Far from the madding crowd

farUne fois n’est pas coutumes et en l’honneur du mois anglais de Titine, Lou et Cryssilda, j’ai décidé de parler un peu de cinéma, la programmation s’y prêtant grâce à cette très belle adaptation d’un roman du très victorien Thomas Hardy.
Dans la campagne anglaise du XIXe siècle, une jeune femme tente de préserver son indépendance en exploitant elle-même la ferme dont elle a hérité et se laisse courtiser par trois hommes très différents, un ancien propriétaire de troupeaux redevenu berger à la suite de revers de fortune, un riche propriétaire terrien et un sergent impécunieux mais beau parleur. De son choix qu’elle souhaite personnel et non de convenance, dépendent bien des choses, son bonheur de femme sans doute, l’avenir de sa ferme et donc le sien surtout…
Thomas Vinterberg, fidèle à l’oeuvre de Hardy (j’ai vérifié, la fin surtout m’interrogeais et j’ai filé la lire directement en sortant du cinéma), brosse ici un étonnant portrait de femme, à la fois tout à fait vulnérable et extrêmement forte : Vulnérable à la fois de part une certaine innocence et de part les conventions attachées aux sphères séparées dans l’Angleterre victorienne, réservant toute activité publique aux hommes – serait-ce la simple vente de grains – mais forte de son désir d’indépendance, de son courage physique et d’une intelligence éminemment pratique. Une femme moderne en somme, avec ses défauts, ses choix parfois mal inspirés et qui peine à savoir ce qu’elle veut vraiment mais n’en est que plus attachante. (Quoiqu’il puisse arriver qu’on ait envie de la secouer un tantinet je l’avoue, la distance historique ne fait pas tout, Bathsheba, Bathsheba, (Bathsheba Everdene c’est son nom) mais ouvre les yeux enfin…).
Les images de cette adaptation très classique dans sa forme sont absolument magnifiques – j’aime qu’un réalisateur sache exprimer tout un contexte par la subtilité d’une image ou d’un costume, la reconstitution d’époque semble parfaite, le rythme est impeccable et l’interprétation tout en finesse des différents acteurs excellente. Que dire de plus sinon que j’ai passé un excellent moment et découvert Matthias Shoenaerts ce qui ne gâche rien. A voir !
Far from the madding crowd – Loin de la foule déchainée – film américano-britanique de Thomas Vinterberg avec Carey Mulligan, Matthias Shoenaerts, Michel Sheen et Tom Sturridge – 2015, d’après le roman éponyme de Thomas Hardy 1874
PS : D’aucuns prétendent (mais j’ai oublié où je l’ai lu hélas) que le nom de Bathsheba Everdene aurait inspiré celui de Katniss Everdeen l’héroïne de Hunger Games, ma foi pourquoi pas…
PPS : Du coup, je vais le lire bien sûr. j’ai essayé déjà de faire connaissance avec Hardy et ses Forestiers mais nous ne nous sommes pas entendus, avec Loin de la foule déchainée j’ai bon espoir, si, si…
PPPS : Vous doutez encore tsss, aller voir le bande annonce par ici
PPPPS : Est-ce que vous avez une idée de la difficulté qu’il y a à écrire Bathsheba toujours de la même manière ? non ? C’est terrible, j’ai dû inventer au moins quatre orthographes différentes et je me suis relue dix fois !

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Murder on the Orient Express

