Les figures

Je bats comme des cartes

Malgré moi des visages,

Et, tous, ils me sont chers.

Parfois l’un tombe à terre

Et j’ai beau le chercher

La carte a disparu.

Je n’en sais rien de plus.

C’était un beau visage

Pourtant, que j’aimais bien.

Je bats les autres cartes.

L’inquiet de ma chambre,

Je veux dire mon coeur,

Continue à brûler

Mais non pour cette carte

Q’une autre a remplacée :

C’est nouveau visage,

Le jeu reste complet

Mais toujours mutilé.

C’est tout ce que je sais,

Nul n’en sait d’avantage.

 

Jules Supervielle – Les amis inconnus – 1934

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Je veux l’homme parfait

Toutes les filles rêvent de l’homme parfait, prince charmant sur son blanc destrier ou Ken de barbie c’est selon. Mais après l’emerveillement du début, la dure réalité du quotidien reprend ses droits et seul un travail de tous les instants pourra transformer notre homme de cro-magnon en véritable perfection masculine, apte à sortir les poubelles et le chien, ramasser ses chaussettes sales et rabaisser la lunette des toilettes…

Parti comme ça, vous imaginez aisément la suite, cette bande dessiné s’organise en trois parties portant sur le fonctionnement de l’homme, son dressage par la femme, elle même nullement dénuée de défaut (rassurons-nous) et les exercices pratiques (soupir). Au départ j’ai trouvé les gags amusants, certaines situations sont habilement croquées, certaines vignettes vraiment drôles. Seulement un album de gags (séquences d’une à deux pages maximum donc)  peut vite devenir redondant quand les thèmes sont peu variés et je me suis vite lassée avant de commencer à grincer des dents devant l’avalanche de clichés. Quant à la dernière planche (pas de suspens, je spoile) sur le thème il n’est pas parfait mais je le prends comme il est, les bras m’en sont tombés : tout ça pour ça… le féminisme a encore du pain sur la planche !

Le graphisme plutôt dynamique m’a bien plu par contre ainsi que la colorisation acidulée – dans le style de Pénélope Bagdieu disons. J’ai moins aimé le lettrage, trop de majuscules me fatiguent. De bonnes trouvailles donc, un joli graphisme mais pour moi cela tourne un peu trop en rond autour du Grand Cliché Central, l’homme est sale, dragueur, buveur, et roteur, la femme est accro au shopping et à l’aspirateur. Cela dit, mes deux ados à demeure ont aimé et beaucoup ri, il fallait que ce fut dit !

 

Je veux l’homme parfait – Scénario,Goupil & Douyé – Dessins et couleurs, Laetitia Aynié – Vent d’Ouest – 2010

Un cadeau de chez les filles, merci Suzanne!

Cliquer sur la planche pour l’agrandir.

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Le jeudi, c’est citation (15)

Aujourd’hui est une journée très fatigante dans une semaine qui l’est tout autant et j’ai grand besoin d’une citation magnifiquement consolante. Plus encore c’est aujourd’hui l’anniversaire de ma très estimée, très chère et très fantabuleuse comparse en challenge middle earth catégorie Valar, dame Isil. Donc en son honneur voici une des plus belles citations de tous les temps et de toutes les galaxies…

 

Three Rings for the Elven-kings under the sky,

Seven for the Dwarf-lords in their halls of stone,

Nine for Mortal Men doomed to die,

One for the Dark Lord on his dark throne

In the Land of Mordor where the Shadows lie.

One Ring to rule them all, One Ring to find them,

One Ring to bring them all and in the darkness bind them

In the Land of Mordor where the Shadows lie.

 

JRR Tolkien

Dois-je traduire ? Oui ?

 

Trois Anneaux pour les Rois Elfes sous le ciel,

Sept pour les Seigneurs Nains dans leurs demeures de pierre,

Neuf pour les Hommes Mortels destinés au trépas,

Un pour le seigneur des ténèbres sur son trône

Dans le pays de Mordor ou s’étendent les Ombres.

Un Anneau pour les gouverner tous, Un Anneau pour les trouver,

Un Anneau pour les amener tous et dans les ténèbres les lier

Au Pays de Mordor ou s’étendent les Ombres.


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Encore frissonnant

Quittons un temps notre bien aimé moyen-âge et, à la demande générale de Bluegrey, découvrons un nouveau poète (enfin nouveau pour moi évidemment… inculte que je suis) le connaissez-vous ? Vous plaira-t-il ? 

 

Encore frissonnant

Sous la peau des ténèbres

Tous les matins je dois

Recomposer un homme

Avec tout ce mélange

De mes jours précédents

Et le peu qui me reste

De mes jours à venir.

Me voici tout entier,

Je vais vers la fenêtre.

