Hypérion – Les cantos 1

Cet étincelant golden challenge des Cantos d’Hypérion commence par une relecture… mais pas n’importe quelle relecture car ce roman, chroniqué il y a deux ans, fut une sorte de révélation (d’accord disons une découverte) et cette deuxième lecture n’a fait que confirmer la fascination qu’il exerce sur moi. Pour autant je ne m’étais pas précipitée comme je le pensais alors sur la suite. Sur le moment j’étais sonnée et sans doute ce premier tome se suffisait-il à lui-même. Avec le temps l’envie s’est estompée mais pas au point de disparaitre et grâce à Thom j’ai replongé avec horreur et délice dans l’univers de Dan Simmons.

En même temps, dans la mesure où j’ai déjà commis un billet qui clamait mon admiration à la face du monde, que dire de plus aujourd’hui ?

En deux mots pour ceux qui ont raté le début, Hypérion, planète des confins, est sur le point de tomber sous la menace des extros. Dans l’Hégémonie, on soupçonne une offensive beaucoup plus dangereuse à l’encontre du Retz  dans son ensemble et certains seraient prêt à tout pour que les tombeaux du temps, ces mystérieux artefacts antérieurs à l’humanité, ne tombent pas entre les mains de l’ennemi. En même temps, il semble que le Gritche, un croquemitaine de métal que l’on croyait mythique, se soit affranchi des limites de ces tombeaux et fasse sentir sa sanglante influence partout sur la planète, avant peut être de visiter le reste de l’humanité… Comme ultime mesure, à moins qu’il ne s’agisse d’un plan tordu resté dans l’ombre, un dernier pélerinage vers le Gritche est autorisé : sept personnes suffisament désespérées pour aller au devant d’une mort presque certaine sur un monde en déliquescence et chacune, au cours de ce difficile voyage, va partager ce qui la lie à la cruelle Hypérion.

Que dire de plus que la première fois ? C’est un livre monde, parfaitement monté et mis en scène, les différents récits permettent d’appréhender les multiples facettes d’un univers dans le temps et l’espace sans laisser de côté la psychologie des personnages. Toutes les dimensions s’emboitent impeccablement pour créer une histoire aux ramifications profondes. Mais ce que j’ai pu apprécier mieux encore cette fois-ci c’est à quel point les références littéraires sont imbriquées dans la substance même du récit, Keats bien sûr mais aussi Chaucer et Beowulf qui m’avaient passablement échappés la première fois et qui sont pour l’un à l’origine de la construction et pour l’autre carrément au coeur du récit, d’une certaine façon au moins. Disons que cet aspect ajoute encore à la magie de l’ensemble, en particulier pour moi qui n’aime rien tant qu’explorer les  univers de papier alors avec une histoire et des personnages aussi ambitieux en prime, c’est le paradis… enfin si on peut user de ce terme en parlant d’Hypérion. Magistral !

L’avis sans doute bien plus circonstancié de Thom

Hypérion – Dan Simmons – 1989 – traduit de l’anglais par Guy Abadia – 1990 – Robert Laffont (édité en poche chez Pocket)

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Le jeudi, c’est citation (28)

Les jeudis de Chiffonette,

“Vers la fin, bien sûr, il ne restait plus rien de toute cette splendeur. Il n’y avait plus que le claustrophobique hall à hydromel de Hrothgar, avec le monstre qui attendait dans les ténèbres de l’extérieur.”

 

Hypérion – Dan Simmons

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Top ten tuesday : mes adaptations favorites

Aujourd’hui, presque exceptionnellement, je vais me conformer au thème officiel de the broke and the bookish : les meilleurs adaptations cinématographiques de romans. Bon comme je n’ai pas envie de faire des recherches, je vais simplement lister les dix qui me viennent à l’esprit spontanément. ce qui signifie sans doute que je les ai vus plus ou moins récemment et que je vais certainement en oublier mais tant pis…