murderAprès une enquête en Syrie, menée comme d’habitude avec le plus grand succès, Hercule Poirot sur le chemin du retour, emprunte le très célèbre et très select Simplon Orient Express, le fameux train qui relie Istanbul à Paris puis Londres. Malgré l’époque hivernale, le train s’avère étonnamment plein, et le détective peine à y trouver place, pire deux jours après le départ, on découvre le cadavre d’un voyageur de première classe alors que d’énormes congères bloquent le train en rase campagne…
Pourquoi choisir l’Orient Express plutôt qu’un autre de mes romans favoris de Dame Agatha ? Tout à commencé – un jour jusque là ordinaire – par l’audition d’un audiobook. (figurez-vous que j’ai tendance à m’ennuyer au volant et que j’écoute des livres pour éviter de m’endormir). Bref ce jour-là, j’insère dans l’appareil le premier CD du crime de l’orient express avec une certaine gourmandise et au bout de deux phrases (à peine) drame ! honte ! scandale ! Qu’est-ce que c’est que cette traduction infâme ? Je persiste un peu, grince des dents et finis par couper le sifflet à Denis Podalydès au bout d’un quart d’heure. Inécoutable. Tout l’esprit, la verve et l’humour de la dame effacés jusqu’au dernier mot. Et là un doute m’assaille, je n’ai encore jamais lu Murder on the Orient Express en anglais, est-il possible que cette abominable version soit une traduction fidèle ? Je n’en crois rien mais enfin, le soir même je me précipite et, soulagement sans nom, je retrouve l’esprit inimitable de ma très chère et très aimée Agatha. Comme quoi, les anciennes traductions (celle de Louis Postif date de 1934 semble-t-il) ne sont pas toujours mauvaises ni les nouveaux projets fidèles (l’audiobook date de 2012).
C’est qu’au delà du roman policier en wagon clos devenu un classique par son audace, l’un de ceux que j’appelle les exercices de style de dame Agatha (avec le meurtre de Roger Ackroyd et Dix petits nègres), ce qui fait tout le charme de ce récit (oui même si l’on connait la fin), c’est cet esprit que l’auteure a toujours su insuffler à ses personnages comme à ses dialogues. Car voilà, je l’affirme ici, ce roman est plein d’humour – oui même dans les tout premiers paragraphes tandis que Poirot et le lieutenant Dubosc se gèlent avec toute la politesse requise sur le quai verglacé de la gare d’Alep, l’intrigue est évidemment astucieuse – l’auteur fait un usage inspiré – à la limite de la parodie – des clichés nationaux dans lesquels elle tombe si souvent, le rythme est enlevé, l’ambiance délicieusement exotique qui fait revivre pour nous un monde définitivement révolu. Bref c’est un chef d’oeuvre à lire dans la langue christienne ou tout au moins dans une bonne traduction (celle avec humour). Incontournable !
Murder on the Orient Express – Agatha Christie – 1934
PS : Finalement je me dis que Dame Agatha serait une bonne façon de me mettre aux audiobooks en anglais, j’ai déjà essayé mais je n’arrivait pas à suivre le débit – pourtant mélodieux j’en conviens – du très séduisant David Tennant, au moins là, je connaitrais les histoires, et en détails.
moisanglaisC’est le mois anglais, les gens, celui des so british Titine, Lou et Cryssilda. Enjoy !

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Eleven

elevenXavier Ireland est le réconfort des londoniens insomniaques. Tous les soirs, de minuit à quatre heures du matin, il anime une émission de radio plutôt populaire pour ce créneau horaire, prend des appels de gens un tantinet perdus, discute avec eux sur les ondes et leur apporte tout le réconfort possible… Mais pour ce qui est du reste de sa vie, il s’applique surtout à éviter toute relation trop proche avec quiconque, restant soigneusement à l’écart de la vie des autres. Certes sa tranquillité apparente tient plus de la solitude aigüe que de la sérénité mais il croit avoir trouvé un équilibre jusqu’à une rencontre inattendue qui après avoir mis de l’ordre dans son appartement contre espèces sonnantes et trébuchantes va semer le chaos dans sa vie…
Eleven est un roman sympathique à bien des égards, dans un Londres joliment évoqué, l’auteur convoque l’effet papillon et se posant en narrateur omniscient, entrelace les destins en une longue chaîne de causalité. L’idée est sinon nouvelle du moins séduisante et le procédé pourrait être efficace, malheureusement la narration manque de rigueur et les personnages d’épaisseur. Si Pippa – le vecteur de chaos, je ne spoile pas on le sait à la seconde où elle apparait dans l’histoire – est assez attachante, Xavier manque trop de maturité ou peut être de profondeur pour être vraiment intéressant, les autres sont à peine ébauchés et j’ai bien peur d’en avoir oublié la plupart avant même d’avoir refermé le roman. Reste une histoire plaisante dans un cadre agréable – London everybody – et une écriture plutôt allègre. Distrayant !
Eleven – Mark Watson – 2011 – Traduit de l’anglais par Esther Menevis – Albin Michel
Lu dans le cadre du délicieux mois anglais et de la LC du même métal organisés par les glamourous Cryssilda, Titine et Lou.

