les sangs

Anne ma soeur Anne, ne vois tu rien venir*…

Dans une ville hors du monde et du temps, Féléor Barthélémy Rü, l’homme le plus riche qui soit, ne tombe amoureux que de femmes d’exception qui lui vouent un amour absolu jusqu’à la déraison. Sept femmes, toutes différentes, toutes vouées à mourir d’amour et à lui laisser en souvenir, un journal, quelques lettres, un récit…

N’ayant rien lu sur ce roman (pas même le bandeau qui apparemment l’ornait chez grasset car j’ai une édition québécoise), je me suis trouvée totalement désarçonnée par cet étrange roman.* Désarçonnée, rebutée – à la limite du malaise parfois – mais fascinée aussi par une narration et une écriture étincelante au service d’une vision aussi noire que possible mais pourtant étonnamment allègre d’un conte* déjà passablement effrayant au départ. Audrée Wilhelmy brode ici sa version de l’amour à mort entrelaçant avec virtuosité féerie, érotisme et horreur, ajoutant une touche de perversité à nos peurs d’enfants. Sulfureux !

Les sangs – Audrée Wilhelmy – Léméac 2013 – Grasset 2015 – Nomades 2017

*Charles Perrault
**Aussi essaierais-je d’en dire aussi peu que possible (mais si je peux être brève farpaitement)
***Comment ? quel conte ? Mais qui donc avait eu sept femmes et gardait ses souvenirs dans une pièce fermée à clé ? Laissez-moi réfléchir…

L’avis de argali , celui de Enna

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Les villes de papiers

Les villes de papiers, ce sont des repères imaginaires – villes, ponts, rivières – que les cartographes dissimulaient autrefois au détour d’une carte pour se protéger des contrefaçons. De quoi faire rêver une enfant déjà portée aux songes que ces endroits impossibles à trouver ailleurs que sur le papier.  De là à s’évader dans cette autre réalité, faite de maison, de fleurs, d’oiseaux, d’étoffes ou d’épices épinglées par des mots noirs sur la page blanche…

D’Emily Dickinson, on sait peu de choses, c’est à dire tout ce qui est concret et rien de ce qui importe. Cette femme qui sema toute sa vie des poèmes sur des chiffons de papier d’emballage et préféra de loin les relations épistolaires aux rencontre de chair (IRL avant la lettre), n’a apparemment aucun mystère. Née dans une famille puritaine, elle mena une vie de jeune fille rangée, étudia au séminaire, revint vieillir doucement dans la maison de ses parents auprès de sa jeune soeur, se coupa peu à peu du monde pour vivre, éternellement vêtue de blanc, quasiment recluse dans sa chambre. Ce qui se passait dans son esprit et dont témoigne une immense correspondance et près de 2000 poèmes, c’est une autre histoire. Et c’est celle-ci que Dominique Fortier entend raconter. Perchée sur l’épaule d’une enfant émerveillée par le minuscule, elle s’accorde à son rythme et ses mots, cueillant les images de sa poésie pour en retrouver l’inspiration.

“En écrivant, elle s’efface. Elle disparaît derrière le brin d’herbe que, sans elle, on n’aurait jamais vu. Elle n’écrit pas pour s’exprimer, quelle horreur, ce mot lui rappelle celui d’expectorer, dans les deux cas le résultat ne peut être qu’un flegme gluant, plein de glaires ; elle n’écrit pas pour se distinguer. Elle écrit pour témoigner : ici à vécu une fleur, trois jours de juillet de l’an 18**, tuée par une ondée un matin. Chaque poème est un minuscule tombeau élevé à la mémoire de l’invisible.”

Les villes de papiers est un roman au charme entêtant, une écriture cristalline qui témoigne elle aussi des plaisirs minuscules d’un monde plus sensible que sensuel. On le referme avec une seule chose en tête, trouver un recueil d’Emily Dickinson et s’y plonger. Lumineux

They shut me up in Prose —
As when a little Girl
They put me in the Closet —
Because they liked me “still” —

Still! Could themselves have peeped —
And seen my Brain — go round —
They might as wise have lodged a Bird
For Treason — in the Pound

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Québec en novembre top départ – la récap !

