Sur un air de Hopper

Aujourd’hui je devais publier deux chroniques dans le cadre de la rencontre Lire et délire du moment (thème : une couleur dans le titre), l’un sur Rouge poison un joli roman jeunesse de Michèle Marineau et l’autre sur La souris bleue, une petite merveille de Kate Atkinson. Seulement voilà, je suis en retard (surement parce que je tape encore avec un doigt en moins – très handicapant !!!) Donc en attendant ces billets qui ne sauraient tarder, voici un cliché familial et québécois qui me fait toujours sourire (et non il ne s’agit pas d’un bar, mauvaise langue, c’est une crèmerie, un endroit ou l’on mange de délicieuses et monumentales crèmes glacées).

Québec - 2011

Québec – 2011

 

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Swap au long cours – saison 2

Et voici le retour du swap au long court de la très inspirée Bladelor tadaaaam! Pour cette deuxième saison la très charmante et très merveilleuse Stéphanie et moi-même avons opté pour un thème ton sur ton:

Voyage au long cours

Un thème qui m’a réservé de délicieuses surprises dont une de taille mais n’anticipons pas…

Il y a quelques jours donc, une petite visite à ma bal me fit la très attendue surprise d’une magnifique boîte, grande, lourde, appétissante, mystérieuse (n’ayons pas peur des mots voire des adjectifs).

(notez au passage, le joli stormtrooper qui m’assiste dans mes déballages – un cadeau de fille-aînée)

La dite-boite contenait un astucieux rébus sous forme de parcours dans la belle ville de… Paris (ville lumièèèèère). J’ai peur de m’être un tantinet jeté sur la chose, ce qui fait que vous ne verrez pas les paquets “emballés” mais ainsi va la hâte… et tant qu’on voit l’essentiel.

Une magnifique boite noire et blanche, trois verres Paris (très pratiques pour les cocktails de type long drink, mojitos  par exemple), trois carnets globe-trotter (toujours indispensables), un magnifique sac noir et blanc (avec un fort joli noeud) et question bouquin : deux guides parisiens, l’un de Queneau, l’autre de Jules Vernes (non ? si si ), et l’immortel Sur la route de Kérouac.

Magnifique isn’t it ? j’étais ravie, je sautais partout (il y a des témoins), je clamais ma joie à tous vents quand… roulement de tambour… pas plus tard que le lendemain, un autre paquet apparut dans a bal comme par magie !

Qu’est-ce ? me dis-je. J’ai déjà eu mon swap, qu’est-ce, qu’est-ce, qu’est-ce ?

Et bien c’était la deuxième étape de mon voyage au long cours… car, dixit Stéphanie, les voyage au long cours ont toujours plusieurs étapes… Il semble qu’il y avait des indices dans le premier paquet mais bien sûr, je n’ai rien vu ! D’un côté cela m’a occasionné une sacré surprise – du coup je ne regrette rien…

D’accord je l’admets, le paquet étant arrivé avant mon café du matin, j’étais un tantinet à l’ouest et le déballage fut épique pour ne pas dire totalement desorganisé (avec moi fort décoiffée mais cela, vous ne le verrez pas, tss tss) mais cet ébouriffant parcours (effectué point par point en suivant le rébus balisé par ma binômette-jolie) m’a conduit à travers la très magnifique et fantabuleuse ville de Londres (doctor’s city indeed).

Et cela, grâce à un slat (ou shopping bag au choix) vert et rose, des verres London assortis à mes verres Paris (oh un service à cocktail), un porte-monnaie (avec noeud), des biscuits à la vanille (delicious), une cuillère en argent pour poser les sachets de thé, un porte-clé cabine téléphonique (oui les rouges, à ne pas confondre avec les police box bleues), des badges et un porte-clé overpunks (toute ma jeunesse), des marque-pages (magnifiques), un sachet de mouchoir london (pour sécher mes larmes à l’idée de ne pas y retourner de sitôt!) et de bien charmantes friandises (RIP).

Quelle gâtée cette fille, vous dites-vous! et vous avez bien raison mais de fait… le voyage n’était pas fini. Deux jours plus tard, une mystérieuse enveloppe vint ajouter au dépaysement.

Plus qu’un dépaysement même, puisque cette étape m’a emmenée Out of the world, grâce à un magnifique livre illustré sur la Science fiction, deux badges aliens, un magnet sublime, un porte-clé Tardis (oui bleue la boite cette fois), et de superbes cartes de paysages alienement fabulous.