moisanglais

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Les singuliers

singuliers1888, Hugo Bloch (des célèbres faïenciers Villeroy et Bloch) débarque à Pont-Aven car c’est là, dit-on, que se retrouvent les peintres les plus novateurs du temps. Soulagé d’échapper à l’académisme figé qui règne dans les beaux arts parisiens – du moins ceux qui ont pignon sur rue, avide de s’affranchir du carcan bourgeois où voudraient le maintenir ses parents, il fraie avec bonheur avec des peintres aussi peu fréquentables que Gauguin, arpente les paysages bretons, s’essaie à la photographie et entame une correspondance suivie avec sa cousine – étudiante à Paris, ainsi qu’avec son meilleur ami Tobias resté en Belgique. De lettre en lettre, les correspondants échangent sur la vie, l’art, la peinture dont les codes sont en train de changer sous les yeux d’Hugo et les pinceaux des Symbolistes, mais aussi sur la photographie – peut-elle devenir un art ?, l’exposition universelle de Paris – cette tour est-elle belle ou affreuse ?, Van Gogh – ce génie, ce fou ?, la maladie, le deuil et tout ce qui fait, pour ces jeunes gens, artistes passionnées, le sel de la vie…
Quelle magnifique pépite que ce roman épistolaire qui croque en une correspondance enlevée trois années de la vie d’un jeune bourgeois en rupture de ban : trois années qui comptent pour la peinture, trois années “fin de siècle” pétillantes où quelques femmes commencent timidement à se libérer, trois années d’apprentissage enfin pour des personnages tout en finesse, terriblement attachants et qu’on a peine à quitter – mention spéciale pour Hazel, la sémillante cousine pour qui j’ai eu un coup de foudre littéraire. Anne Percin mêle avec maestria le fictif à l’historique et fait revivre avec un bonheur absolu et une profondeur étonnante, une tranche de siècle chatoyante et colorée. C’est vif, c’est ardent, c’est frais. A déguster !
Les singuliers – Anne Percin – 2014 – Le Rouergue
L’avis de Cuné qui m’a donné envie

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June is back ! (le mois anglais revient)

moisanglaisEt oui le joli mois de Juin revient avec son cortège de lectures anglaises orchestrées de main de maîtres par les sémillantes Cryssilda, Titine et Lou. Le mois anglais, c’est la simplicité même, tout ce qui est anglais ou se passe en Angleterre y est licite – livres, films, séries, recettes, poèmes, kitscheries (Si vous êtes sages, je vous montrerai ma boite à biscuit Royal baby), tout est bon (attention quand même à ne pas confondre anglais et écossais, si vous voulez éviter les foudre de Dame Cryssilda).

Bien sûr il y a de multiples rencontres organisées sous forme de lectures communes si cela vous chante mais vous pouvez aussi faire votre parcours à votre gré, ou panacher comme je le fais toujours. Quelques lectures communes ou thématiques et pour le reste, improvisation ! Ce mois-ci j’ai quelques photos en réserve, du Mark Watson, du McEwan, du Dickens si tout va bien, du Daphné (Beaucoup), un peu d’Agatha et pour le reste je me tâte encore, St-Aubyn peut être ou Kureishi, je m’interroge. De toutes façons mon programme risque de changer plusieurs fois car je lis selon l’envie et l’envie souvent varie.