On l’attendait, il est là… à partir d’aujourd’hui – 1er novembre – ce sera Québec à tous les étages sur tout un tas de blogs… S’il vous faut encore des idées vous trouverez des liens dans mon billet de présentation et dans celui de Karine bien sûr. Il y a aussi les anciennes récap que vous trouverez dans le menu. Bref de quoi faire. Et comme toujours je ferai la récap de l’année dans ce billet, pensez à me mettre vos liens en commentaire, ce sera plus simple.

1, 2, 3 top départ ! et que la lecture soi

Présentation

1er novembre

2 novembre

3 novembre

4 novembre

5 novembre

6 novembre

7 novembre

8 novembre

9 novembre

10 novembre

11 novembre

12 novembre

13 novembre

14 novembre

15 novembre

16 novembre

17 novembre

18 novembre

20 novembre

21 novembre

 

 

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Top 7 québecois – Programme de lecture pour Québec en novembre

Dans la série de mes top sept, et Québec en novembre pointant son nez poudré à frimas, j’ai pensé partager avec vous mon programme (potentiel) (et optimiste) de lectures pour novembre. Alors certes j’ai déjà pas mal de romans déjà lus à mon actif (que je vous avais partagé par là) mais en matière de lecture ma devise est “jamais trop” ou quelque chose du genre et puis j’ai des réserves, je suis allée au Québec cet été, d’où valises lourdes et pile à lire… Reste à écrire et cela, ma foi, est une autre histoire.

  1. Taqawan de Eric Plamondon chez Quidam 2018 – Il se trouve que l’auteur a sa journée dédiée le 16 novembre, ce qui tombe très bien (oui je sais, c’est moi qui l’ai proposée mais il y a eu plein d’amatrices alors…)
  2. Les remparts de Québec de Andrée Maillet – l’héxagone – 1964 En souvenir de la délicieuse promenade littéraire que nous avons suivie Karine et moi en août dernier dans la ville de Québec sur les traces des auteures qui s’y sont promenées.
  3. Je voudrais qu’on m’efface d’Anaïs Barbeau-Lavalette – BQ 2012 – Parce que Karine a dit qu’il fallait et si elle le dit… (Il y a aussi une journée dédiée à l’auteure d’ailleurs, le 24 novembre)
  4. Les Sangs d’Audrée Wilhelmy chez Nomades 2013 – Lu et approuvé par la très belle librairie Carcajou de Rosemère où j’ai mes habitudes
  5. Le fleuve de Sylvie Drapeau chez Léméac 2015 – parce que c’est un cadeau et que j’ai grande confiance en la personne qui l’a choisi
  6. La vie rêvée des grille-pain de Heather O’Neill chez Alto 2015 – Pour exactement la même raison que précédemment (Une lc est prévue aussi, le 30 sauf erreur)
  7. Un petit bruit sec de Myriam Beaudoin chez BQ 2003 – parce que depuis Hadassa j’attends de lire autre chose de cette auteure
  8. Alice marche sur Fabrice de Rosalie Roy-Boucher aux éditions de ta mère 2018 – parce que le titre et le quatrième ont fait qu’il m’a sauté dans les mains quasiment de lui-même
  9. Au péril de la mer de Dominique Fortier chez Alto 2015 – j’ai hésité pour celui-là (on avait envisagé une journée dédiée aussi mais je crois qu’on n’avait plus de place) car elle a sorti un roman cette année qui me fait bien envie aussi… dilemme de dilemme.

Oups j’en suis déjà à neuf dans mon top sept oui bon de toute façon les chiffres et moi… (au passage je me rends compte que j’ai sélectionné huit autrices pour un auteur et je ne l’ai même pas fait exprès) L’important étant que c’est un chouette programme qui me fait déjà les yeux doux. je finis mon marathon Outlander (7976 pages, une paille, mais j’achève) et je m’y mets et Vous vos projets, où en sont-ils ?