Le-seigneur-des-anneaux1. Le seigneur des anneaux – Peter Jackson – 2001-2003 – Le miracle ! Trois films magnifiques qui ont réussi l’impossible : adapter l’inadaptable et plaire aussi bien aux néophytes qu’aux fans absolus des romans de Tolkien – dont je suis ! Hourra pour Peter Jackson, Gloire à Tolkien !

et ensuite dans le désordre

2. Blade runner – Ridley Scott – 1982 – Encore un parti étonnament tenu, rendre l’atmosphère d’un livre sans décor par l’ambiance visuel… Ridley rule ! (Celui qui m’a volé mon exemplaire des androïdes rêvent-ils de moutons électriques ne l’emportera pas au paradis…)

3. Chambre avec vue – James Ivory – 1986 –  Une parfaite adaptation du roman de Forster avec une brochette de comédiens anglais parfaits !

4. Orgueil et préjugé – Joe Wright – 2005 – Non ce n’est pas une erreur, je préfère le film à la série BBC.  Cela dit j’aime beaucoup cette dernière que j’ai vue et revue mais je garde un faible pour ce film qui m’a conduite à Jane et impressionnée par la façon dont le réalisateur signifie par l’image. (Respirez, tous, j’assume)

5. La route de Madison – Clint Eastwood – 1995 – Un film meilleur que le livre d’origine, ce qui est quand même assez rare il me semble (non que je sois une spécialiste). Comment un réalisateur masculin a-t-il réalisé ce tour de force de passer d’un point de vue masculin (le livre) à un point de vue féminin (le film) avec autant de justesse ? Un des rares films qui me transforme en fontaine à tous les coups. en deux mots : un must !

6. Beignets de tomates vertes – Jon Avnet – 1991 – Un coup de blues, besoin d’un stimulant ? un petit coup de ce film (ou du livre de Fannie Flagg dont il est tiré) et hop vous vous sentez mieux illico… Un livre-film doudou !

7. Raison et sentiment – Ang Lee – 1995 – Alors oui, il n’est pas non plus aussi fidèle  au roman qu’on pourrait le souhaiter, mais quel brio, quel souffle, quelle élégance, quels acteurs – la dernière série BBC est excellente aussi notez bien…

8. Harry Potter – plusieurs réalisateurs depuis 2001, plus ou moins fidèles à l’ambiance des livres. les épisodes sont inégaux mais je n’en rate pas un, je l’avoue… Les deux premiers restituent bien l’athmosphère hogwarthienne à mon sens, les suivants plus ou moins selon le cas et le tout dernier m’a de nouveau beaucoup plu. Mention spécial à l’adaptation visuelle du quidditch, excellente ! Et puis il y a tellement de bons acteurs dans cette série, comment résister ?

9. La jeune fille à la perle – Paul Webber – 2002 – L’adaptation du seul roman de Tracy Chevalier que j’ai réussi à lire, j’ignore pourquoi. L’univers visuel du film m’a bluffé, beau et léché comme un Vermeer.

10. Le temps de l’innocence – Marton Scorcese – 1993 – Un Scorcese hors norme, superbement réalisé avec un Daniel Day-Lewis magistral. Je me demande si je ne le préfère pas au livre de Wharton (pourtant fort bon).

11. Les vestiges du jour – James Ivory – 1993 – Un très beau livre du so british kazuo Ishiguro, un très beau film du so british Ivory (encore lui), avec encore une fois des acteurs plus qu’excellents. Aurais-je un faible pour les films anglais ?

den12. In my father’s den – Brad McGann – 2004 – Voilà un film peu connu, car resté inédit en France bien qu’il ait été primé plusieurs fois (notamment au festival de Dinard). Une très belle adaptation d’un roman néo-zelandais de Maurice Gee qui réussit le tour de force de rendre parfaitement l’ambiance et le propos du livre en changeant notablement l’histoire. Excellent !