En attendant voici le programme des rencontres interblogs et je vous souhaite de sublimissimes plaisirs à lire (voir, admirer, manger) anglais… Enjoy !

englishmonthLC consacrées à un auteur :
-LC Mark Watson : 1er juin
-LC ou billet hommage à Terry Pratchett : 10 juin
-LC autour d’Ann Granger : 12 juin
-LC Daphné du Maurier : 13 juin
-LC autour de Jane Austen : 16 juin
-LC autour de Tracy Chevalier (romans se déroulant en Angleterre) : 20 juin
-LC autour de Ian McEwan : 24 juin
-LC autour de Charles Dickens : 26 juin
-LC autour de Daniel Defoe : 28 juin
-LC 200 ans d’Anthony Trollope : 30 juin

-LC autour de Conan Doyle : Date ?
-LC autour de Jonathan Coe : Date ?

LC sur d’autres thématiques :
-Journée polar anglais : 4 juin
-Roman historique se déroulant en Angleterre : 6 juin
-Journée littérature enfantine anglaise : 8 juin
-Journée Reines et Rois anglais : 14 juin
-Journée auteurs anglais d’origine étrangère : 15 juin
-Journée autour des écrivaines anglaises du 20ème siècle : 18 juin

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Le tag des blogueurs lecteurs

Dame Cuné a eu la très bonne idée de ressortir un de ces vieux tag que nous avions rempli jadis – j’en suis sûre – mais que je n’ai pas retrouvé, merci à mon sens de l’ordre et de la méthode (si vous voulez lancer les recherche, pensez à prendre votre lampe frontale). Bref, enchantée par ses réponses et par celles de Papillon, je me suis selon la règle, auto taguée et voici le résultat de mes cogitations du dimanche.

uchronie1. Plutôt corne ou marque-page ?
Cornes définitivement. Oh j’ai une quantité astronomique de marque-pages, souvent fort jolis mais je les perds, les laisse dans les livres, ils tombent tout seuls, bref je suis toujours à court au moment idoine. Pour les livres prêtés, je tente le post-it, déchire des chiffons de papier et finalement perds mes repères et fais sans. (ceci est mon guide de l’uchronie, my bad)

2. As-tu déjà reçu un livre en cadeau ?
Oh oui souvent et depuis toujours, je n’en ai jamais assez et de toute façon je ne m’achète jamais de « beaux livres » (ça me culpabilise) alors je les liste pour les ressortir à noël.

3. Lis-tu dans ton bain ?
Oui bien sûr, quand je prends un bain, ce qui est rare ! (il faut une plombe pour remplir ma baignoire) Je m’ennuierai sinon. Cela dit, je procède avec méthode et préparation pour éviter l’accident et je n’ai encore jamais essayé avec la liseuse. Dites, peut-on s’électrocuter avec une liseuse. ?

4. As-tu déjà pensé à écrire un livre ?
Souvent, très souvent même mais je suis trop velléitaire je pense.

5. Que penses-tu des séries de plusieurs tomes ?
Rien de spécial. Certains livres se suffisent à eux-même d’autres s’épanouissent dans la continuité. Je ne suis pas sectaire, je lis ce qui me plait que cela fasse 58 pages ou 6000. (Ahem, je me souviens du premier challenge des grandes sagas de l’été, où je m’étais aperçu avec un brin d’effroi que j’avais lu presque toutes les suggestions, ce qui représentait un nombre tout à fait déraisonnable de pages)

liaisons6. As-tu un livre culte ?
Plusieurs ! Et j’espère en découvrir d’autres. Comme ça au débotté, citons Le seigneur des anneaux évidemment que je lis chaque année, Pride and Préjudice qu’une année d’intense austenmania j’ai lu quelque soixante fois et tellement d’autres des Liaisons dangereuses à Harry Potter. Oui je relève de l’enthousiasme obsessionnel et non je ne me soigne pas.

7. Aimes-tu relire ?
Depuis toujours, au départ parce que je manquais de lecture, lisant définitivement trop vite, et ensuite pour le plaisir des mots, des phrases, des amis de papiers et de la redécouverte encore et encore.