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L’hiver vient… mais avant il y a Québec en novembre

Avez vous une idée, gens de l’internet mondial, de la difficulté qu’il y a à trouver un nouveau titre pour annoncer le retour de notre amical, joyeux, ébouriffant, truculent et fantabuleux rendez-vous avec la culture québécoise ?  Car il est de retour, il est presque là, dans douze jours d’ici, et comme chaque d’année depuis tout ce temps déjà, novembre et ses frimas (sans parler de la très divine et très merveilleuse Karine et de moi-même) vous ramèneront les joies de la lecture et de la discussion autour de la “belle province”.

Comme tous les ans le règlement, si du moins on peut l’appeler ainsi, le cadre plutôt (voire un genre de guide) est des plus simples… lire quelque chose de québécois. Un quelque chose ou cent c’est à votre discrétion : conte, roman, poésie, science-fiction, polars, fantasy, historique, essai, bd, album, tout ce qui vous plaira de québécois est le bienvenu, auquel vous pouvez bien sûr ajouter tout film, liste, recette, récit de voyage au goût. Bref tant qu’on parle du Québec, tout est permis et c’est la fête (ou le gros party pour reprendre la terminologie karinesque)…

Nous avons pour l’instant quelques rendez-vous (évidemment facultatifs) pour guider celles et ceux qui aiment se retrouver autour d’un thème ou d’un auteur mais rien de définitif encore… Je veux dire qu’il peut s’en rajouter (ce ne serait même pas étonnant) et de toutes façons chacun lit ce qu’il veut, cela nous fera des surprises et des rencontres. Je me suis moi-même concocté un petit programme de derrière les fagots (mais si ça se dit) (que je ne suivrai probablement pas) (mais c’est beau d’avoir des projets) et j’attends avec grande impatience de découvrir vos découvertes (oui je l’ai fait exprès)… Alors à vos livres les gens et que la force soit avec vous…

PS : et j’ai la joie et l’avantage de vous présenter notre nouveau logo (qui est à votre disposition), œuvre du très serviable et très talentueux Mr Kiki dont je vous recommande le blog de petits dessins (qu’il dit)! Évidemment les précédents logos sont toujours les bienvenus dans vos pages.

PPS : Si vous avez envie de placoter autour de vos lectures, des lc et de toute cette sorte de chose, il y a un groupe facebook, toquez et on vous ouvrira…

PPPS si vous manquez d’idée vous pouvez consultez les catégories québécoises de mon blog (ici quoi) ou de karine, lire les récaps des années précédentes (dans l’onglet ci-dessus), vous pouvez également aller faire un tour sur leslibraires.ca , sur le site de la Librairie du Québec à Paris ou de la librairie Tulitu en Belgique

Programme provisoire et néanmoins aussi incitatif que facultatif
2 novembre – Littérature québécoise contemporaine
6 novembre – Dany Laferrière
12 novembre – Roman publié en 2018
   Enna et Gambadou Livres :  L’avaleur de sable de Stéphane Bourguinon
13 novembre – Un éditeur BQ la bibliothèque québécoise
    yueyin : Laure Clouet de Adrienne Choquette
14 novembre – BD ou roman graphique québécois
16 novembre – Eric Plamondon
   yueyin, Anne, Hélène, Claire – Taqawan
18 novembre – autour de la littérature jeunesse
20 novembre – Classique de la littérature québécoise
22 novembre – Littérature autochtone
  Argali, Enna, Nadège, Karine et Sharon (Nina) : Manikanetish de Naomi Fontaine
24 novembre – Anais Barbeau-Lavalette
yueyin : Je voudrais qu’on m’efface
26 novembre – Polar – thriller québécois
Karine Minier, yueyin, Enna
28 Novembre – Lise Tremblay
  Karine : La pêche blanche
30 novembre – Littérature canadienne (parce qu’il faut élargir un peu nos horizons)

  

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Arcadie

“Nous avions peur et nos peurs étaient aussi multiples et insidieuses que les menaces elles-mêmes. Nous avions peur des nouvelles technologies, du réchauffement climatique, de l’électrosmog, des parabènes, des sulfates, du contrôle numérique, de la salade en sachet, de la concentration de mercure dans les océans, du gluten, des sels d’aluminium, de la pollution des nappes phréatiques, du glyphosate, de la déforestation, des produits laitiers, de la grippe aviaire, du diesel, des pesticides, du sucre raffiné, des perturbateurs endocriniens, des arbovirus, des compteurs Linky, et j’en passe. Quand à moi, sans bien comprendre encore qui voulait nous faire la peau, je savais que son nom était légion et que nous étions contaminés.”

