“Il faut faire sauter l’Acropole !” – tel était l’appel lancé en 1944 par le cercle surréaliste Les Annonciateurs du chaos. Soixante ans plus tard, un jeune homme vient de passer à l’acte. Le Parthénon a été pulvérisé, la ville est orpheline. Est-elle encore elle-même ?
Autour de ce passage à l’acte qui pétrifie la ville, Les voix se croisent, témoignage d’un gardien du site, monologue supposé du coupable, facilement découvert et tout prêt à avouer, voix désincarnées de l’enquête policière, voix surgies d’un passé littéraire effervescent, voix qui s’interrogent. Le passé a-t-il disparu ? l’avenir est-il encore possible ? A partir d’une provocation surréaliste dans la grande tradition dada – parfaitement vraisemblable sinon avérée, Christos Chryssopoulos construit une réflexion singulière en forme de dossier d’instruction ; recueil de témoignages fantasmé, philosophique ou terre à terre, un peu iconoclaste, un peu désespéré, sur la charge du passé, les difficultés du présent et les brumes de l’avenir dans un pays, une ville, une société en crise qui s’étiolent et se délitent sous le poids d’un prestige en ruine. Stimulant !
“Le futur était du passé. L’ambition un surgissement de la mémoire. le rêve, un souvenir. Et aujourd’hui, pour la première fois, nous n’avons pas d’origine, et peut être est-ce pour cela que nous parviendrons à choisir une direction vers laquelle nous tourner. Le parcours doit être réinventé ; l’histoire doit être récrite”(P57)
La Destruction du Parthénon – Christos Chryssopoulos – 2010 – traduit du grec par Anne-Laure Brissac – 2012 – Acte sud
PS : Quand le talent de l’auteur croise la méconnaissance absolue de l’histoire moderne d’un pays – en l’occurrence la mienne, on se retrouve (je parle de moi) face à des océans d’interrogations. L’invocation nihiliste est parfaitement vraisemblable et reprises sans ambiguïtés par les articles (français) lus sur ce roman, je ne l’ai donc d’abord acceptée comme vérité toute crue, historique et dadaïste. Puis vint le doute (on ne se refait pas) et la recherche. Sans vouloir tirer de conclusion hâtive, je n’ai trouvé aucune allusion à un poète dénommé Yorgos Makris ou à aucun de ses amis cités ni à une Société des saboteurs esthétiques d’antiquités, encore moins à un groupe d’écrivains se revendiquant Annonciateurs du chaos. Pourtant ils existent, Christos Chryssopoulos les a inventés, remarquez je n’ai pas accès au web en caractères grecs, ils se cachent peut être là, d’ailleurs est-ce si important…
“La profanation du sacré est la tâche politique de la génération qui vient”. Giorgio Agamben (P91)
Lu dans le cadre de l’année grecque organisée par les cousines Cryssilda et yueyin
Une lecture qui s’inscrit aussi dans le cadre du défi lire le monde organisé par Yspaddaden
Et pour faire plaisir à Lou je ne résiste pas à exhiber l’un de ses joyeux logo alternatifs
Peur de rien ! Merci, Yueyin.
Mon ‘Parthénon’ viendra le 9 mars.
Tu as le temps, ça se lit tout seul 🙂
Au moment où des fous furieux font disparaitre le passé millénaire, ce roman doit avoir des résonances particulières…
Tout à fait, et le fait que le roman soit sorti en 2010 quand la crise a vraimetn commencé à ravager la Grèce n’est certainement pas fortuit 🙂
http://www.ascsa.edu.gr/index.php/news/newsDetails/summary-of-vassilios-lambropoulos-lecture
Makris did indeed existed!
The story of his is absolutely true
🙂
Thank you, I had searched a long time on internet and didn’t find anything 🙂 thank you for your novel too, a very fine time of reading.
Je vois que l’auteur lui-même t’a laissé un message, je me fais toute petite derrière. Je le note, la lecture n’en a pas l’air trop ardue ?
Oh non ça se lit très bien mais ça fait gamberger 🙂
Oh c’est la classe en commentaire de ce billet !!!! 😀
Si je n’ai pas sombré dans la déprime avant de terminer “Monde clos”, je lirai peut-être celui-ci aussi !
Oui ça fait tout drôle 🙂 mais c’est agréable et en plus je me posais vraiment la question 🙂
Oh, tu me tentes, toi! Je vais voir si je trouve ça!
une chouette lecture qui sort des sentiers battus 🙂
Oh mais voilà qui est drôlement attirant !
Comment survivre à la destruction de ce qui fonde l’identité d’un peuple ? C’est une question passionnante. En outre, le Parthénon est l’incarnation d’une culture qui va bien au-delà du peuple grec. C’est une question passionnante ! Surtout, comme le rappelle justement Sandrine, à l’heure où certains accomplissent ce geste ô combien effarant et effrayant.
Merci pour cette belle suggestion de lecture !
Oh oui, ça ouvre toute sorte de pistes de réflexion,que ressent-on quand le monde entier ne voit dans notre culture que ce qui s’est passé il y a 3000 ans en ignorant totalement tout le reste… y compris peut être les problèmes du présent 🙂
Il y a longtemps que je n’ai pas lu de littérature grecque !
Ah bien c’est l’année pour te rattrapper Alex, accompagne-nous 😀
ça a quand même l’air un peu perché, je ne suis pas certain d’y trouver mon compte.
Voui j’avoue, c’est perché mais n’empêche, ça fait réflechir 🙂
J’ose pas commenter un blog suivi par les auteurs étrangers 🙂
Le Papou
Pas vraiment étrangers monsieur papou, pas pour nous 🙂