“Qui veut être le maître se perd ; qui veut par-dessus tout compter au nombre des possesseurs ne se maintiendra qu’en dépossédant tous les jours tous les autres”
Quand Malo rentre chez lui ce soir-là, c’est pour trouver un appartement vide et une soirée pétrie d’angoisse. Tant de choses peuvent arriver à Iris seule dans la ville. Et il a raison d’être inquiet car Iris a eu un accident et ne sera opérée que s’il fournit des papiers en règles… qu’il n’a pas. Iris est une clandestine ; elle n’est pas née pour être femme de compagnie et si cela se sait, les conséquences seront inexorables. Car Malo et Iris ne sont pas de la même espèce, les humains ne sont plus maitres et possesseurs de la terre et pour Malo, les choses, déjà moralement compliquées, vont aller d’inextricables en tragiques…
Conte philosophique plutôt que roman, Défaite des maitres et possesseurs, est une lecture dérangeante à plus d’un titre. Certes ce qui apparait au premier chef c’est la dénonciation du spécisme, cette idée que certaines espèces – la nôtre ou les démons stellaires du roman – auraient des droits supérieurs aux autres et notamment celui de faire subir n’importe quelles atrocités à ces autres espèces tant qu’elles y trouvent un intérêt même léger. Un réquisitoire très en vogue ces derniers temps et je dois bien l’avouer implacablement présenté – ça retourne croyez m’en. Mais au delà de ce thème très précis – et affreusement détaillé – il s’agit ici d’une dénonciation beaucoup plus large de tout un mode de vie – le nôtre – fait d’aveuglements volontaires, de dominations implacables, de déclassements sauvages, d’une violence tout azimut bardée de bons sentiments, de gaspillages et ravages irréparables, d’une fuite en avant irrépressible vers des lendemains qui déchantent déjà. Et c’est efficace. Trop peut-être pour un roman car souvent l’histoire se délite un peu dans le manifeste au point d’en perdre un tantinet d’intérêt. Tel quel c’est une fable ambitieuse, affutée et désespérante. Déprimant !
Défaite des maitres et possesseurs – Vincent Message – seuil 2016
Les avis de Aifelle, Ys , Papillon, Noukette, Lily, keisha, enthousiastes, celui de Jérôme plus réservé
C’est déprimant oui, mais personnellement ça ne m’a pas déprimée … j’ai vu une forme d’espoir dans le groupe de résistants, même s’il est faible. J’ai surtout été bluffée par le côté brillant de la démonstration.
Tout à fait d’accord pour la démonstration imparable, par contre moi il ma laissé dans un trou noir dont j’ai eu peine à m’extraire…
Ah mais zut, je le savais bien, c’est ton billet lu il y a peu qui m’a remis le bouquin en mémoire. Hop j’ajoute le lien 🙂
Je l’ai lu aussi il y a … longtemps (je connaissais l’auteur et me suis jetée sur son roman sans rien y connaître) http://enlisantenvoyageant.blogspot.fr/2016/05/defaite-des-maitres-et-possesseurs.html
Un livre choc, j’ai adoré et le recommande. Voilà, merci pour ton billet!
Oui merci pour ton lien, en plus j’avais lu ton billet mais je ne l’avais pas retrouvé hier (fatiguée ?) un bouquin marquant c’est certain et qui mérite qu’on parle de lui.
Un bouquin qui ouvre les yeux, c’est clair, et fait froid dans le dos… Mais une manière de nous dire aussi : regardez ce qui se passe, vous ne pourrez pas dire que vous ne saviez pas…
Ah mais tout à fait c’est la partie aveuglement volontaire qui fait peut être le plus mal, on sait mais on ne veut pas savoir… so true
C’est ça, l’engagement du propos prend le pas sur les aspects purement fictionnels, sur l’histoire “romancée” et du coup j’ai trouvé le texte plutôt déséquilibré (mais au final super ambitieux, impossible de dire le contraire).
Oui j’étais plutôt raccord avec ton avis sur ce roman 🙂 en même temps c’est un bouquin qui vaut la peine qu’on parle de lui 🙂
Je le note mais pas pour tout de suite. L’envie de lire n’est pas au rendez-vous en ce moment alors je me suis replongé dans Lady Agatha.
Le Papou
Ah oui, ce n’est pas un roman pur panne de lecture, il risquerait d’aggraver 🙂
Je n’ai pas du tout trouvé que c’était un “manifeste”. J’ai plongé dedans comme dans un très bon roman impossible à lâcher, et oui, ça fait froid dans le dos !
Comme quoi 🙂 En fait autant j’ai été fasciné par l’introspection de Malo, son expérience d’inspecteur, ses questionnement moraux etc… autant l’histoire d’Iris m’est restée extérieure.
Une lecture que j’avais trouvé dérangeante, mais importante.
Ah mais tout à fait, elle reste en tête 🙂
ouh la laaaa, je m’empresse de ne pas noter!!!
Mais c’est bien hein et tourmentant 🙂
Je l’ai vu en poche avec une belle couverture mais le résumé ne m’avait pas trop donné envie de le lire, par contre de ce que tu dis je suis curieuse de le lire maintenant ! Je le note dans ma wish.
C’est particuliers, très dérangeant mais ça vaut le détour 🙂