Début du XIXe siècle, Philip Ashley a grandi aux côtés de son oncle et mentor, Ambroise, dans un grand domaine des Cornouailles. Les deux hommes partagent le goût des livres, de la nature, de la tranquillité et d’une ambiance essentiellement rustique et virile. Malheureusement avec l’âge, les rhumatismes d’Ambroise lui imposent de passer l’hiver en Italie, loin de son héritier requis pour surveiller la propriété. Lorsqu’il apprend le mariage surprise d’Ambroise avec une cousine Rachel rencontrée à Rome, la surprise de Philip est totale et plus que teintée d’inquiétude à l’égard de cette intruse qui menace les fondements même de son existence. Une jalousie qui se mue bientôt en haine lorsque son oncle meurt brusquement après lui avoir envoyé des lettres bien étranges…
Depuis Rebecca, je voue une admiration sans bornes à Daphne Du Maurier, chaque nouvelle lecture ne faisant qu’ajouter à mon éblouissement, et j’ai retrouvé toute sa noire magie dans Ma cousine Rachel. Sa finesse psychologique d’abord, toute l’intrigue est vue à travers les yeux de Philip, son ressentiment, ses préjugés, ses aveuglements, ses passions enfin et à aucun moment le lecteur n’est vraiment sûr que ces ressentis reflètent la réalité. L’auteure explore en profondeur les confins de l’aveuglement amoureux, cette zone ou les perceptions ne sont plus fiables tant chaque geste de l’être aimé est interprété à l’aune d’inexorables obsessions. L’ambiance ensuite est une merveille, cette maison immense et ténébreuse, incontournable Menabily de l’auteur, auquel Philip voue sa vie avant de rencontrer l’amour, une atmosphère sombre, à la limite du gothique, où tout semble normal en apparence mais qui distille une impalpable noirceur. L’écriture enfin, limpide et fluide qui nous entraine dans les méandres d’une histoire qu’on ne lâche pas volontiers avant la fin. Exceptionnel !
Ma cousine Rachel – Daphné Du Maurier – 1952 – traduit de l’anglais par Denise Van Moppès
PS : Vous avez sans doute remarqué que je n’ai rien dit de la fameuse cousine Rachel et sachez que c’est tout à fait volontaire… à vous de vous en faire une idée.
PPS : J’aurais encore plein de choses à dire sur ce roman en fait, sur les femmes et leur position dans la société, un thème toujours présent chez Daphne, ou sur l’admirable chapitre d’introduction, ou… mais bon ça risquerait d’être un tantinet longuet. Je raconte encore plein de chose sur l’auteure dans les billets sur Le Général du roi et L‘auberge de la Jamaïque (je croyais avoir écrit quelquechose sur Rebecca mais impossible de le trouver, j’ai dû rêver mais ça viendra).
Lu dans le cadre de la LC Daphne Du Maurier proposé par moi-même pour le divin mois anglais des divines Titine, Lou et Cryssilda


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