Je me mettrai un jour
À travailler vraiment
Et mon premier souci
Sera de surveiller
La forme des nuages
Ils en changent si facilement
Et si souvent
Par le vent
Chargé d’hirondelle
Et surtout
Par le vent
Qui joue à perte d’aile
Et de feuille et d’étés par les matins d’automne
Peut-être aussi
S’il m’en reste le temps
Certains midis de l’hiver pâle
Porterai-je très douce et très grande attention
Aux différents cristaux de neige
Ils sont si neufs et si pareils
À ceux d’hier-demain
À ceux de l’an dernier
Ils se ressemblent tant
Par la fenêtre
Et sont si dissemblables
Sur le bord de la fenêtre
Qu’on en oublie de regarder dehors
Qu’on en oublie de regarder dedans
On est tout blanc on est tout seul
On meurt de feu on meurt de vent
On est l’hiver et l’univers
On est dans les mains du soleil
On est si neuf et si pareil
Je mettrai un jour à travailler vraiment
Et je vous le dirai en milliers d’exemplaires
Et si cela n’a point le bonheur de vous plaire
Je me ferai nuage et j’irai vers le nord
Gilles Vigneault – Balises – 1964
Aah les mots de Vigneault, toujours aussi magiques. Merci pour ce beau moment.
avec plaisir Suzanne, et au fait j’ai lu plein de roman québécois cet été 🙂
Moi aussi, un jour, je me mettrais à travailler comme cela…
oui ça fait un tantinet rêver 🙂