Radium girls

1918, la guerre (la grande, comme s’il y en avait de petite) est finie et l’heure est à l’amusement voire à la légèreté chez les jeunes ouvrières de l’USRC dans le New Jersey. Après une journée passée à peindre des cadrans de montre à la peinture phosphorescente, elles aiment à sortir toutes ensembles pour papoter ou aller danser. Certes la technique du lip dip paint (humecter le pinceau entre leurs lèvres entre chaque touche de peinture) a quelques effets secondaires : elles brillent légèrement dans le noir. Mais on leur a assuré, à plusieurs reprises, qu’il n’y avait rien a craindre alors autant s’amuser de ce surnom de Ghost girls qu’on leur a donné voire à en remettre une couche en se servant de la peinture phosphorescente comme vernis à ongle. Seulement USRC veut dire United State Radium Corporation, et le radium, après avoir été gage universel de modernité  ne va pas tarder à montrer d’autres effets beaucoup plus graves…

Ce scandale des ouvrières du radium n’est guère connu en France pourtant c’est la lutte de ces femmes qui est à l’origine des lois américaines permettant aux employé.e.s de se retourner contre leurs entreprises quand celles-ci ont mis leur vie ou leur santé en danger. Parfois, comme c’est le cas ici, en toute connaissance de cause. Une lutte sociale donc – mention spéciale à la scène ou en plein tribunal, les plaignantes se voient signifier que la séance est ajournée car les accusés sont en vacances en Europe, annonce qui déclenche un fou rire nerveux chez ces femmes qui se savent mourantes sans aucune chance de voir l’Europe un jour – mais aussi profondément humaine car bien sûr nous savons dès le début le sort promis à ces jeunes filles ordinaires, intelligentes mais confiantes. Le choix d’utiliser un crayonné en camaïeu de mauve et de vert sert admirablement le propos, glissant de la gaieté à l’angoisse, le tout rythmé par de pleines pages qui font basculer les destins. Tout au plus pourrais-je regretter un petit manque de caractérisation qui conduit à parfois hésiter à reconnaître un personnage mais c’est peut être moi. En l’état, c’est une très belle œuvre touchante et puissante. Délétère !

Radium girls – Cy – 2020 – Glénat

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8 réponses à Radium girls

  1. Karine dit :

    Celle-là, je veux vraiment la lire. J’attends qu’elle arrive ici!

  2. J’en avais vaguement entendue parler. Cette BD doit être éclairante sur le sujet (sans mauvais jeu de mots).

  3. Jerome dit :

    Le sujet est top mais j’ai du mal avec le dessin.

  4. gambadou dit :

    Pas fan des dessins, mais très intéressée par l’histoire. Délétère en effet.

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