8. Rencontrer ou ne pas rencontrer les auteurs de livres qu’on a aimés ?
Je ne sais pas trop, en théorie oui – quoique confondre œuvre et auteur soit par nature piégeux -, en pratique ma timidité se révèle pleinement dans ces circonstances où je ne trouve strictement rien à dire que : J’aime beaucoup ce que vous faite ! (et encore je m’arrête le plus souvent à Bonjour, tiens j’ai dis bonjour à Peter May cette année)

9. Aimes-tu parler de tes lectures ?
J’adore, c’est mon sujet de conversation favori entre tous – chaque conversation amène un peu de lumière, une idée neuve, un aspect ignoré, une nouvelle piste de lecture ou juste le plaisir de partager. C’est au reste ce qui m’a fait ouvrir un blog… il y a huit ans et demi – tout ce temps déjà !

10. Comment choisis-tu tes livres ?
Principalement en lisant : d’autres livres, les blogs, la presse… ensuite en causant, les lecteurs sont de grands prescripteurs, et finalement au hasard des couvertures et des découvertes dans les librairies et les bibliothèques (mais oui je cumule les vices, je vais à la bibliothèque).

11. Une lecture inavouable ?
Ma fois je crois que j’ai déjà tout avoué. Mon totem c’est le chat et le chat est curieux, j’ai même lu le livre d’une ex-compagne de président, si, si : littérairement sans intérêt, éditorialement bâclé, mais psychologiquement plein d’enseignements.

12. Des endroits préférés pour lire ?
Mon lit peut être mais honnêtement je lis partout.

pile13. Un livre idéal pour toi serait…
Le prochain peut être. Long, passionnant, subtil, bien écrit, empathique, poétique et autre hic. Le plaisir de la lecture c’est qu’on ne sait jamais vraiment quand la chimie va opérer. On se doute certes mais…

14. Lire par-dessus l’épaule ?
Curieuse, je vous dis, curieuse…

15. Télé, jeux vidéo ou livre ?
Livres en premier, après je regarde la télévision en famille – surtout des séries – et je joue de temps à autres par foucade.

16. Lire et manger ?
Un très grand plaisir de la vie.

17. Lecture en musique, en silence, peu importe ?
En silence en général mais comme je lis partout… Autrefois je lisais devant la télévision mais je n’y arrive plus, par contre je peux toujours geeker sur les blogs et les réseaux sociaux.

18. Que deviendrais-tu sans livres ?
Je m’adapterai je suppose mais je n’imagine même pas. Brrr !

19. Tu achètes un livre sur le Net et tu le reçois un peu abîmé. Que fais-tu ?
Je le lis.

20. Quel est l’élément qui t’a donné le goût de la lecture ?
Dans mes souvenirs, j’ai lu mon premier vrai livre parce que je voulais connaître la suite du Club des cinq se distingue ; ma mère avait commencer de me le lire et m’avait abandonné en plein milieu. Mais ce qui m’a donné le goût de la lecture, je ne sais pas. J’avais besoin de nourrir mon imagination, je suppose.

LOTR21. Que penses-tu de toutes ces adaptations cinématographiques ?
J’adore, je veux toutes les voir. Je proteste et m’indigne parfois mais en général je suis bon public, j’aime voir ce que d’autres ont vu dans un livre et si cela correspond à ma vision, alors là, là, c’est fantabuleux !

darcy22. Si tu ne devais retenir qu’un seul personnage rencontré dans tes lectures, ce serait lequel ?
Fitzwilliam Darcy.

23. Quels sont les 5 livres de ta PAL qui te font le plus envie ?
Aucune idée, je ne sais pas ce qu’il y a dans ma pal, c’est bien embêtant d’ailleurs.

24. Si tu ne pouvais plus lire qu’un seul type de livre, lequel ce serait ?
Pourquoi diable m’imposerais-je de telles contraintes ? Je voudrais changer de type régulièrement, c’est possible ou pas ?

25. Comment classes-tu tes livres dans ta bibliothèque ?
Comme je peux, faute de place. En théorie par genre : Littérature générale, SFFF, Polars, Essai et à l’intérieur de chaque genre par ordre alphabétique d’auteurs. Mais ça c’est la théorie, en pratique, j’ai des piles.

