Liquidation à la grecque

MarkarisDans une Athènes étouffée par la crise, où les annonces de restrictions sociales, les rumeurs du pire, les grèves et les manifestations se succèdent les unes aux autres sans faiblir, les têtes se mettent à tomber…au sens propre. Des banquiers sont retrouvés décapités alors qu’un mystérieux Robin des banques enjoint, par voie d’affiches, ses concitoyens à cesser de rembourser les emprunts qui les étranglent. La police – voire le gouvernement – aimerait imputer tout cela à une action terroriste mais le commissaire Charitos n’y croit pas. Il voit dans ces crimes, quelque chose de personnel qui l’incite à envisager une vengeance envers la finance. Hélas dans la Grèce d’aujourd’hui, cela revient à soupçonner les trois quarts de ses concitoyens, d’autant que la plupart semblent bien prendre faits et causes pour le meurtrier plutôt que pour les victimes et que lui-même n’est pas tout à fait sûr d’être du bon côté dans cette histoire…

De Petros Markaris, je connaissais L’Empoisonneuse d’Istanbul qui mettait déjà en scène le commissaire Charitos et que j’avais beaucoup aimé. Liquidation à la grecque, premier volume de la Trilogie de la crise, est tout aussi bon mais prête moins à sourire car il nous fait entrer de plein pied dans la situation des Grecs d’aujourd’hui. Les salaires s’amenuisent, les retraites sont repoussées et amputées, la sécurité sociale rognée, les perspectives d’avenir pour les jeunes ont disparu et les situations désespérées comme les protestations impuissantes se multiplient. Il y a quelque chose de terrifiant dans ces annonces qui tombent sans que le citoyens lambda y puisse quoique ce soit et on comprend – ô combien – ceux qui regardent la décapitation de quelques profiteurs de crise avec une certaine bienveillance. Car si Petros Markaris n’épargne personne et épingle au passage ceux qui ont cru en l’argent facile et les combines diverses, il ne s’en fait pas moins l’écho d’une indignation mêlée de frustration devant les donneurs de leçons en costumes cravates qui regardent tranquillement les plus fragiles sombrer tout en faisant leurs choux gras de cette fameuse crise. Mais je m’égare, revenons à ce très bon polar, classique dans sa construction, fort bien écrit,  à l’action astucieusement menée et entrelacée avec le quotidien d’une famille tout ce qu’il y a de plus normale (Merci Petros, de nous avoir évité le sempiternel flic alcoolo-dépressif). Une enquête prenante, des personnages attachants, un contexte qui prête à la réflexion, que demander de plus ? Efficace !

Liquidation à la grecque (trilogie de la crise 1) – Petros Markaris – 2010 – traduit du grec par Michel Volkovitch – Seuil 2012

L’avis de Jean-Marc, Martine, Miriam,

UlysseLu dans le cadre de la LC Polar de l’année grecque organisée par cousine Cryssilda et moi-même (et qui va probablement être commune sur quelques jours, c’est ça la vie des lectures communes)

Lire-le-monde-300x413Cette lecture s’inscrit aussi dans le cadre du défi Lire le monde organisé par Yspaddaden

PS : Les volumes suivants de la trilogie de la crise, qui s’intitulent Le Justicier d’Athènes et Pain, éducation, liberté, sont déjà dans ma PAL, décidément cette année grecque est une affaire qui tourne…

 

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