À six ans, Farah est tout à coup accueilli au paradis. Fille de parents terrorisés par le monde, elle se voit ouvrir les portes d’un royaume qu’on lui offre en toute propriété. Va c’est à toi, lui dit Arcady, le jour où elle débarque avec ses parents à Liberty house, vaste propriété abritée du monde et de ses dangers par de hauts murs et l’absence de toute antenne relais. Pour elle ce sera une enfance toute de magie, de nature, de liberté aussi – ses parents étant bien trop occupé d’eux-mêmes pour se soucier d’elle et Arcady, chef gourou père universel du phalanstère, en tenant pour une liberté ne s’arrêtant qu’au frontière des règles de la communauté, végétarisme, absence de technologie et amour libre dans les limites du consentement mutuel car l’amour – avec un grand A – est le grand thème du lieu. Mais l’enfance ne dure pas éternellement et l’adolescence annonce pour Farah la fin des illusions sur elle-même, sur Liberty house – ce refuge des inadaptés du monde, sur ses pensionnaires hauts en couleur, sur Arcady enfin et son amour universel…

Roman d’apprentissage, Arcadie est une chronique aussi grinçante que réjouissante de l’actualité du monde. Sous le regard implacablement lucide de Farah, se dévoile un quotidien qui pousse l’abondance jusqu’à la saturation, les peurs jusqu’à l’irrationnel, les bons sentiments jusqu’à l’hypocrisie. C’est drôle, caustique, dissonant, cruel, on se reconnait à chaque page – et si ne n’est toi c’est donc ton frère – on s’interroge sur toutes ces barrières qui ne tombent que pour mieux se relever et sur cette aveuglante absence de de refuge qui marque la fin de l’enfance de l’esprit. Car c’est bien de cela qu’il s’agit, entouré d’enfants de tout âge, Farah est le seul esprit mature qui s’affranchit de toute barrière – y compris celle du corps – et voit la complexité alentour, les bon côtés de la technologie honnie comme ses dangers, la sécurité matricielle du retour à la nature comme ses mensonges. Jubilatoire

Arcadie – Emmanuelle Bayamack-Tam – POL – 2018

PS : et en plus c’est magnifiquement écrit…

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Top sept des romans de la rentrée que je lirais bien si d’autres ne m’en détournent pas…

Bientôt octobre, gens de l’internet, il est temps que je vous parle de la (ma ?) rentrée littéraire… un phénomène étrange qui chaque année déclenche les mêmes passions, les mêmes refus, les mêmes enthousiasmes, les même débordement de titres. Chemin faisant, ou plutôt blogs lisant, j’ai noté comme d’habitude quelques romans qui – sait-on jamais – pourraient bien trouver leur chemin vers moi. Mais après tout, souvent femme varie et si vous avez d’autres idées, je suis tout ouïe ou plutôt tout œil…

  • Arcadie – Emmanuelle Bayamack-Tang – P.O.L
  • L’arbre monde – Richard Powers – Le cherche midi
  • En nous beaucoup d’hommes respirent – Marie-Aude Murail – L’iconoclaste
  • Leurs enfants après eux – Nicolas Mathieu – Actes sud
  • Là où les chiens aboient par la queue – Esther Sarah Bulle – Liana Levi
  • Les bracassés – Marie-sabine Roger – édition du Rouergue
  • Asta – Jon Kalman Stefanson – Grasset
  • La chance de leur vie – Agnès Desarthe – édition de l’olivier

Oui il y en a huit, évidemment, je me trompe toujours et puis je n’ai pas réussi à choisir entre les deux derniers, j’aime l’écriture de Desarthe mais pas toujours ses histoires, j’aime les Islandais mais pas toujours non plus, c’est délicat tout cela… et vous que lisez-vous en cet automne qui commence ?