26. Es-tu livre papier ou e-book ?
Les deux mon capitaine. Je trouve la liseuse extrêmement pratique mais j’adore sentir le poids d’un livre, le rêche d’un papier, le lisse d’une couverture.

27. Que fais-tu de tes livres une fois lus ?
Je les pose sur une pile en espérant pouvoir les ranger un jour, ou je les prête, ce qui règle le problème pour un temps.

28. Connais-tu la règle de la page 99 ? Et si oui, est ce que tu l’appliques parfois à tes lectures ?
Je connais mais je ne pratique pas. Je commence un livre et si je n’accroche pas, je le pose – en général bien avant d’arriver à la page 99.

milady29. Quel est, parmi toutes tes lectures, ton « méchant » préféré ?
Depuis que j’ai lu le Tag de Papillon, je pense à Valmont : quel beau choix même si je ne suis pas sûre de le voir en méchant, mais je dirais Milady, voilà un personnage qu’on aimerait autant être que détester.

30. Que penses-tu des challenges littéraires ?
Je les trouve stimulants. Il fut un temps où je m’inscrivais à pratiquement tous les challenges, je ne les finissais jamais mais qu’importe… trouver de nouvelles pistes de lecture, faire des listes, que du bonheur.

31. Quel est le livre que tu as le plus détesté ?
Je ne finis jamais les livres que je n’aime pas. Cependant je peux citer Ravages que j’ai relu l’année dernière parce qu’il m’avait été culte à l’adolescence. L’idéologie qui le porte tout entier et que je n’avais pas du tout repérée à 15 ans m’a donné la nausée, celui-là a frôlé le feu de cheminée ou plus prosaïquement la poubelle (une première).

xpoesie-du-gerondif.pagespeed.ic.-uMurEDguf32. Ton dernier coup de cœur littéraire ?
Je traverse une période gravement Du Maurier mais mon dernier coup de cœur absolu fut pour Jean-Pierre Minaudier et sa Poésie du Gérondif (mon cœur en rate un battement) et j’ai décidé – plus ou moins récemment – de lire tout Antoine Bello et tout Jaume Cabre, ça compte ?

Alors les gens, à vos claviers morbleu…

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Les falsificateurs – Les éclaireurs – Les producteurs