Lumière de ce jour,

Je viens du fond des temps,

Respecte avec douceur

Mes minutes obscures,

Épargne encore un peu

Ce que j’ai de nocturne,

D’étoilé en dedans

Et de prêt à mourir

Sous le soleil montant

Qui ne sait que grandir.

 

Jules Supervielle – La fable du monde – 1938

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Un hiver à Mannheim

Gerhard Selb est un privé, un vieux privé qui commence à peiner dans les escaliers et traine comme un boulet son passé de procureur sous le IIIe Reich. Pour lui, qui en a vu de toutes sortes, une affaire est une affaire et il faut bien vivre mais quand un homme lui demande de retrouver sa fille dans des circonstances peu claires et qu’il flaire une embrouille potentiellement dangereuse pour la jeune femme, Selb refuse de fermer les yeux. L’enquête va peu à peu dériver dans des eaux troubles, melant terrorisme et corruption, jusqu’à mettre sa liberté et peut être sa vie (voire celle de son chat Turbo) en danger…

Après mes précédentes et heureuses expérience avec Schlink dans Le liseur, Le retour et Week end, Nanne m’a conseillé de lire les polars qui ont fait sa renommé Outre-rhin et elle a eu bien raison car j’aime définitivement le style de cet auteur. Ici pas de suspens haletant, pas de rebondissement toutes les dix pages, relativement peu d’action et de sang mais une enquête sombre, décousue, trainant parfois en longueur, s’égarant, revenant, s’étirant le long d’une année au rythme des découvertes, des rencontres ou des atermoiements de Selb. Les recherches de ce dernier se mêlent à sa vie, ses amitiés, ses souvenirs, dans une Allemagne en apparence calme et tranquille mais où couvent encore de douloureux souvenirs. Un livre plus roman que polar sans doute, avec des personnages complexes, perturbés mais plutôt attachants, ce qui ne va pas de soi avec Schlink. Séduisant !

 

Un hiver à Mannheim (Selbs Betrug) – Bernard Schlink – Traduit de l’allemand par Patrick Kermann et revu par Olivier Mannoni – Gallimard, Série Noire – 2000

 

PS : Mais pourquoi ce titre (en français), alors que l’histoire s’étire autour d’un été ?

PPS : J’ai déjà un autre Selb dans pal évidemment !

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Dwarf

Oth aurait dû être tué à la naissance. La loi naine prescrit en effet d’éliminer les enfants marqués mais son père, qui venait juste de perdre sa femme en couche, n’a pu s’y résoudre et s’est enfoncé au plus profond de la forêt pour l’élever en secret et lui transmettre son savoir de forgeron. Devenu adulte, Oth se retrouve plongé au coeur d’une quête de pouvoir qui semble s’orchestrer autour de lui par la grâce de toutes les créatures vivantes, depuis des nains rebelles au pouvoir d’un monarque corrompu jusqu’aux animaux de la forêt en passant éventuellement par le soutien intéressé des ennemis jurés de sa race, les sylves…

Wyrïmir est le premier volume d’une série de fantasy qui doit normalement en compter cinq. Quoique j’aime la bd et la fantasy, les deux réunis m’inspire assez de méfiance mais cette histoire m’a finalement paru assez séduisante. Pour une fois ce sont les nains, cette famille un peu déshéritée de la fantasy qui sont au centre de tout, les rebondissements sont plutôt originaux, peuplés d’animaux parlants, de Sylves guerrières impressionantes, de nains politiques et autres ingrédients du genre. Le graphisme m’a gêné au départ, un peu sombre, un peu brouillé avec des personnages trop peu caractérisés à mon goût mais il dégage un certain dynamisme et une réelle puissance notamment dans les scènes de combat et au bout du compte, je m’y suis habituée. Un opus de mise en place somme toute prometteur. Sympathique!

 

Wyrïmir – Dwarf t. 1 – dessin et scénario Shovel – couleur D. Folgolin – Delcourt – Terre de légende – 2010 (cliquer pour voir la planche en grand…)


PS : En bonus, l’avis de Tristan, 11 ans : “Très bien, assez barbare et un peu sanglant, j’ai beaucoup aimé la fin, en partiiculier le combat avec l’ours.” Dont acte !

 

Lu dans le cadre de Masse critique pour Babelio

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Le jeudi, c’est citation (14)

Selon l’excellente idée de  Chiffonette

 

“Les anges ne tirent ni sur les canapés, ni sur les chats. Je le lui ai dit, mais elle ne m’écoutait pas.”