Quel voyage mais quel voyage mes délicieux lecteurs… Un truc de fou (de ouf même), car quand même: trois paquets pour un seul swap, une fille gâtée vous disais-je, GÂTEE!!!

Merci ma fabuleuse binômette

merci dix mille fois pour cette merveilleuse croisière

J’espère que ton propre voyage,

Sous le signe de la feuille,

sera à ton goût !

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Corder le bois

Ces trois derniers jours, j’ai cordé du

bois. Le bois du verglas. Pensé à mon père.

Qui me l’a montré. On ne fait pas ça

n’importe comment. On fait adonner les

noeuds et la taille et le beau côté que la scie

a fait. Et si un morceau n’est pas à sa place,

on le met ailleurs. C’est du temps: corder.

Des jours et des heures à se voir agir

comme qui mettrait du temps dans l’espace

où c’était prévu par petits morceaux. Des

heures… des jours le même silence et les

mêmes gestes cent fois répétés et repris

encore pour corder en soi un peu du décor.

Mais je suis content, j’ai cordé dix cordes:

du frêne, du pin, du saule et de l’orme, du

faux peuplier, du bouleau, du cèdre, mais

pas de sapin, pas gros d’épinette; le grand

sécateur les a épargnés.

Ma corde finie, je l’ai enlignée, l’oeil

assez heureux. J’entendais mon

père: «T’auras gardé ça. C’est toujours

autant…»

Et moi lui répondre: «Oh c’est

important! Bien plus important que vous

pourriez croire. Le bois bien cordé, il sèche

plus vite, et ça paraît mieux! Ça résiste au

vent!»

J’ai gardé tout ça et plus en mémoire,

comme on plie au fond d’une vieille

armoire les plus beaux habits.

Je l’ouvre souvent.

 

Gilles Vigneault – L’armoire des jours – 1998

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Miroirs

Montréal – 2011

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L’armée furieuse

Un roman de Vargas ne se résume pas, enfin pas vraiment. D’ailleurs cela n’aurait pas vraiment d’intérêt. Disons simplement que le commissaire Adamsberg, toujours prêt à se laisser couler dans l’étrange et le bizarre, se retrouve embarqué dans une sombre histoire d’armée fantôme putréfiée, de saisis malfaisants, de grimveld, de pigeon entravé, de surdoué parlant à l’envers (oui à srevne’l), le tout se détachant en clair sur une histoire beaucoup moins romantique d’assassinat par le feu dans le milieu de la grande industrie.

Il y a du conte dans les romans de Fred Vargas, de ces contes noirs et cruels qui font frémir des familles entières au coin du feu depuis que les humains ont commencé à se raconter des histoires. La raison et la déraison se mêlent, les uns réfutant ostensiblement ce qu’ils redoutent en secret, d’autres se vautrant dans la superstition, d’autres enfin craignant plus que tout les effets délétères des peurs cachées. Derrière la cavalcade de la mesnie du seigneur Hellequin, c’est l’humanité qui se déploie dans toute sa crédulité, sa cupidité, sa bêtise, sa sauvagerie aussi parfois. Pour autant à travers la poésie décalée et nonchalante de Vargas, émerge une  intrigue solide, logique à la solution ingénieuse et – pour moi – imprévue. Il est vrai que je ne cherche jamais le fin mot d’une enquête – ou dans ce cas de plusieurs, je suis très Adamsberguienne dans l’âme, je me laisse porter par l’histoire jusqu’à ce qu’elle se résolve d’elle-même sous mes yeux.

Est-ce ce subtil parfum médiéval, ces personnages insolites, ces petits déjeuners sous les pommiers, ces cruautés ordinaires, ces dialogues drôlatiques ou cette façon de paraitre tout mettre sur le même plan, patte de pigeon, voiture incendiée, crime à la hache et morceaux de sucre ? Toujours est-il que sur moi le charme agit, il fonctionne même terriblement, me laissant comme toujours enchantée et frustrée à la dernière page, enchantée de ma lecture et frustrée de l’avoir déjà terminée. Magique !

 

L’armée furieuse – Fred Vargas – Viviane Hamy – 2011

 

Merci chiffonnette pour ce prêt délicieux

 

PS : Saviez vous que la légende de la cavalcade de la mesnie d’Hellequin a pour origine à la fois une vieille légende scandinave et la vie “romancée” en chanson de geste du conte Hennequin de Boulogne (IXe siècle), poème que Walter Scott aurait traduit en son temps (Isil tu lis ça ?)