La liste de Karine  et de… faites vous connaitre 🙂

PS : Comment ça : encore douze ?

trace de tolkien

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The Secret Adversary

1155Jeunes, enthousiastes, désargentés et passablement désoeuvrés dans le Londres de l’après première guerre mondiale. Tommy et Tuppence, deux amis d’enfance, décident de créer The young adventurers, une sorte d’agence destinée à louer leurs services pour toutes actions sortant un peu de l’ordinaire et surtout rémunératrices. Du moins c’était l’idée, car avant même qu’ils aient pu la réaliser, l’aventure leur tombe dessus au détour d’un salon de thé, les entrainant dans une aventure aussi rocambolesque que dangereuse…

Ah Tommy et Tuppence ! Évidemment j’aime beaucoup les célèbres détectives de Dame Agatha mais Tommy et Tuppence, qui ont en quelques sortes vieilli avec elles, occupent une place particulière dans sa bibliographie. The Secret Adversary met en scène leur première aventure, plus roman d’espionnage que policier au demeurant, c’est aussi le deuxième roman d’Agatha Christie. A mon avis moins maitrisé que La mystérieuse affaire de Style, il n’en est pas moins parfaitement réjouissant en vertu de ses personnages, admirablement croqués et dont les “types” reviendront régulièrement dans l’œuvre de la romancière. Tuppence, vive, active (elle a été infirmière pendant la guerre comme sa créatrice), émancipée et étonnamment moderne, Tommy, assez lent et sans imagination mais dont la valeur se révèle dans les coups durs, Julius, l’américain milliardaire si dynamique, sir James Edgerton homme public plus que brillant, à la réussite et au magnétisme incontestables, Mrs Vandermeyer femme fatale un peu fanée mais encore dangereuse, et ainsi de suite…  Tous ces personnages ont des pendants (multiples parfois) dans d’autres romans de l’auteure et il est assez drôle de reconnaitre ici les premières ébauches de ce qui deviendra la marque de fabrique christienne (si j’ose dire). Tout ce qui fera le succès de la dame se trouve déjà ici, des personnages attachants, un zeste de féminisme, trois grains de conservatisme, des dialogues enlevés, beaucoup d’humour, une intrigue agréablement tordue et cette atmosphère si particulière de l’Angleterre du début du XXe siècle qu’elle savait si bien recréer. Allègre !

wasp&unicornThe Secret Adversary – Agatha Christie – 1922 – (Mr Brown en français)

Lu dans le cadre du Challenge  For the love of The Unicorn and the Wasp, où il s’agit de relire dans l’ordre chronologique tous les romans de Dame Agatha auquel cet épisode de Docteur Who (saison 4  épisode 7 avec le so glamourous (aux yeux de certaines) David Tenant, suivez un peu) fait référence. J’adore cet épisode, so surprising…

Edit edit j’ai oublié mes partners in crime Chiffonnette, Fashion, Isil, Karine, Mo et Pimpi, Shame on me !

PS : Tommy et Tuppence sont les héros de cinq romans, The Secret Adversary donc (Mr Brown) 1922, Partners in crime (publié en français en deux volumes “Associés contre le crime” et “Le crime est notre affaire) 1929, N or M ? (N ou M) 1941, By the pricking of my thumb (Mon petit doigt m’a dit) 1968, et Postern of fate (Le cheval à bascule (1973)… quand je vous disais qu’ils l’avaient accompagnés toute sa vie….

PPS : Dans un moment de masochisme absolu, j’ai comparé quelques passages avec mon exemplaire en français dont la traduction date de 1948… C’est à pleurer, il manque des passages entiers, des précisions, certaines choses sont changées on ne sait pas pourquoi… J’espère qu’il en existe de plus récentes et de meilleures, en vérité je vous le dis !

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Le jeudi c’est citation (27)

Et grâce à Chiffonette,

“Sa première vision sur l’extérieur était le soupirail en forme d’éventail de l’appartement en sous-sol. Il grimpait sur la table et passait des heures à examiner derrière les barreaux le va-et-vient des passants sur le trottoir, son âme d’enfant captivée par la contemplation des rythmes et des cadences, toujours différents, des jambes et des pieds qui traversaient son champ de vision : une vieille femme avec des mollets minces, un gamin en baskets, des hommes chaussés de brodequins, des dames aux talons hauts, les godillots sombres et luisants des soldats. Si quelqu’un s’arrêtait, il pouvait voir les détails, (…) mais c’était le changement qu’il aimait, la parade des couleurs et des mouvements.”