Bernard Schlink – Un hiver à Mannheim

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top ten tuesday (eventually wednesday) #1

Mon estimée et so glamoureuse cyberjumelle, Fashion, et ma très aimée et non moins glamoureuse amie Karine, partagent avec moi un certains nombres (d’aucuns auraient dit un nombre certain) de goûts (littéraires mais pas que, la sangria c’est bon) et notamment le goût des listes… les listes c’est le Bien, voilà la vérité et je songe d’ailleurs à ouvrir une rubrique spécifique mais ne  nous égarons pas dans des détails organisationnels. Il se trouve donc que les dites fantabuleuses copines ont récemment découvert un blog américain The Broke and the bookish qui édite chaque mardi un top ten tuesday (oui par définition) autour d’un thème particulier. Cette semaine les vilains, ou plus exactement les Villains, criminals and other nasties… tout un programme auquel il m’est rigoureusement impossible de résister.

 

En voiture donc au pays des méchants, criminels et autres scélérats…

 

Sauron

J’aurais pu écrire Morgoth mais je préfère Sauron parce que c’est l’ennemi de Gandalf, celui d’Aragorn et .. le seigneur des anneaux !

 

Joe l’Indien

Le grand abominable des aventures de Tom Sawyer et Huckleburry Finn de Mark Twain… Je connais les livres par coeur et, enfant, ce personnage me terrorisait littéralement. Il est possible que l’acteur (Ted  Cassidy) qui l’incarnait à l’écran y soit pour quelque chose, allez savoir…

 

Long John Silver

Le premier personnage de méchant ambigu de mon enfance et de celle de mes enfants… “Mais maman il est gentil ou méchant Long John ? Euh, ça dépend des moments mais dans l’ensemble : méchant !”

 

Voldemort

Enfin un vilain avec assez d’envergure pour qu’on puisse le détester absolument ! C’est beau, c’est grand, c’est celui dont on ne doit pas prononcer le nom !

 

Dark Vador

Le plus grand bad guy de la galaxie avec un petit côté tragique qui ajoute au drame. Et si, c’est un personnage de livre, d’ailleurs je les ai, moi qui vous parle, ces livres alors…

 

Callanvolde

j’en tremble depuis que j’ai lu le Prince des marées (billet en gestation longue)

 

Heathcliff

Un personnage fascinant mais terrifiant et définitivement mauvais… brrr !

 

Le professeur Moriarty

Si Holmes lui même y reconnait l’unique adversaire à sa mesure, qui serais-je pour le contrarier ?

 

Le baron Harkonnen

Un méchant vraiment impressionant dans le roman de Herbert (oui Dune) (mais pas dans le film beurk)

 

Milady de Winter

la traitresse

 

Zorglub

rire démoniaque !!! LE méchant de Franquin (dont l’avatar cinématographique Zorg était incarné par Gary Oldman dans le cinquième élément, oui je l’aime aussi celui-là)

 

Olrik

Rire démoniaque (bis), l’éternel et indestructible ennemi de Blake et Mortimer… incontournable !

 

J’aurais pu ajouter, Mister Hyde of course, Nelly Olson, madame Fichini la garce de Belle-mère de Sophie née Rostopchine, la marquise de Merteuil, la méchante reine de Blanche neige, Cruella d’enfer, Lex Luthor, le Joker, le Bouffon vert, Freddy Kruger, Javert, Fantomas, l’abominable docteur Phibes, Blofeld, Golem 13, le grand Stratéguerre, Rastapopoulos et Joe Dalton (entre autres) mais je ne voudrais pas abuser…

 

A consulter d’urgence, les jubilatoires listes de Fashion et Karine

PS c’est bizarre comme à partir d’une certaine heure, ce sont surtout des grands méchants de BD qui me reviennent en tête…

PPS Comment cela, il n’y en a pas 10 ?

 

 

 

 

 

 

Publié dans des listes, toujours des listes | 26 commentaires

Sorcière pour l’échafaud

Depuis que le virus ange a décimé la population mondiale, l’équilibre entre humains et créatures surnaturelles s’est inversé. Autrefois très minoritaires, les outremondes sont désormais une force avec laquelle il faut compter, ce qui est loin de plaire à tout le monde. Il faut dire que tous ne sont pas fréquentables. Pour tenir ce petit monde à l’oeil, deux entités se partagent le terrain, le BFO formé d’humains et le SO composé d’outres. C’est à cette dernière organisation qu’appartient Rachel Morgan sorcière qualifiée depuis plusieurs années. Seulement cette fois c’est fini, elle en a plus qu’assez de ne ramasser que des missions de secondes zones. Certes elle a commis quelques gaffes, comme cette histoire de passagers d’un bus scalpés par un sort, mais elle est persuadée qu’elle pourra mieux utiliser ses talents en free lance. Seulement on ne quitte pas le SO aussi facilement, surtout en emmenant la meilleure coureuse du service, authentique vampire vivante de surcroît. Lorsque les tentatives de meurtres se multiplient, Rachel doit se rendre à l’évidence, il y a un contrat sur sa tête et sa vie ne tient plus qu’à un fil…

