Naïma est une jeune femme indépendante et plutôt bien dans sa peau, de son travail dans une galerie jusqu’à ses aventures amoureuses, elle se sent en phase avec sa vie de parisienne branchée. Seulement dans la France de 2015, tout semble soudain la renvoyer à des origines dont elle ne s’est jamais souciée et dont personne ne lui a jamais parlé. Non qu’elle ait posé des questions d’ailleurs… Alors peu à peu au travers d’un projet d’exposition, Naïma va remonter dans l’histoire de sa famille, dans l’histoire de l’Algérie, dans l’histoire des harkis – mais qu’est-ce qu’un harki d’abord et jusqu’où cette plongée dans le passé – et le présent – l’emmènera-t-elle ?
Difficile de rendre justice à ce roman foisonnant où à travers l’histoire de trois générations, l’auteure noue de multiples questions essentielles et fascinantes, liées aux secrets de famille, aux mensonges de l’histoire, aux ombres de la mémoire, voire aux brumes de nos origines. L’art de perdre explore les vies de Ali, homme fort d’une Kabylie qu’il croyait immuable devenu harki sans le savoir, de Hamid qui après avoir contemplé le futur à travers les barbelés d’un camp décide de jouer la carte de l’oubli, de Naïma enfin qui, un peu tard, cherche à recoller les morceaux d’une histoire familiale dispersée et peut-être déjà hors de portée. Alice Zeniter signe ici un roman puissant à la pertinence troublante, dans une une écriture aussi fluide que précise, donnant vie à des personnages qui distillent une véritable émotion. J’avais énormément aimé Sombre dimanche mais je crois que celui-ci est meilleur encore. Passionnant !
L’art de perdre – Alice Zeniter – Flammarion – 2017
PS : mention spéciale au titre magnifique tiré d’un poème d’Elizabeth Bishop que je compte bien partager avec vous d’ici peu.
PPS : Malgré l’excellent souvenir de Sombre dimanche, je n’avais pas vraiment envisagé de lire ce roman avant de voir l’auteure en interview… bien m’en a pris !
Cela fait du bien de voir que, parfois, les grandes injustices de l’histoire ne sont pas totalement enfouies dans les mémoires. Le sort des Harkis fait partie de ces injustices.
leur sort et l’incompréhension qui les entoure, je suis bien d’accord avec toi… ce livre est une bouffée d’air frais 🙂
Elle a parlé du poème d’Elisabeth Bishop à la Grande Librairie. Et elle doit venir bientôt dans ma petite librairie de ville, j’irai l’écouter bien sûr. Et il faut que je sorte “sombre dimanche” de ma PAL, enfin !
j’avais beaucoup beaucoup aimé 🙂 oui je l’ai vue dans la grande librairie, ce qui m’a donné envie de chercher encore un peu plus… mais j’avoue que le poème m’avait ddéjà tapé dans l’oeil dans le roman quand l’un des personnages le cite à la fin 🙂
J’avais bien aimé Sombre dimanche également. Tu me tentes.
j’espère qu’il te plaira autant qu’à moi 🙂
Le titre est splendide, je suis bien d’accord avec toi. C’est un roman qui va forcément remporter un prix cet automne, et ce sera largement mérité on dirait.
je trouve en tout cas, tu penses le lire ?
C’est ma prochaine lecture, j’ai hâte
J’espère qu’il te plaira autant qu’à moi 🙂
Un grand roman ! Il faut que je prenne le temps d’en parler…!
Il le mérite 🙂