« Sur la carte du zodiaque chinois, où le sud est toujours placé en haut, le singe et le tigre sont représentés à leur place exacte, tandis que les autres animaux sont simplement représentés par des idéogrammes. » Ainsi commence la préface, rédigée par Van Gulik lui-même, du recueil Le singe et le tigre qui regroupe deux longues nouvelles, placées l’une au début de sa carrière lorsqu’il est magistrat de Han Yuan cadre de l’étrange meurtre sur un bateau de fleur et l’autre à la toute fin de son parcours de juge de district, alors que nommé président de la cour métropolitaine de justice, il se rend de Pei-Tchéou à Tch’ang ngan juste après les tragiques évènements décrits dans l‘énigme du clou chinois.
Ces deux histoires, de quelque 100 pages chacune, sont en fait de petits romans parfaitement ciselés. Dans la première, Le matin du singe, un gibbon met notre juge sur la piste d’un crime en apparence crapuleux et impliquant de crasseux personnages des bas-fonds mais bien évidemment plus complexe et tragique qu’il n’y parait. La nuit du tigre, ma préférée, est un huis-clos d’une nuit un peu dans la manière du Monastère hanté en plus sombre. Séparé de son escorte par la crue d’un fleuve, le juge trouve refuge au crépuscule dans une ferme fortifiée, assiégée par une bande de brigands qui se préparent à attaquer dès l’aube. Installé dans la chambre de la fille défunte de la maison, notre juge découvrira qu’un autre drame se trame dans l’ombre (un drame se trame, je ne recule vraiment devant rien!).
Je préfère habituellement les romans aux nouvelles qui me laissent souvent sur ma faim mais ici l’auteur prend le temps de planter son décor et de brosser précisément ses personnages. Ces deux intrigues sont au reste essentiellement destinées, me semble-t-il, à mettre en scène quelques types curieux, le lettré rattrapé par la crise de la cinquantaine, le père prêt à tout pour son fils handicapé, la vagabonde éprise de liberté, la joueuse de luth distinguée mais maladive… Comme à son habitude, l’auteur nous fait partager avec bonheur et simplicité un peu de son immense érudition, lui qui pratiquait le luth à sept cordes, écrivait des articles sur les gibbons et s’intéressait à la complexe astrologie sexagésimale chinoise. Raffiné.
L’avis de Thom fidèle au challenge comme il se doit, et avec qui nous avons donc décidé de jouer les prolongations en parlant un peu des nouvelles de Van Gulik mettant en scène Ti Jen Tsie…
Le singe et le tigre (The Monkey and the Tiger) – Robert Van Gulik – 1965 – traduit de l’anglais par Anne Krief – 10/18
PS – Dans l’astrologie chinoise, je suis cheval de feu, ni tigre ni singe donc…
Dans les épisodes précédents
Les enquêtes du juge Ti
Trafic d’or sous les Tangs
Le paravent de laque
Meurtre sur un bateau de fleurs
Le monastère hanté
Squelette sous cloche
Le pavillon rouge
La perle de l’empereur
Le collier de la princesse
Assassins et poètes
Le mystère du labyrinthe
Le fantôme du temple
L’énigme du clou chinois
Le motif du saule
Hypothèse intéressante sur le but poursuivi par l’auteur dans ces deux textes… je me posais justement la quesiton dans mon article 🙂
Les personnages sont toujorus très bien campés dans les romans de van gulik mais dans ces histoires où l’intrigue est particulièrement ressérée, ils ressortent encore plus je trouve 🙂
Je n’ai pas encore eu le temps de finir la Nuit du Tigre, mais effectivement l’histoire part très bien, et j’ai aussi trouvé qu’on y retrouve un peu l’ambiance du Monastère hanté….
Oui même unité de lieu et de temps, mais je la trouve plus sombre quand même 🙂
moi non plus je ne suis pas très nouvelles. Je crois que je passe
IL faut lire d’abord les romans, une fois fan… sait-on jamais 😀
De passage dans ton antre, je me permets de souhaite une bonne semaine au juge TI
Ah merci Anjie ça me fait grand plaisir (et au juge aussi, n’en doutons pas !);-)
J’ai lu un autre recueil de ses nouvelles mais je n’avais pas adhéré. Voilà, c’était mon commentaire charitable et dénué de tout intérêt, spécial juge Ti 🙂
Nan mais tu vas nous dire ce que tu penses de trafic d’or sous les Tang, non ???? 😉
Un très mauvais souvenir de ce livre que j’ai du lire au lycée. Je n’avais pas du tout accroché et je n’ai plus jamais donné sa chance au Juge Ti. Peut-être que j’essaierai de nouveau un jour.
Vraiment ? ua lycée ? je ne savais pas qu’on lisait Van Gulik au Lycée… je ne sais pas si tu n’aimes réellement pas ou si le côté obligatoire a joué 🙂
Ben attends que je le lise au moins :-))
je voulais dire quand tu l’auras lu of course !!!!!
Oui, notre prof nous faisait de temps en temps découvrir des livres contemporains et comme il était fan du Juge Ti… Le côté obligatoire a sûrement joué un rôle, je tenterai donc de nouveau à l’occasion.
bonne lecture ce jour là alors 🙂
Ce livre me plairait bien ! Je note le titre…
Peut être qu’il vaut meiux commencé par un des romans.. tu as l’embarras du choix…
Tiens faut que je le relise à la lumière de vos avis et puis cela fait bien longtemps que mes livres n’ont pas eu le droit d’être ré ouverts.
ça se relit très très bien delphine, tu peux y aller :-))