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Top sept des romans québécois lus cet été

Chose promise, chose due… et je vous ai promis des listes, embarquons donc et que le vent nous soit favorable. Et pour commencer, en préparation de Québec en novembre qui s’annonce, se profile, se prépare comme chaque automne depuis… hou un certain nombre d’années, je m’en vais partager avec vous sept livres québécois (ahem environ) que j’ai lus (et appréciés) cet été car pour reprendre un slogan qui nous est cher à ma très aimée Karine et moi-même : lire québécois, c’est pas qu’en novembre… Alors évidemment je n’en ai encore chroniqué aucun, (quoique si vous insistez…) mais je vous ajoute quelques liens quand même…

  • Le plongeur – Stéphane Larue – Le Quartanier – 2016
    une plongée dans les mondes poisseux et angoissants des arrière-cuisines de restaurant et de l’addiction au jeu. Le seul qui soit peut-être un challenge pour un lecteur français mais quelle écriture ! l’avis – enthousiaste – de dame Karine
  • Le premier jardin – Anne Hébert – Le Seuil – 2001
    Une pépite, un classique comme tout Anne Hébert, auteure québécoise incontournable et une très belle promenade dans Québec. L’avis de Karine toujours
  • Le peintre d’aquarelle – Michel Tremblay – Acte sud 2017
    Une très belle  et très douce variation sur le temps, la vieillesse, la vie en somme – c’est du Tremblay – encore un classique – et moi j’aime d’amour
  • La danse de la méduse – Laurence Prud’homme – Québec Amérique – 2008
    Une mère insaisissable et disparue… des souvenirs et des secrets de famille, l’avis de karinette
  • 160, rue Saint-Viateur ouest – Magali Sauvé – Mémoires d’encrier – 2018
    un polar pas comme les autres qui nous entraine dans un quartier populaire de Montréal, aux marges de la communauté hassidique et vers des secrets remontant à la seconde guerre mondiale
  • Conversation avec un enfant curieux – Michel Tremblay – Léméac acte sud – 2016
    Une petite plongée dans l’enfance – éternelle inspiratrice – de l’auteur dans la veine du délicieux un ange cornu avec des ailes de taule. (oui encore du Tremblay !)
  • Laure Clouet – Adrienne Choquette – Bibliothèque québécoise – 1961
    Une effarante plongée dans la vie – et l’esprit – corsetés d’une opulente bourgeoise de Québec au tournant du siècle.
  • bonus le poids des secrets – Aki Shimazaki – Babel – 2010 (5 volumes)
    Comment cela je triche ? Mais pas du tout, j’ai juste quelques soucis avec les chiffres et puis c’est un bonus ! Quoiqu’il en soit, je ne saurais trop vous conseiller cette délicieuse pentalogie restée en plan dans ma pal depuis presque deux lustres, on se demande bien pourquoi…

Bonne lectures québécoises gens de l’internet bloguesque et néanmoins mondial (et inscrivez-vous donc à Québec en novembre, même ici en commentaire si vous voulez) et à tout bientôt pour de nouvelles listes…

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et de douze…

Et voilà, plongée dans une rentrée perturbante succédant à un été agité, j’ai failli laisser passer la date (oui en fait je l’ai laissé passer, mais c’était hier, limite ça ne compte pas !), blogounet a donc eu douze ans hier et qu’en dire ? Et bien comme toute entité de cet âge, il a pris une certaine autonomie, ses particularités se sont affirmés et disons qu’il semble réclamer moins d’attention et de présence. Comment ? de l’anthropomorphisme ? mais certes et depuis toujours, la preuve en est que blogounet souffle ses douze bougies si ce n’est pas de la personnification à outrance cela !

