« On ne voit dans la nuit que ce que les mains peuvent toucher. »
Uashat, la Baie, est une réserve Innu – ceux qu’on appelait Montagnais autrefois, qui donne dans la baie de Sept-îles sur la Côte nord. Disons à environ 900 kilomètres au nord est de Montréal en suivant le fleuve. En innu, Kuessipan signifie à toi ou à ton tour mais je ne sais pas très bien comment raccrocher ce titre à ce portrait en petite touches, presque des instantanés, d’un lieu qui est aussi une mémoire. À moins que ce ne soit une dédicace à ce lieu par une femme construite de souvenirs, petite fille privée de père, ado assoiffée d’une illusoire liberté et puis absente ou de retour mais désormais presque étrangère – l’innu à la ville, la citadine à la réserve. En quelques très courts chapitres de quelques lignes à quelques pages, parfois aussi saisissants que des poèmes en prose, Naomi Fontaine évoque la vie dans la réserve – sa vie – dans une langue aussi épurée qu’évocatrice. Pas de folklore, ni angélisme ni misérabilisme, la réalité crue d’aujourd’hui, ceux qui partent, ceux qui restent, ceux qui naissent, les problèmes de tous les jours, ceux plus profonds dans lesquels ils s’ancrent. C’est beau, ça fait réfléchir, ça secoue, ça donne envie de monter vers le nord, pas forcément pour aller voir Uashat mais pour respirer l’air salé de la baie et du fleuve. Puissant !
Kuessipan – Naomi Fontaine – 2011 – Mémoire d’encre
L’avis enthousiaste de Karine qui m’a donné envie, celui non moins enthousiaste de Ennalit



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