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Vi, la minuscule, la précieuse, voilà le nom qui fut donné à l’héroïne de ce court roman. Née à la fin de la guerre dans un Vietnam du sud qui n’allait pas tarder à étouffer dans l’étau d’une dictature brutale. Enfant plutôt gâtée, boat people, réfugiée dans un camp de Malaisie, puis installée au Québec. Il lui faudra trouver sa voie, elle la microscopique, l’invisible, entre sa famille – une mère attentive et des frères protecteurs mais encore tout pétris de tradition, une communauté figée par l’exil, un monde nouveau qui pourrait s’offrir à elle et lui ouvrir des perspectives inusitées, une acceptation de l’histoire enfin – un retour au Vietnam peut être – qui lui permettrait enfin d’être elle-même.

Comme toujours avec Kim Thuy, l’histoire, la petite comme la grande, se brode en points délicats ; courts chapitres s’entrelaçant comme autant de minuscules chroniques de la vie ordinaire d’un destin qui ne peut pas l’être. Une page, deux pages, trois au plus distillant un épisode, une image, une saveur et finalement des personnages vivants, parfois forts, parfois non, mais toujours admirablement dessinés – la mère de Vi notamment, être hors du commun à l’âme trempée – il est vrai que les portraits de femme tout en retenue et pudeur sont une des forces de Kim Thuy. J’aime ce talent de l’auteure de nous plonger dans une vie qui pourrait s’afficher pleine de fureur et de ruptures en la tournant toujours vers la vie avec cette incroyable douceur dans le style qui dit les choses – et fermement – sans jamais céder à la violence. Magique !

Vi – Kim Thuy – 2016 – Libres expressions (Montréal) – Liana Levy (Paris)

De la même auteur, je ne saurais trop conseiller les deux précédents – et délicieux – romans, Ru et Mãn.

L’avis de Yspaddaden de Tête de lecture qui a aimé elle-aussi

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