Les loups sont revenus… Du moins on en voit trainer près des habitations et quelques carcasses d’orignaux ont été retrouvée très dévorés. Inhabituel autour de ce petit village du Saguenay, inhabituel et fâcheux car la saison de la chasse s’annonce et les prédateurs à deux pattes n’entendent pas partager leur proies avec l’ennemi ancestral. Alors que d’autres – les garde-chasses notamment – y voient la respiration du monde et l’assurance que les cycles continuent, certains villageois envisagent battus et pièges pendant que d’autres encore – à mille lieues de ces préoccupations – sentent, impuissants, monter la tension…
Un nouveau Lise Tremblay, c’est toujours une excellente nouvelle… J’aime son écriture, son univers, sa manière d’envisager l’homme dans sa complexité sans complaisance mais avec une certaine tolérance. Déjà dans la Héronnière, elle me rappelait ce que disait Jim Harrison sur ces gens des villes qui croient que ceux des campagnes ne peuvent qu’être vrais et bons puisqu’ils sont proches de la nature alors qu’en fait ils sont frustres, violents, alcooliques et pire encore (à vrai dire il me semble que c’était beaucoup plus cru que cela mais je n’ai pas retrouvé la citation exacte). Sans être aussi cruelle, Lise Tremblay n’est guère indulgente avec ses personnages (qu’ils viennent des rangs ou des villes d’ailleurs). Il y a ceux qui regardent sans se mêler – l’ex dentiste Ouellette, notre personnage principal en plein examen de conscience, lui qui ne s’est jamais intéressé aux autres et donc jamais mêlé de rien, ceux qui luttent pour changer les choses persuadés qu’ils sont d’être dans le vrai, ceux qui redoutent les conséquences de tout changement certains que rien ne pourra y faire, ceux enfin qui mordent pour que rien ne change… pourtant le changement est bien là, partout, dans la mort qui rôde, dans la nature qui respire, dans les loups qui chassent et les hommes qui passent. Une galerie de personnages haut en couleurs, un cadre sublime – les monts et les bois du Saguenay, une belle réflexion, une écriture prenante : du Lise Tremblay en somme. Inspirant !
L’habitude des bêtes – Lise Tremblay – 2017 – Boréal
L’avis très positif de la très merveilleuse et très fantabuleuse karine qui m’a offert cet opus.
PS : La mauvaise nouvelle c’est que je crois que j’ai quasiment tout lu de l’auteure, la bonne nouvelle c’est qu’il me reste quand même Chemin Saint Paul à dénicher.
De la même auteure dans ces pages (mon préféré ce serait peut-être La pêche blanche, ou La héronnière, ou…)
L’hiver de pluie
La danse juive
La pêche blanche
La soeur de Judith
La héronnière
comme toi j’aime les propos nuancé sur les qualités des gens de la campagne , je n’aime pas qu’on idéalise le retour à une vie “naturelle”. Et j’aime les récits canadiens
Contente que ça t’ait plu!
J’ai les deux que tu m’as conseillés dans ma pile!
Je serai toujours et irrémédiablement du côté des loups, on ne se refait pas !
Depuis le temps que je me dis qu’il faut que je découvre cette auteure…. Merci pour la piqure de rappel.
Auteure totalement inconnue. Toute mon éducation est à faire en matière de littérature québécoise !
eh bien ça m’intéresse! D’autant plus que je n’ai toujours pas lu cet auteur !