La mariée de corail

Il y a trois sortes de gens
Les morts et les vivants
Et ceux qui sont en mer

En pensant à La mariée de corail, comme d’ailleurs à la précédente enquête gaspésienne de l’inspecteur Moralès, j’entends scander la voix de Lavillier : “il y a trois sortes de gens…” (cela dit il parait que c’est une citation d’Aristote, apocryphe bien sûr, mais cela ne change rien à la voix que j’entends dans ma tête) (oui oui je songe à consulter au sujet de ces voix).

Comme dans Nous étions le sel de la mer, Nous revoici en Gaspésie, cette fois encore une femme a disparu, une femme de mer, capitaine de homardier rien que ça, unique en son genre. Suicide, accident, autre chose, nul ne sait et c’est l’inspecteur Moralès qui est chargé d’enquêter. Un peu à son corps défendant car sa vie personnelle – ses relations avec sa femmes, absente, avec son fils, qui vient de débarquer avec toutes ses affaires entassées dans une voiture – lui semble mériter un rien de temps et de réflexion mais bon c’est son métier et puis la disparue, Angel, est elle-aussi la fille de quelqu’un…

À vrai dire, on va vite se rendre compte que celle qui est digne d’intérêt est bien plus la victime elle-même que son entourage. Femme entêtée, risque-tout, généreuse, fascinante par delà la mort elle-même, Angel Roberts a suscité de son vivant autant d’admiration que de réprobation, pour ses choix de vie et sa façon de les conduire. Ce qui ne signifie pas que l’autrice en oublie les autres personnages, bien loin de là. C’est même ce qui fait une bonne partie de l’intérêt de ce polar poétique, car au delà de la résolution d’un crime, c’est bien de la compréhension des motivations entrelacées des uns et des autres qu’il s’agit et plus l’histoire avance plus on perçoit la profondeur et la complexité de leurs liens et de leurs sentiments. Une partie disais-je, oui, car l’autre très grand atout de ce roman c’est l’écriture bien sûre, salée, iodée, brumeuse et lumineuse à la fois, nous envoyant au visage plus que l’air du large, d’entêtants embruns. Un livre splendide, à la hauteur de Nous étions de sel de la mer qui m’avait en son temps, enchanté et qui donne furieusement envie de le relire. Grisant !

La mariée de corail – Roxanne Bouchard – libre expression – 2020

L’avis de La divinissime Karine

PS : Le manque de compétence relationnelle de Joaquin Moralès est quand même éprouvant parfois, il faut bien l’avouer, on a grande envie de le secouer un coup mais bon, j’en connais des comme ça…

 

 

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8 réponses à La mariée de corail

  1. Lucille Gendron dit :

    Je l’ai mais pas lu encore! Ça s’en vient à la vitesse de mes yeux.

  2. Karine Minier dit :

    Sais-tu quoi?? J’ai relu le tome 1 tout de suite après. Je suis RAVIE que tu aies autant aimé que moi!!

  3. Jerome dit :

    On sent le gros coup de coeur, ça fait plaisir !

  4. Aimé autant que le premier. Il me tarde déjà de lire une troisième aventure. Beau billet m’dame.

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