Kautokeino, nord de la Norvège, ce 10 janvier le soleil va réapparaitre pour quelques minutes, réchauffant l’âme de ceux qui vivent la nuit polaire depuis plusieurs semaines. Klemet et Nina, membres de la police du renne, cette instance transfrontalière spécialement créée pour régler les conflits entre éleveurs de rennes – deux espèces peu concernées par les frontières – sont chargés d’enquêter sur la disparition d’un ancien tambour sami, pièce exceptionnelle, mystérieusement revenue en pays same par don privé, mystérieusement disparue avant même d’avoir été déballée. Et la situation se complique quand un éleveur sami est retrouvé assassiné et mutilé, un homme connu pour son habileté à fabriquer des tambours pour les touristes. Coïncidence ? Nos enquêteurs ne le pensent pas, mais reste à voir si on les laissera enquêter… D’autant que Klemet est sami, le seul policier d’origine lapone de la région, et que, même en pays lapon, cela ne plait pas à tout le monde…
Le dernier lapon est donc un polar polaire, mais singulier tant l’intrigue s’imbrique habilement dans l’équilibre politique et social délicat de la Laponie, ce territoire à cheval entre Norvège, Suède, Finlande et Russie où depuis la nuit des temps, les Samis vivent du Renne en tentant de s’accommoder de leurs voisins plus ou moins tolérants. Entre enquête policière, nature writing et plongée dans les restes d’une culture antique* – la plus ancienne culture autochtone d’Europe dit-on, l’auteur réussit à nous tenir en haleine avec une efficacité certaine, soulignant la complexité de la situation sans angélisme ni complaisance. Les personnages sont bien campés, l’histoire passionnante à souhait, le décor grandiose, l’écriture incisive. J’ai souvent pensé à Tony Hillerman** – le père du polar ethnologique*** – et à son Peuple de l’ombre entre autre, avec ces sombres histoire d’exploration et de prospection en terra présumée incognita, ces vieilles cartes et ces conflits d’intérêts. Excellent et dépaysant !
Le dernier Lapon – Olivier Truc – 2012 – Métailié noir****
* Car l’auteur a pris le temps de s’intéresser non seulement à la situation actuelle mais aussi, et vraiment, aux Samis (du nom que se donnent ceux que leurs voisins avait baptisé lapons, ce qui signifie plus ou moins loqueteux) et à leur culture, et ça c’est le bien.
** Une sacrée bonne nouvelle pour moi, car j’aime Tony Hillerman d’amour et je suis ravie qu’il ait enfin une relève…
*** En posant Arthur Upfield avec son célèbre Bony, en grand-père
**** Le Détroit du loup, où l’on retrouve les mêmes enquêteurs mais pendant l’été arctique et ses interminables journées blanches, m’attend déjà et il n’attendra pas longtemps.
Merci, Yueyin.
Je commentais juste pour faire remarquer à tes lecteurs que ton article précédent date d’il y a trois jours, tu as donc lu le ‘Lapon’ en trois jours. Tu as un truc !
En fait je l’ai lu la semaine dernière et rapidement j’avoue… c’est que c’était prenant 🙂
Il a beaucoup pour me plaire, ce “Dernier lapon” ! Je crois que je finirai par tenter.
J’espère qu’il te plaira autant qu’à moi 🙂
Une lecture qui m’avait déçue. J’en attendais trop, sans doute.
Qu’est-ce qui t’a déçue, je suis curieuse ?
Tout le monde ne dit que du bien de ce cher monsieur Truc ! Bon, il faudra que je fasse sa connaissance un jour ! 😉
Il mérite le détour, en vérité 🙂
J’avais beaucoup aimé et tu me remets en mémoire qu’il y en a deuxième à lire.
oui voilà, le détroit du loup que je ne vais pas tarder à lire 🙂
Je l’ai en poche depuis un petit moment maintenant. ta réponse à Tony Hillerman me parle énormément !
Ah tu es fan toi aussi ? Il y a beaucoup de points communs bizarrement entre la laponie d’Olivier Truc et la réserve navarro telle que nous l’a montré Hillerman 🙂 pas dans le détails bien sûr mais…
Bonsoir Yueyin, j’ai un peu moins “accroché” au Détroit du loup qu’au Dernier Lapon qui est un roman vraiment dépaysant. Bonne soirée.
Ah zut, bon espérons qu’il me plaira quand même 🙂
Je ne lis pas trop les nature writing en revanche, j’aime beaucoup les polars nordiques. Je crois l’avoir repéré chez Keisha ( ce livre ne me semble pas inconnu). c’est noté !
Il a eu beaucoup de succès à sa sortie et gagné plusieurs prix il me semble 🙂
Il me fait un peu pensé à Yeruldeggger qui était présenté de cette manière (grands paysages et intrigue policière), je n’avais pas été fan et du coup j’hésite pour celui-ci, car il avait été bien accueilli sur la blogo. (j’adore ton expression de polar polaire).
Je n’ai pas lu Yeruldegger alors je ne saurais te dire mais disons que dans celui-ci le choc des cultures est au moins aussi important que la nature writing 🙂