 

Corps et âme – Frank Conroy – 1993

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L’homme dérouté

Habituellement je ne suis pas attirée par les nouvelles, cela se sait. Mais il y a des exceptions, par exemple quand Gaëlle Nohant publie (enfin) quelquechose après trois ans d’attente (fiévreuse pour ma part) depuis son sublime roman L’ancre des rêves. Et comme prévu, je me suis régalée.

Cinq nouvelles en tout, quatre assez courtes s’épanouissent autour du thème du grain de sable, un évènement, une décision et toute une vie prend un nouveau cap, une plus longue mais nous en reparlerons…

Ce qui est magnifique dans ces récits, c’est la vie que l’auteure sait insuffler à ses personnages en si peu de pages. Ils existent, on y croit, on y repense. Ceci ajouté à une écriture précise et élégante explique sans doute la magie qui se dégage de ces histoires denses et légères comme la vie. Seule la première qui donne son titre à l’ouvrage m’a moins convaincue mais je vais la relire je pense. Parfois il faut du temps et je crois que je suis définitivement en admiration devant le style de Gaëlle, qu’on se le dise.

Quant au Fondu au noir, la plus longue nouvelle du recueil – une centaine de pages, pratiquement un court roman – c’est un petit bijou policier, retors à souhait dans un style beaucoup plus incisif et tourné vers l’action, cinématographique pour tout dire, que les autres. Normal sans doute pour un mécanisme d’horlogerie efficace jusqu’au dernier mot qui se présente comme un hommage à Roman Polanski. Un must !

 

L’homme dérouté – Gaëlle Nohant – 2010 – Géhess éditions

 

PS : Merci Gaëlle pour ce moment de pur plaisir !

PPS : Lisez-le et si vous n’avez pas encore lu L’ancre des rêves : mais qu’est-ce que vous attendez ?

PPPS : Et ce nouveau roman dame Nohant, il en est où ?

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Les cantos… golden challenge

Il y a bien longtemps, dans une galaxie lointaine très lointaine, mon estimé frère-né-après-moi Thom et moi-même eurent le plaisir de mener à bien une génialissime relecture, celle des aventures complètes (complètes toutafaitement) du juge Ti écrites par Robert Van Gulik. Et même si cela n’a inspiré que nous et deux lecteurs égarés, nous en gardons un souvenir excellent. Le fait est qu’on ne peut guère imaginer deux lecteurs plus différents que Thom et moi, alors lorsque nous avons des goûts communs, il faut fêter la chose à coup de feux d’artifices pour le moins. Mais ne nous égarons pas, depuis nous nous sommes souvent interrogés sur un nouveau challenge à notre mesure et nous l’avons – enfin – trouvé , ce sera… roulement de tambour – les célébrissimes Cantos d’Hyperion de Dan Simmons mais voyez plutôt :

 

Grâce au talent de Mr Kiki, le Gritchtohm nous montre la voie… Il s’agira donc de lire (ou relire) les quatre volumes de ce Cantos, Hypérion, la chute d’Hypérion, l’éveil d’Endymion et Endymion dans le cours de l’année.

 Le premier billet, Hyperion, est programmé pour la fin du mois de février. (plus ou moins, à peu près). Si vous décidez de nous suivre dans nos glorieuses aventures, les dates de publications indicatives (liberté, liberté chérie) seront annoncées d’une façon ou d’une autre, par exemple en blog-it. Les superbes logos et boutons concoctés par Mr Kiki sont à votre disposition.

Il est temps de se plonger dans l’étrange univers ou le space opera rencontre Keats sur une trame, dit-on, inspirée des contes de Cantorbery et de se faire les belles frayeurs que nous promet le Gritche. Pélerins à vos livres !

