Marion et Adam ont tout pour être heureux, amour, réussite, argent, et même la célébrité pour Adam. Un incident de vacances va faire basculer leur vie, faisant exploser les carapaces de non-dit, d’hypocrisie et de faux-semblant que ces deux quarantenaires très privilégiés s’étaient édifiées couche après couche et qui leur servaient d’armure mais aussi de béquilles…
Faire les sucres est le récit d’une triple crise, celle d’un couple mais aussi de deux individus qui brusquement ne se reconnaissent plus. Fanny Britt explore ces rôles et ces apparences qui nous protège du monde extérieur mais aussi de nous-même. Et c’est plutôt réussi, la déliquescence du couple est bien menée et sonne juste. Les personnages nous font grincer des dents mais en même temps leurs fêlures nous parlent. Les prises de conscience de Marion sont même assez sympathiques, c’est toujours bon de voir une femme s’émanciper. Dommage que cette émancipation soit vue comme un reniement de soi et un virage vers un comportement vu comme “masculin” mais qui me semble simplement égoïste et immature – je ne parle pas de ses aventures bien sûr mais de son désintérêt des autres comme si la sollicitude qui la caractérisait jusque là n’avaient été que comédie. Cela dit pour l’immaturité, quasiment tous les personnages de ce roman peuvent se donner la main. Un roman intéressant et bien ficelé donc, qui traite d’une sujet prenant – la tyrannie des apparences – et dont les pages tournent facilement, mais un tantinet caricatural à mon goût, avec des personnages un peu trop superficiels même si j’ai conscience que c’était probablement l’intention de l’autrice. Vif !
Faire les sucres – Fanny Britt – 2020 – Le cheval d’Août
PS : le titre renvoie à l’érablière qu’Adam achète sur un coup de tête et qu’il décide d’exploiter avec l’aide des anciens propriétaires des lieux… La période des sucres, c’est quand les jours réchauffent alors que les nuits restent froides et que la sève des érables coule… soupir, des siècles que je ne suis plus allée dans une cabane à sucre !
Lu dans le cadre du très pétillant Québec en novembre, animé par la très délicieuse Karine et moi-même, catégorie On jase de toi, livres publié en 2020
Contente de lire ton avis. Je note ce titre malgré tes légers bémols, espérons qu’il puisse arriver bientôt en Europe.
Je le souhaite 🙂
Une expression qu’il est difficile d’adapter dans l’Hexagone.
Et oui ici les érables ne coulent pas, pas de sucres 🙂
Oui cette expression ne semble pas correspondre au contenu du roman, plus centré sur le couple, et il donnerait même une fausse idée du contenu.. Je note l’auteure;
en fait l’érablière est assez centrale dans la perte de repère du mari et certainement très symbolique 🙂