PPS : Et que le nom d’Hellequin de transcriptions en transcriptions fut à l’origine de celui d’Arlequin ?

PPPS : et comme vous savez que je résiste mal aux textes médiévaux, voici quelques vers de huon de Mery

De la maisnie Hellequin
Me membra quant l’oï venir;
L’on oïst sun destrier henir
De par tut le tornoiement.


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Buildings

Québec – 2011

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Little bird

Shérif du comté d’Absaroka depuis plus de vingt ans, Walt Longmire aspire avant tout au calme et à la tranquillité. Lorsque le corps du peu regretté Cody Pritchard est retrouvé, Walt sent que la paix de son petit coin du Wyoming est sur le point de sérieusement s’effriter. Deux ans plus tôt Cody avait été l’un des accusés du viol collectif de la jeune Melissa Little Bird et s’en était sorti avec une peine ridiculement faible. Ce qui fait de nombreuses personnes avec un excellent mobile de meurtre, en particuliers dans la réserve Cheyenne voisine, en particuliers son meilleur ami Henry Standing Bear l’oncle de la victime…

Voici enfin un digne successeur de Tony Hillerman ! Craig Johnson réussit ici à parfaitement imbriquer une intrigue solide, des personnages attachants et un cadre grandiose. Les dialogues pleins d’humour confèrent un charme certain à son personnage principal, ce veuf un peu bourru, un peu déprimé mais tourné vers les autres et l’écriture évocatrice et fluide donne littéralement vie et épaisseur à la nature quelque peu inhospitalière de l’ouest. Le lecteur (la lectrice en l’occurrence) a parfois l’impression de sentir sur sa peau la rigueur des éléments, le froid du blizzard, la fraicheur de l’herbe ou la sècheresse de la poussière. La proximité de la réserve Cheyenne ajoute une touche d’étrangeté et de spiritualité à l’ensemble, parachevant l’ambiance sans tomber dans la démonstration. Une réussite  !

Little bird – Craig Johnston – Gallmeister – 2009 – traduit de l’américain par Sophie Aslanides

PS : La bonne nouvelle c’est qu’il existe au moins trois autres enquêtes de Walt Longmire déjà traduite et dites vous bien qu’elles vont trouver rapidement le chemin de ma pal.

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la lessive

Nos chemises pliées tout en haut de

l’armoire, qui attendaient parfois des

jours et des semaines. Et nos mains se

hâtaient vers les odeurs de propre

qu’elles avaient gardées de leur passé de

voile… dans le vent du suroît qui

secouait la corde tendue de la maison à

la bâtisse à bois…J’y songe quand

j’écris. Quand je plie mon poème. Et

que je viens l’étendre sous le vent de

vos yeux.

 

Gilles Vigneault – L’armoire des jours – 1998

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On the road…

Québec - 2011  (cliquer pour agrandir)

Québec – 2011
(cliquer pour agrandir)

 

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The Man in the Brown Suit

1922, la très jeune et très désargentée Anne Beddingfeld, depuis peu orpheline d’un père éminent paléontologue, se passionne pour un fait divers et de fil en aiguille se retrouve embarquée (c’est le cas de la dire) dans une folle aventure qui la mènera au bout du monde…

Voici un “si vous avez manquez le début” bien peu orthodoxe comparé au quatrième de couverture des éditeurs mais en gros c’est bien de cela qu’il s’agit. Certain diront (avec raison) que je manque singulièrement d’objectivité quand il s’agit de dame Agatha, néanmoins son quatrième roman (l’homme au complet marron donc, prenez des notes) est, à mon avis, une réussite dans le genre et un de mes préférés de toujours. (J’ai effectivement un assez grand nombre de préférés dans son oeuvre mais il y en a tout de même bien un ou deux ou même trois que j’aime moins, sachez-le). Mais revenons à notre roman, il n’appartient pas à la veine de ce que j’appelle les exercices de style (le crime du golf, le meurtre de Roger Ackroyd ou Dix petits nègres), ni franchement à celle des whodunit ou polar à énigme. Il n’appartient pas non plus à la lignée des grands détectives (quoiqu’il marque la première incarnation du bronzé et taciturne Colonel Race qui fera des apparitions régulières dans l’oeuvre de l’auteur). Il s’apparente plutôt (en fait c’est le premier) aux romans d’aventures populaires de la reine du crime : des voyages, de l’exotisme, une héroïne moderne (pour l’époque) et spirituelle, un soupçon d’énigme policière, une histoire un rien abracadabrante, un zeste d’espionnage à base de sociétés secrètes et de vastes complots, beaucoup d’humour et une dose (un peu indigeste pour Isil) de romantisme. On retrouvera plus tard les mêmes ingrédients (voire les mêmes scènes) dans Rendez-vous à Bagdad ou Destination inconnue voire jusqu’à un certain point dans le secret de Chimneys. C’est enlevé, léger, ébouriffant, aussi réaliste dans l’écriture (les Christie avaient fait le tour du monde en paquebot au début des années 20) qu’invraisemblable dans les faits, bref un régal en ce qui me concerne.