 

 

Fanatics have their dreams, wherewith they weave
A paradise for a sect; the savage too
From forth the loftiest fashion of his sleep
Guesses at Heaven;

J. K. 1820

Publié dans le blog | 22 commentaires

Le pont Mirabeau

Sous le pont Mirabeau coule la Seine

Et nos amours

Faut-il qu’il m’en souvienne

La joie venait toujours après la peine

Vienne la nuit sonne l’heure

Les jours s’en vont je demeure

 

Les mains dans les mains restons face à face

Tandis que sous

Le pont de nos bras passe

Des éternels regards l’onde si lasse

Vienne la nuit sonne l’heure

Les jours s’en vont je demeure

 

L’amour s’en va comme cette eau courante

L’amour s’en va

Comme la vie est lente

Et comme l’Espérance est violente

Vienne la nuit sonne l’heure

Les jours s’en vont je demeure

 

Passent les jours et passent les semaines

Ni temps passé

Ni les amours reviennent

Sous le pont Mirabeau coule la Seine

Vienne la nuit sonne l’heure

Les jours s’en vont je demeure

 

Guillaume Apollinaire – Alcools – 1913

Publié dans poèmes | 28 commentaires

Le démon

Harry White a apparemment tout pour être heureux, des parents aimants, des amis, un bon travail ou il réussit parfaitement, bientôt une femme parfaite. Pourtant Harry ne reste jamais heureux longtemps car quelquechose le ronge de l’intérieur. Sans cesse il doit chercher de nouvelles façon de juguler cette soif incompréhensible de transgression qui le rend physiquement malade, l’empêche de penser, le poussant toujours plus loin à la recherche d’un apaisement toujours plus éphémère. Souvent il croit  trouver la solution à son mal être pour replonger toujours plus profondément, tentant de plus en plus difficilement de sauvegarder les apparences…

Selby est un auteur dérangeant, j’avais lu Last exit to Brooklyn quand j’étais adolescente et j’ai retrouvé le même malaise dans ce roman, ce même côté malsain des personnages. De multiples thèmes se superposent ici, une peinture au vitriol de l’american way of life, parfaite et lisse en surface mais potentiellement gangrenée jusqu’à la moelle, une description sordide des rapports homme femme, des obsessions sexuelles et religieuses sous jacentes et par dessus tout, une description “de l’intérieur” presque clinique d’une addiction, dépendance à la peur et à l’adrénaline ici mais qui s’inspire très certainement de celle que l’auteur a connu lui-même pour d’autres substances. A moins que ces descriptions n’aient représenté une sorte de thérapie pour lui. Les périodes de tension, de satisfaction, de descente et de manque sont décrites de façon aussi physique que psychologique et sont par la même profondément dérangeantes à la limite du dégoût ou d’ailleurs largement au-delà. Il y a une puissance dans l’écriture et les personnages de Selby qui accroche, fascine et hante l’esprit du lecteur mais ne laisse pas indemne. Tourmenté !

 

 

Le démon – Hubert Selby Jr. – 1976 – Traduit de l’anglais (américain) par Marc Gibot – 10/18

Publié dans Roman américain | 22 commentaires

Le jeudi, c’est citation (26)

« Rosa, même du temps où mon cher garçon vous était fiancé, je vous aimais follement, dit-il. Même alors, quand je pensais que vous seriez sa femme, que son bonheur était certain, je vous aimais follement ; je m’efforçais de lui inspirer pour vous une admiration ardente et je vous aimais follement. Rappelez vous cette peinture de votre joli visage qu’il me donna : je la tenais sans cesse devant mes yeux et je lui disais que c’était par amitié pour lui, mais je l’ai adorée pendant des années, cette peinture charmante, en proie à mille tourments, et je vous aimais follement. Parmi mes odieux travaux du jour, durant mes nuits sans sommeil, enfermé dans la réalité sordide ou m’égarant dans les visions du paradis ou de l’enfer, je la voyais toujours cette image, je la serrais dans mes bras, je vous aimais follement… »

 

Charles Dickens – Le mystère d’Edwin Drood – 1870

Encore merci Chiffonette pour cette idée qui fleurit depuis plus de six mois maintenant…

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