Sorcière pour l’échafaud se situe à mi-chemin entre dark fantasy et bit-lit. Ce monde ravagé par l’épidémie se distingue par son ambiance plutôt sombre et par son opposition entre technologie biomédicale désormais proscrite et magie en tout genre. De plus, et cela peut décevoir les amatrices de bit-lit, ce roman joue fort peu sur le côté sexymen, ce qui m’a finalement paru assez rafraîchissant. L’action est efficace et les rebondissements nombreux mais ce qui fait la force de cet opus à mon sens, ce sont des personnages originaux et vraiment attachants, que ce soit Rachel avec sa poisse et son obstination à la Stéphanie Plum, Ivy la vampire un rien trouble, Jenks l’infernal pixie taille barbie et sa marmaille innombrable, ou même Trent seul mâle séduisant de l’histoire mais véritable méchant breveté… La série compte actuellement huit tomes donc quatre traduits et, pour moi, ce premier tome promet. Dépaysant !

 

Socière pour l’échafaud – Kim Harrison – 2004 – traduit de l’anglais par Lenaïk Corveller – Bragelonne – 2007

 

PS : En plus ils sont chez Milady maintenant, ça fait nettement moins cher à l’achat…

Publié dans SFFF | 6 commentaires

Le tag des 15

Karine et Caroline ayant eu la gentillesse (niark niark) de penser à moi,  me voici taguée (pas d’inquiétude les filles, j’aime bien en fait). Alors voici l’idée, citer 15 auteurs marquants (pour la taguée s’entend, moi en l’occurence) en moins de 15 minutes, histoire de ne pas trop réfléchir. Ah et puis il faut taguer 15 personnes mais je crois que le bidule a déjà fait pratiquement le tour de la blogosphère non ?

bon bon bon 15 auteurs, voyons cela…

 

JRR Tolkien

parce que c’est Tolkien, parce que je l’aime d’amour, parce qu’il a créé la Terre du milieu et Aragorn, parce que je suis dans HoMe et que vraiment c’est terriblement mal traduit…

Jane Austen

parce que c’est Jane, parce qu’elle me fait rire, parce que j’aimerais savoir épingler les travers du monde avec une aiguille à broder, parce que Darcy…

Agatha Christie

parce qu’elle m’accompagne, parce que je la connais par coeur, parce que même le docteur ne saurait lui résister, parce que c’est mon doudou absolu : en cas de panne de lecture, de coup de blues, ayez confiance en dame Agatha son monde ordonné saura vous rendre l’équilibre !

Yoda

parce qu’on ne le sait pas en général mais ses mémoires d’un jedi ont été un best seller à travers plusieurs galaxies avant que l’empire ne les interdise. Heureusement après le renouveau de la république, une réédition a pu être faite à partir des quelques exemplaires dissimulés pendant les âges sombres.

Douglas Adams

parce que 42 et c’est important

Shakespeare

parce que je suis en train d’essayer d’apprivoiser l’anglais du grand Will et que c’est beau

David Lodge

Parce que je suis partie dans un trip Anglais forever et que je pense à lui

John Irving

parce qu’Une prière pour Owen ou L’oeuvre de Dieu la part du diable…

Alison Lurie

parce qu’elle a su décrire comme personne un choc culturel

Barbara Kingsolver

parce qu’elle pourrait me rendre écolo

Robertson Davies

parce que c’est le maître

Jack Vance

parce qu’il fut l’un des premiers à marier ethnologie et science fiction

Robert Silverberg

parce qu’un type capable de passer du jour au lendemain de daubes sf absolues à de pur chefs d’oeuvre comme les Monades urbaines ou le Château de lord Valentin nous aide à avoir confiance dans le futur

Fred Vargas

parce qu’elle me fait rêver avec des polars

Patricia Briggs

parce qu’il faut bien quelques vampires dans tout cela et que sa série Mercy Thompson est mon top du moment

Elizabeth Peters

Parce qu’allier ombrelles et archéologie avec tant de brio le vaut bien

Janet Evanovitch

Parce Ranger, parce Morelli, parce que j’aime piquer des fous rire en lisant.


Voilà sans trop réfléchir, à quel résultat je parviens… Ah on me souffle que je ne sais pas compter (sorry ce n’est pas un scoop). C’est que je respectais la limite des quinze minutes (sinon j’aurais pu continuer un bout), je ne peux pas tout faire moi, surveiller la montre et compter les écrivains.

Allez à qui le tour ?

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