, meurtres, mystères et pratiques diaboliques vont se succéder, amenant Matthew à prendre conscience que le mal n’est pas seulement où on l’attend et qu’il peut atteindre des profondeurs insoupçonnées.

Le règne de Henri VIII est une époque passionnante, parcourue de passions violentes, dont certaines sincères, de changements profonds, d’hommes exceptionnels souvent corrompus par le pouvoir. Un cadre exceptionnel sur lequel CJ Sansom nous brosse un hommage assez savoureux au Nom de la rose d’Ecco. Un monastère quelque peu isolé tant par le lieu que par l’hiver, des moines aux personnalités étranges, des morts qui s’accumulent, cela nous rappelle quelque chose. Cela dit, l’analogie s’arrête là, le contexte est bien différent, la vie monacale n’est que sybaritisme, goinfrerie et momeries diverses et l’ambition littéraire est moindre. Cela dit Dissolution est un bon policier historique, efficace et documenté, fort agréablement écrit et qui pose l’éternelle question de la conservation de l’intégrité dans un monde tout politique. Renaissance anglaise !

 

Dissolution – CJ Sansom – Belfond 2005 – traduit de l’anglais par Georges-Michel Sarotte –  pocket 2010

 

PS : Lu grâce à Isil-la-tentatrice qui hausse un tantinet le sourcil (quand d’autres couineraient) dès qu’on parle de l’époque des Tudor (son préféré est Thomas More malheureusement, déjà décapité (cela arrivait quand même souvent dans l’entourage d’Henri VIII), il n’est que cité ici.)

PPS : Les aventures de Matthew Shardlake, avocat bossu, intègre et attachant, comptent aujourd’hui cinq volumes (du moins il me semble) affaire à suivre…

Le mois anglais de Cryssilda et Lou et Titine commence le 15 décembre prochain (oui bon je suis un peu en avance but who cares). A vos livres…

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Avant que vous comptiez dix

Avant que vous comptiez dix

tout change : le vent ôte

cette clarté des hautes

tiges de maïs,

 

pour la jeter ailleurs ;

elle vole, elle glisse

le long d’un précipice

vers une clarté-soeur

 

qui déjà, à son tour,

prise par ce jeu rude,

se déplace pour

d’autres altitudes.

 

Et comme caressée

la vaste surface reste

éblouie sous ces gestes

qui l’avaient peut-être formée.

 

Rainer Maria Rilke (1875-1926)

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Le village de l’allemand

En lisant le journal de son frère suicidé, Malich, un adolescent de banlieue plutôt frustre et indifférent au monde, se retrouve confronté à la fois à l’histoire de son père, cheikh allemand improbable d’un village berbère du fin fond de l’Algérie, à la descente aux enfers de son frère parti à la découverte des zone d’ombre de l’histoire familiale et, à travers leurs parcours, à tout un pan de l’histoire européenne, celle qui s’écrit avec du sang et une majuscule. Profondément ébranlé, Malich, va mettre à son tour sur le papier les sentiments tumultueux que ces révélations suscitent en lui, des révélations qui changeront totalement sa vision du monde et de la vie.

Magistral est le premier adjectif qui me vienne à l’esprit en pensant à ce roman, bouleversant aussi. Ce journal croisé de deux frères porte deux voix totalement différentes qui s’entrecroisent et se complètent sans jamais se confondre. L’une est celle d’un jeune homme éduqué, brillant, marqué par la réussite mais fragile qui va s’enfoncer dans le passé et dans une identification morbide au père, l’autre beaucoup moins chatiée, est bouillante, brute, pleine d’énergie mal canalisée et entièrement tournée vers le présent et l’avenir. Et ces deux voix à travers l’histoire d’un homme et de ses fils nous emmènent des camps de la mort et des techniques d’extermination de masse à l’islamisation progressive d’une cité de banlieue parisienne. La nouvelle grille de lecture de Malich lui permet en effet de voir et de comprendre différemment ce qui se passe dans son quartier – nous sommes dans les années quatre-vingt-dix – la surveillance constante, l’embrigadement, les mesures de retorsion, tout lui apparait sous un jour nouveau, un jour perturbant et dangereux qui doit clairement impliquer la résistance. Ajoutons à cet étonnant canevas, une langue parfaitement maitrisée et évocatrice et tout sera dit, lisez-le. Bousculant !

Le village de l’allemand – Boualem Sansal – 2008 – Gallimard

Lu dans le cadre du thème “un auteur du Monde arabe” du club lire et délires (et oui pour une fois, j’ai fait à la fois mes devoirs et mon billet, tout arrive !)

D’autres billets chez Anjie, Bluegrey, Alaure, Choupynette et Marie.

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Le jeudi, c’est citation

“And they walked together some time, talking as before of Mr Scott and Lord byron, and still as unable as before, and as unable as any other two readers, to think exactly alike of the merits of either.”

 

Persuasion – Jane Austen – 1814

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