Oeuvre de jeunesse par excellence, ce roman mêle les genres (polar, espionnage, aventure) dans lesquels l’auteure devait plus ou moins s’illustrer par la suite (avouons que ses incursions dans l’espionnage quoique parfois réjouissantes ne sont pas ce qu’elle a écrit de mieux), teste l’exercice de style par sa construction en alternance entre le récit de l’héroïne et le journal d’un autre protagoniste (je n’en dirais pas plus mais il me semble tâter le terrain pour l’une des plus célèbres énigmes de l’auteure*) et si Anne est bien à l’image d’Agatha, disons qu’elle nous brosse un autoportrait en jeune fille romantique, enthousiaste et rieuse bien différent d’Ariane Oliver son alter ego plus tardif.

J’ajouterai deux autres raisons d’apprécier ce roman. Comme il apparait que je suis loin d’être la seule inconditionnelle de la dame, Anne Beddingfeld se trouve être à l’origine d’une lignée fictionnelle, certes confidentielle mais néanmoins fantabuleuse. Lorsqu’il y a quelques années j’ai découvert Un crocodile sur un banc de sable, j’ai exultée (car j’exulte parfois en lisant mes enfants en sont fort marris) en reconnaissant en Amelia Peabody, une Anne un peu plus mûre et d’un caractère plus rugueux (sans parler de l’ombrelle) mais à la filiation indéniable – d’ailleurs tout le début du Crocodile… est un hommage à l’homme au complet marron comme la suite est un hommage à l’égyptologie du tournant du siècle (le XXe s’entend). Je vous la fait courte, à la mort de son père, un éminent archéologue passablement distrait, Amélia devenu orpheline, décide de voyager à travers le monde et se retrouve embringuée dans une aventure plus ou moins policière en plus de rencontrer l’archéologie et l’homme de sa vie. Si nous ajoutons à cela que ladite Amélia a évidemment servi de modèle à l’Alexia Tarabotti de Gail Carriger, vous conviendrez que dame Agatha savait créer des personnages inspirants. Au demeurant n’a-t-elle pas épousé elle-même un archéologue affichant le mépris de Radcliffe Emerson pour toute civilisation postérieure à 1000 avant JC, avant de se passionner pour sa discipline.

Enfin, apprenez si vous l’ignorez encore que l’un des épisode (the unicorn and the wasp – saison 4 épisode 7) de la très cultissime série Doctor Who rend un vibrant hommage à Dame Agatha comme seuls les anglais savent en concocter. Le docteur y est incidemment appelé the man in the brown suit en référence à son inséparable costume. (Certes ce passage a été coupé au montage mais croyez-vous vraiment que cela peut arrêter une vraie fan ?).

Avec quelques folledingues passionnées du docteur et de la romancière, Isil et Pimpi (qui parlent aujourd’hui de ce même roman) Karine et Fashion (qui en sont au Secret de Chimneys) et chiffonette (qui n’a rien écrit la vilaine) (sorry si j’en oublie gentes participatrices), nous nous sommes d’ailleurs mises au défi (oui oui challenge) de relire dans l’ordre de parution tous les romans dont il est question dans cet épisode. Ce qui me donne une bonne excuse pour vous parler d’une de mes auteures fétiches et pour la lire enfin dans la langue du grand Will. Culte !

 

The Man in the Brown Suit – Agatha Christie – 1924

précédemment dans le challenge For the love of the unicorn and the wasp

The secret adversary

* Le meurtre de Roger Ackroyd

PS : Le colonel Race apparait dans quatre romans, l’homme au complet marron (1924), carte sur table (1936), Mort sur le Nil (1937) et Meurtre au champagne (1944).

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