Après notre cycle Rimbaldien, il était assez logique, pour continuer avec nos dimanches poétiques, que je me tourne vers Verlaine ou du moins, sinon logique, facile. J’ai donc selectionné trois de ses poèmes comme de raison et pour commencer un petit chant de renouveau, du moins est-ce ainsi que je l’entends…
La bise se rue à travers
Les buissons tout noirs et tout verts,
Glaçant la neige éparpillée,
Dans la campagne ensoleillée.
L’odeur est aigre près des bois,
L’horizon chante avec des voix,
Les coqs des clochers des villages
Luisent crûment sur les nuages,
C’est délicieux de marcher
À travers ce brouillard léger
Qu’un vent taquin parfois retrousse.
Ah ! fi de mon vieux feu qui tousse !
J’ai des fourmis plein les talons.
Debout, mon âme, vite, allons !
C’est le printemps sévère encore,
Mais qui par instants s’édulcore
D’un souffle tiède juste assez
Pour mieux sentir les froids passés
Et penser au Dieu de clémence…
Va, mon âme, à l’espoir immense !
Paul Verlaine, Sagesses, 1880


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