Or donc, pour repartir sur de bonnes bases en cette nouvelle année de vie, faire étinceler de mille feu la divine motivation et donner des gages de bonne conduite et d’assiduité, je me suis dit – car je me parle parfois – que je pourrais éventuellement m’adonner à cette passionnante et foisonnante discipline : l’art de la liste. Exemplifions, imaginons un instant que je liste ici les sept listes que j’entends publier – si le grand internet le veut bien – dans les semaines à venir. Chaque liste recelant en elle-même de nouvelles promesses de billets prochains. Hou que c’est fourbe et bien mené. Listons, vous dis-je, listons :

  • Sept livres dont il faut absolument que je vous parle
  • Sept livres québécois lus cet été
  • Sept livres québécois que je compte lire pour Québec en novembre (oui j’en ai ramené une pile comme toujours… voire deux)
  • Sept livres que j’ai aimé plus que les autres cette année
  • Sept livres de la rentrée littéraire que je lirai bien (éternelle gasconnade de septembre)
  • Sept livres qui me sont récemment tombés des mains  (abandon, abandon, j’écris ton nom)
  • Sept classiques que je DOIS lire prochainement, un jour, bientôt

Pourquoi sept et pas dix me direz-vous ? Qu’en sais-je, pour mettre un peu de magie dans les comptes peut-être ou pour toute autre raison liée à l’inspiration du moment. Et en attendant ces jolies listes qui ne sauraient tarder. Je vous dis à toutes et à tous – gens de l’internet mondial qui vous égarez régulièrement par ici depuis un nombre d’année certain (entre un et douze donc) – merci d’être là, merci de me lire, merci de me donner envie, merci et encore merci…

 

 

 

 

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La nouvelle vie de Kate Reddy

Kate Reddy va avoir cinquante ans et elle le digère mal, très mal. Ses enfants sont en pleine crise d’adolescence, son mari en pleine crise égotiste – il a arrêté de travailler pour se consacrer à la méditation et au vélo, sa mère et ses beaux parents perdent peu à peu leur autonomie, sa maison tombe en ruine et son corps la lâche. Le traitre ! Obligé de retrouver du travail pour faire bouillir la marmite, elle doit – honte suprême – mentir sur son âge pour réintégrer son ancienne boite sous les ordres de jeunes loups beaucoup plus jeunes et moins compétents qu’elle. En théorie, rien de tout cela ne devrait l’atteindre, elle la battante habituée à jongler avec le temps et tout assumer, mais cette fois il y a Perry, petit nom intime de sa periménopause avec son cortège de trous de mémoire – malgré un archiviste mental ronchon prénommé Roy, de bouffées de chaleur, de kilos indécrochables, de crises d’angoisses et cette lassitude qui plombe les jambes et l’esprit…

Quel roman, mais quel roman… Mené tambour battant, drolatique et échevelé, il nous entraine dans une vie très ordinaire avec un point de vue qui tient du burlesque. Pour autant derrière ces situations qui tourne à la farce, ce sont bien des problèmes d’aujourd’hui qui se déroulent, s’exposent et explosent là où en général on se tait. Car qui sait ce que lui réserve Perry avant qu’il ne pointe le bout de son nez. Et grand Tolkien que c’est rafraichissant et que l’on se sent moins seule. Car c’est de cela qu’il s’agit d’une solitude qui ne dit pas son nom, entourée qu’elle est d’une foule avide de prendre mais pas de donner.  Allison Pearson croque avec une exubérance jubilatoire, cette génération de femmes sandwiches coincées entre enfants pas encore tout a fait grandis et parents vieillissants, peinant à trouver à qui parler quand on attend surtout d’elle qu’elles écoutent – heureusement il y a toujours quelques copines mais leur en parler ou pas ? A la limite, je me demande s’il est bien sage de faire lire ce roman à des trentenaires ; elles pourraient paniquer. Mais pour les péri-cinquantenaires, c’est du bonbon… Et si on se régale de situations criantes de vérité (et vous saurez pourquoi autour d’un certain âge il vaut mieux travailler en collant noir opaque qu’en pantalon de lin blanc – réflexion que je m’étais déjà faite), on peut aussi se rassurer en notant toutes les choses qu’on a  mieux négocié que Kate (et ouf il y en a). Bonus, et comme souvent dans les romans d’outre-manche, il y a dans toute cette histoire quelque chose d’universel et pourtant de très british. Jubilatoire !

La nouvelle vie de Kate Reddy – Allison Pearson – traduit (fort bien) de l’anglais par Julie Sibony – Le cherche-midi – 2018

L’avis de cuné qui m’a (encore) donné envie

PS : Et il y a même un soupçon de romance – bon peut être pas crédible crédible mais si on ne peut plus rêver…

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