Dans les années trente, en Alabama, l’avocat Atticus Finch élève seul ses deux enfants d’une façon toute personnelle. Pour cet homme intègre et droit, les valeurs comptent plus que l’apparence et ce sont ces valeurs qui sont au coeur de son éducation, faisant de Scout et Jem des enfants fort éveillés, foncièrement honnêtes, suprêmement attachants mais socialement assez décalés voire de purs sauvageons – du moins selon leur tante plus classique dans ses attentes. Quand Atticus est chargé de la défense d’un noir accusé du viol d’une blanche, la vie se complique pour toute la famille…
Enfin me direz-vous ! Il était plus que temps, un classique pareil, toujours pas lu ? La honte ! Et je confirme, ce roman mérite tous les éloges qu’il a pu recevoir sans parler de son Pulitzer. À la fois roman d’apprentissage, roman social, chronique d’une époque et policier tendance judiciaire, ce petit bijou enchante par son point de vu décalé. Car c’est Scout, huit ans, garçon manqué pleine de principes et d’imagination qui raconte ce qu’elle vit cet été là, comment elle le comprit et ce qu’il en advint. Et Scout – qui partage bien des traits avec Harper Lee – est une petite fille passionnante qui mène son histoire tambour battant, tient le lecteur en haleine et réussit le tour de force de concilier un hymne à la douceur du sud, un éloge de la tolérance et une âpre dénonciation de la société de l’époque. Magnifique !
Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur – Harper Lee – 1960 – traduit de l’anglais par Isabelle Stoïanov et Isabelle Hausser
PS : Je verrai bien l’adaptation de Robert Mulligan avec Gregory Peck moi maintenant…
Tout Beyrouthin d’un certain âge a appris qu’en sortant de chez lui pour une promenade il n’est jamais certain qu’il rentrera à la maison, non seulement parce que quelque chose peut lui arriver personnellement mais parce qu’il est possible que sa maison ait cessé d’exister
Bois des Filion – Décembre 2016
“À quoi sert-il d’avoir si être nous manque ?”
Après l’expansion, est venue la contraction. La pénurie des combustibles fossiles a rendu les voyages sinon impossibles du moins longs et chers, les pays se sont repliés sur eux-mêmes, nombre d’entre eux se sont écroulés. Les États-Unis – où plutôt les grandes agrocompagnies qui en sont issues, continuent d’exporter sans états d’âmes leurs productions biotechnologiques seules résistantes aux diverses pestes biologiques qui ravagent hommes, animaux et plantes. Les calories sont la seule monnaie qui vaille quand partout la force animale est devenu source de toute énergie, qu’elle soit produite par des espèces génétiquement modifiées ou simplement par l’homme. Dans ce monde déliquescent, le royaume de Thaïlande a su se préserver des corporations américaines et des visées militaires des ses voisins. A l’abri des monstrueuse digues qui la protège de la mer qui monte, Bangkok résiste et survit, régie par un ministère de l’environnement à l’affut de toute importation illégale, minée par des mafias de toute obédience, nid d’espions et d’agioteurs en tout genre cherchant la faille pour un peu de plus de profit. Quand un fruit disparu depuis longtemps refait surface dans les marchés populaires de la ville, Anderson Lake, sous-marin d’une des grandes biotech américaine, flaire une menace pour l’hégémonie de ses employeurs et décide de mener l’enquête. Une enquête qui va nouer les destins de Carlyle le trafiquant, Jaidee l’incorruptible, Hock seng le survivant, Emiko l’androïde de luxe abandonnée un jour aux bas-fond de la ville, tant d’autres encore et peut-être Bangkok elle-même…
Compte pour les items 7, 8, 14, 17, 18 et 20 du défi SFFF et diversité de 

Steve Guibord député fédéral indépendant de Rapide-aux-Outardes dans le nord du Québec est devenu politicien presque par hasard après avoir raté une belle carrière de Hockeyeur à cause de sa phobie de l’avion. Pour autant il prend sa mission au sérieux en tentant de résoudre au jour le jour les problèmes de ses administrés. Quand un tour de passe-passe électoral fait de lui la voix qui peut faire basculer le Canada dans la guerre (du moins dans une intervention armée au moyen-orient), Guibord coincé entre son intérêt bien compris et des scrupules entretenus par un stagiaire haitien idéaliste, décide de consulter les habitants de son comté avant de voter… et déclenche une tempête comme on en avait rarement vu à Rapide-aux-Outardes !
A quarante-trois ans, Arnaud Delagrave est un homme qui a réussi. Conseil en communication, il est réputé dans la gestion de crises – où comment limiter les dégâts quand les grands de se monde – enfin ceux qui peuvent se le payer – dérapent dans les petites ou grandes largeurs et vit une aventure délicieuse avec une jeune avocate qui lui rappelle sa jeunesse. Peut être trop d’ailleurs, cette relation associée à un accident mortel dans une mine du Nunavut va le pousser insensiblement à remettre en question sa vie et ses choix…
Aout 1914, Anna jeune grecque ottomane de 15 ans est invitée par son “oncle de Russie” à passer des vacances à Stavropol dans le Caucase. Ravie de tant de nouveauté, la jeune fille embarque gaiement pour Batoum, sans se douter qu’elle ne reverra Constantinople que cinq ans plus tard. À peine arrivée, elle perd sa tante dans l’effervescence des gares russes prises d’assaut par les conscrits de la grande guerre. Après deux mois d’errance, elle arrive à rallier Stavropol, malade et en piteux état, mais il n’est plus question de voyager, ni même d’écrire à sa famille, la Russie est en guerre et la révolution s’annonce. Ne sachant que faire elle devient préceptrice d’anglais, dont elle ne possède que quelques rudiments mais qui est très à la mode, apprend le russe, devient Annouchka et sans jamais perdre espoir de retrouver les siens, avec l’énergie et l’inépuisable bonne humeur de ses quinze ans, décide de s’arranger du mieux possible de la situation…
PS : je ne peux m’empêcher de penser qu’elle rentra – après cinq ans totalement isolée des siens – juste à temps pour vivre les terribles événements des années 20 en Turquie qui culmineront avec le grand échange et la forceront à quitter son pays, comme tous les Grecs, pour rallier d’abord l’Égypte puis Athènes où elle vivra ensuite, le régime de Metaxas, la guerre, l’occupation allemande, la guerre civile… Et qu’elle était visiblement toujours aussi pleine de vie, d’humour et d’allant à 65 ans quand elle prit la plume. Quelle femme !
Dans un quartier tranquille de Montréal, un terrible drame familial fait cinq morts dans des conditions particulièrement horribles. L’enquête semble bouclée dès le départ tant les preuves incriminent clairement le père de famille, pourtant Victor Lessard, l’enquêteur chargé de l’affaire, n’est pas satisfait. Quelque chose lui semble clocher dans cette affaire bien qu’il peine à convaincre ses collègues. A vrai dire lui-même doute, se laisse-t-il aveugler par son passé ou a-t-il vraiment mis à jour une effroyable machination…