falsificateursAu début des années quatre-vingt-dix, Sliv Dartunghuver, jeune islandais tout juste diplômé en géographie trouve un emploi fort avantageux dans un cabinet d’enquêtes environnementales. Très vite cependant, son recruteur lui apprend que le cabinet – outre ses activités environnementales – sert de couverture en Islande aux activités d’une société secrète multinationale, le Centre de falsification du réel, CFR donc, qui comme son nom l’indique a pour vocation de créer de toutes pièces des scénarios – historiques, scientifiques, artistiques – appuyés par un maquillage rigoureux des sources et destinés à donner – en quelque sorte – quelques coups de pouce à la réalité. Ainsi dans les années cinquante, un agent bien inspiré aurait donné un nouvel élan à la conquête spatiale en inventant une chienne – Laika – supposée premier être vivant – et soviétique – dans l’espace. De quoi faire rêver tout jeune homme un tant soit peu imaginatif. Un écueil toutefois, le CFR étant une organisation secrète et pyramidale, seules les instances supérieures en connaissent son but – ses agents eux, en ignorent tout… Premier dilemme éthique pour Sliv qui sera suivi de beaucoup d’autres. Car sans en dire trop, sachant qu’il s’agit d’une trilogie dont le troisième opus vient de sortir, vous pensez bien que Sliv va non seulement accepter la proposition de son nouveau mentor mais de surcroît se révéler rapidement une recrue de choix et un scénariste hors pairs.
Comment résumer l’effet assez incroyable que m’ont fait ces trois romans, lus d’une traite – trois en trois jours – avec une jubilation de presque tous les instants. Antoine Bello joue ici avec tous les codes du roman d’espionnage classique mais en brodant une histoire – de multiples histoires pourrait-on dire – des plus originales ; une histoire qui traite de la réalité, de la perception et de la manipulation, une histoire enlevée, prenante et souvent drolatique, une histoire enfin d’une grande largeur de vue, ancrée dans le rationnel, le contemporain et la mondialisation. On y croise des personnages de tous horizons et de toutes nationalités, qui se posent les questions essentielles d’aujourd’hui, sans trouver de réponses sans doute mais en ayant le mérite d’en débattre.
Bien sûr, vous ne saurez rien ici qui puisse gâcher votre plaisir de lecture, disons simplement que le premier opus traite du démiurge, du falsificateur qui s’intoxique à jouer avec la réalité des autres au point d’en oublier les contours voire d’ignorer les limites entre la fiction qui se moule docilement à l’imagination et le réel qui refuse parfois durement de plier. Le second oles-eclaireurs,M18451pus, qui commence quelques jours à peine avant le 11 septembre 2001, traite plutôt du cas des “autres”, ceux qui croient, les aveuglés, les mystifiés pourrait-on dire mais le sont-ils vraiment ? Ou choisissent-ils consciemment ou non – le roman traite des deux cas – ce qu’ils ont envie de croire… Au passage l’auteur me semble régler quelques comptes avec une certaine Amérique – celle de la passivité, du renoncement, de l’aveuglement plus ou moins volontaire, celle des années Bush en somme mais peut être pas uniquement. Quand au troisième tome qui commence pendant la campagne d’Obama ou nos falsificateurs pensent avoir potentiellement un rôle a jouer mais débattent âprement des limites éthiques de ce rôle, il s’interroge sur la matière même de la réalité – celle des souvenirs autant que celle des archives – et s’épanouit dans les nouveaux questionnements d’un monde quadrillé par internet, dont l’existence avait d’abord réjouit nos falsificateurs – pirater une base de données prenant moins de temps et laissant moins de traces que créer de toutes pièces une fausse carte du XIVe – avant qu’ils ne se rendent compte qu’elle les mettait sur la sellette, soumis à la vigilance d’yeux innombrables et de multiples micro-experts auto proclamés mais aussi en concurrence avec de nouveaux créateurs d’histoires bien moins vraisemblables ou vérifiables que les leurs mais pourtant étonnamment suivies par une opinion qui ne sait plus faire le tri entre le vrai, le vraisemblable et le non fondé, entre un avis d’expert et une croyance, entre un consensus scientifique et une théorie délirante, dans un monde enfin où, puisque tout peut être vrai, plus rien ne l’est et où, pire, tout se vaut…
producteur Après un premier tome mené tambour battant et une petite baisse de rythme dans le second, dû aux longuets (à mon goût) développements géopolitiques autour de l’intervention américaine en Irak – mais entendons nous, j’ai beaucoup aimé Les éclaireurs ne serait-ce que parce qu’on y apprend enfin la grande finalité du CFR, encore un moment jubilatoire – le troisième commence en fanfare avec un scénario qui m’a fait hurler de rire – et pourtant le thème de la campagne Obama ne m’inspirait guère au départ – pour continuer par une invention véritablement grandiose : une civilisation antique au complet, avec éruption volcanique, fouilles sous-marines, coffre au trésor, codex quadricentenaires et une bonne dose de nouvelles technologies… tout cela dans l’espoir – mais réussiront-ils ? – de promouvoir la concorde, ce qui me semble un idéal des plus louables.
Pendant ma lecture, J’imaginais clore ce longuissime billet d’un triomphant et lapidaire “Éloge de la fiction”, en forme de petit clin d’oeil à un précédent roman de l’auteur. Car c’est réellement de cela qu’il s’agit, un éloge échevelé de l’imagination, une ode bondissante à l’inventivité des hommes et à la richesse des mondes inventés ou réels. Mais ça, c’était avant de lire la dernière partie de cette étonnante trilogie et sa toute dernière phrase, je laisse donc le dernier mot à l’auteur. Rien ne résiste à la littérature !
Les falsificateurs (2007) – Les éclaireurs (2009) – Les producteurs (2015) – Antoine Bello – Gallimard
L’avis de Papillon qui m’a donné envie
PS : J’avais beaucoup aimé du même auteur l’Enquête sur la disparition d’Émilie Brunet, (qui explore également quelques facettes inattendues de la falsification du réel finalement). Comme je le dis toujours, quelqu’un qui connait aussi bien Dame Agatha ne peut pas être entièrement mauvais.

