“La mer est froide, trouble, elle mugit et ses hautes lames blanches se brisent sur le sable et semblent vouloir dire : “Seigneur ! Pourquoi nous as-tu créés ?” C’est déjà le grand Océan, l’océan Pacifique. Sur cette rive de la Naïbou, on entend résonner les haches des forçats occupés au chantier, l’autre rive, lointaine, imaginaire, c’est l’Amérique. A gauche, à travers la brume, on aperçoit les caps de Sakhaline, à droite, ce sont d’autres caps… alentour, nulle âme qui vive, pas un oiseau, pas une mouche, et je ne comprends plus pour qui les vagues mugissent, qui les écoute dans la nuit, ce qu’elles veulent, et enfin pour qui elles mugiront quand je serai parti. Ce qui s’empare de moi sur ce rivage, ce ne sont pas des idées, mais bien une méditation. Je suis saisi d’angoisse, mais en même temps, je voudrais demeurer ici sans fin, à contempler le mouvement monotone des vagues et écouter leur bruit menaçant.”
Anton Tchekhov – L’Île de Sakhaline- 1893
Oui moi aussi Murakami m’a donné envie de lire Tchekov 🙂
Etrange comme les grands esprits se rencontrent 🙂