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Le rendez-vous de Venise

le-rendez-vous-de-venise-philippe-beaussant-188x300Pendant quinze ans, Pierre a été l’ombre, le disciple, l’assistant de tous les instants de son oncle Charles, célèbre historien d’art, grand amoureux de la peinture et si totalement habité par sa passion que rien d’autres ne semblait jamais avoir pu attiré un semblant de son attention. Quelques années après sa mort pourtant, il découvre dans ses papiers un petit carnet vert qui trace un autre portrait de cet homme admiré, plus humain, plus déchiré, plus souffrant aussi. Pour Pierre, cette découverte n’est que le début du chemin…
Quel bel hymne à la peinture que ce petit roman si joliment troussé, si délicieusement écrit où le moelleux d’une voix se compare au jaune généreux d’un Tintoret, où le rose d’une joue ou la blondeur d’une chevelure s’évoque à travers le fondu d’un bleu Chardin. Philippe Beaussant dont j’avais admiré l’élégante érudition dans Le Roi Soleil se lève aussi, compose ici un jeu de miroir pictural et amoureux où chaque mot, chaque nuance, chaque objet, pourrait-on dire, semble choisi avec un soin tout particulier pour notre plaisir. Lumineux !
Le Rendez-Vous de Venise – Philippe Beaussant – Fayard – 2003
PS : Un livre qui donne envie d’admirer – différemment peut-être – absolument toutes les peintures citées.
lajeunemaitressed'écoleLa jeune maitresse d’école – Jean Siméon Chardin – 1736 (National Gallery)

 

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Manazuru

manazuru,M70886Depuis que son mari a disparu sans laisser de trace douze ans plus tôt, Kei s’est reconstruit une vie entre son travail et la famille qu’elle forme désormais avec sa mère et sa fille, aujourd’hui adolescente. Pourtant, malgré les années passées, l’absent la hante toujours, les questions restées sans réponses minent sa vie et le temps qui passe et modifie sa relation avec sa fille ne fait que renforcer son trouble et ses incertitudes. Dans le journal de son mari, découvert après sa disparition, un nom apparait sans raison apparente, Manazuru, une petite station balnéaire de la mer intérieure. Sur un coup de tête, Kei monte dans un train pour la côte…
J’aime beaucoup Kawakami Hiromi pourtant je dois dire que ce roman est des plus singuliers et certainement difficile à aborder. L’errance de Kei – tant intérieure que physique, se fond en un camaïeu de quotidien, de détresse psychologique et de fantasmagorie dont on ne sait bien ce qui relève du fantastique voire de l’ésotérisme de ce qui pourrait bien être un pur délire hallucinatoire, symptôme d’une dépression sans cesse refoulée et toujours renaissante. L’écriture est délicate, pleinement évocatrice comme toujours avec cette auteure, les rapports mères filles et leurs effets sur la personnalité éparpillée de Kei sont fort bien rendus mais il faut accepter de se laisser porter par une écriture sans vrai fil conducteur, qui s’égare à loisir dans les méandres d’un esprit perturbé. Déroutant !
Manazuru – Kawakami Hiromi – traduit du japonais par Elizabeth Suetsugu – Picquier 2009
PS : Pour ceux qui ne connaissent pas encore l’auteure, je ne saurais trop vous conseiller de commencer par Les années douces, un de mes romans préférés de tous les temps…
De la même auteure et déjà chroniqués dans ses pages donc :
les années douces (vous ai-je dit que c’était un de mes romans préférés) (adapté depuis en BD par le grand Taniguchi, je recommande)
La Brocante Nakano

 

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Contre-Jour

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Saint-Lary – Avril 2015

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