Maintenant que des années ont passé, quand j’évoque ces souvenirs je m’étonne d’avoir pu m’attrister pour si peu. Il en sera de même de cette douleur-ci. Le temps passera, et j’oublierai.
Anna Karenine – Leon Tolstoï – 1877
Maintenant que des années ont passé, quand j’évoque ces souvenirs je m’étonne d’avoir pu m’attrister pour si peu. Il en sera de même de cette douleur-ci. Le temps passera, et j’oublierai.
Anna Karenine – Leon Tolstoï – 1877
Et toujours grâce à Chiffonette,
Stepane Arcadiévitch ne choisissait pas plus ses façons de penser que les formes de ses chapeaux ou de ses redingotes ; il les adoptait parce que c’étaient celles de tout le monde. Comme il vivait dans une société où une certaine activité intellectuelle est considérée comme l’apanage de l’âge mûr, les opinions lui étaient aussi nécessaires que les chapeaux.
Anna Karénine – Léon Tolstoi – 1877
Comme je vous le racontais dans mon billet sur le Maitre et Marguerite, le dernier thème de notre rencontre clubesque “Rire et Délires” étaient “Coup de coeur d’un membre“. (Pour ceux qui ont manqué le début, nous définissons un thème directeur pour chaque rencontre , il y a eu de tout, des auteurs (Oates), des pays (Australie), des mots (une ville dans le titre), des genres (SFFF), des dérives (galipettes et autres turpitudes) and so and so. Et je ne vous raconte pas les tricheries en tous genres auxquels nous assistons régulièrement sous prétexte d’interprétation). Pour
limiter les dégâts encadrer un peu la chose cette fois-ci, nous avons décidé que chacune établirait une liste de cinq coups de coeur et que tout le monde piocherait dans la dite liste (ce qui fut à peu près fait, si on excepte que l’une d’entre nous a imaginé avoir vu un titre qui n’y était pas mais comme il aurait pu être dans les miens, ça ne compte pas comme vraie vraie tricherie). Bref je m’égare, comme Bladelor m’a demandé mes titres coups de coeur, que j’aime les listes et que j’adore mes copines de club, j’ai pensé vous faire partager cette joyeuseté dans son entier, cela vous donnera une idée de la diversité de nos goûts, heureusement nos thèmes sont toujours assez larges pour que chacune trouve chaussure à son pied.
Voici donc nos choix. En ce qui me concerne, la liste n’a rien d’absolu, disons que ce sont les titres auxquels j’ai pensé sur le moment sachant que j’avais vu les listes des autres (car comme de raison j’étais en retard !) et que je voulais sortir des titres et des auteurs que tout le monde me connait (donc ni Austen, ni Tolkien au hasard).
Dans le club toutes ne sont pas blogueuses d’où l’absence de lien, quant aux oeuvres, les liens mènent aux billets que j’ai pu écrire depuis cinq ans (j’ai trop la flemme de chercher dans chaque blog – sorry les filles, mais si vous voulez me donner vos liens je les ajouterai). Quant à mon score, 3 billets pour 10 coups de coeur cela donne une bonne idée de mon sérieux en tant que chroniqueuse (shame shame shame on me)…
Je vous souhaite d’y trouver quelque chose à vous mettre sous l’oeil…
Yueyin
1-Hypérion de Dan Simmons
2-L’ancre des rêves de Gaëlle Nohant
3-Corps et âme de Franck Conroy
4-Le prince des marées de Pat Conroy
5-Le liseur de Bernard Schlink
6-Jane Eyre de Charlotte Brontë
7-Vent d’est vent d’ouest de Pearl Buck
8-Les liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos
9-Pensées secrètes de David Lodge
10-La vérité sur Lorin Jones d’Allison Lurie…
1- Une abeille contre la vitre, de Gilbert Cesbron
2- En l’absence des hommes, de Philippe Besson
3- This is not a love song, de Jean-Philippe Blondel
4- Fleur de neige, de See Lisa
5- Le portrait de Dorian Gray, de Oscar Wilde
6- un soir de décembre, de Delphine De Vigan
1-Le chant du monde de Jean Giono (tellement aimé que je n’ose plus le relire!)
2-Un bûcher sous la neige de Susan Fletcher
3-Les chutes de Joyce Carol Oates
4-Thérèse Raquin de Zola
5-Orgueil et Préjugés de Jane Austen
et en rab parce que franchement… 5 seulement….
6-Lignes de faille de Nancy Huston
7-Je, François Villon de Jean Teulé
8-Le club des incorrigibles optimiste de Guenassia
Valérie
1-La cathédrale de la mer d’Ildefonso Falcones
2- le Maître du safran de Jean-Jacques Rouch
3- La montreuse d’ours de Manhattan de Jean-Jacques Rouch
4- l’ombre de Montfort de Patricia Parry
1- Le complot contre l’Amérique de Philip Roth
2- Effacement de Percival Everett
3- La route de Cormac McCarthy
4- De beaux lendemains de Russel Banks
5- Le pavillon des cancéreux de Alexandre Soljenitsine
1- Le seigneur des anneaux (Tolkien)
2- Le maître et marguerite (Mikhail Boulgakov)
3- La voleuse de livres (Markus Zusak)
4- Ma vie Balagan (Marceline Loridan-Ivens)
5- Photo de groupe au bord du fleuve (Emmanuel Dongala)
Christine,
1-Les piliers de la terre de Ken Follet
2-les promesses du ciel et de la terre de Claude Michelet 3tomes
3-millenium de Stieg Larsson 3tomes
4-la main froide de Serge Brussolo
5-l’apiculteur de Maxence Fermine
Nadia,
1-Les enfants de la terre (6 volumes) de Jean Auel
2-Samarcande d’Amin Maalouf
3-Avicenne de Gilbert Sinoué
4-Saladin de Tariq Ali
5-Les Yeux jaunes des Crocodiles de Katherine Pancol
1-Quand tu es parti de Maggie O’Farrel
2-La petite fille de Monsieur Linh de Philippe Claudel
3-La joueuse de go de San Sha
4-Une promesse de Sorj Chalandon
5-Beignets de tomates vertes de Fannie flagg
6-Le secret de Lily Quinn de Paulina Simmons
Marie-Laure,
1-A la porte / Vincent Delecroix
2-Lulu femme nue / Etienne Davodeau
3-Le ciel de City Bay / Catherine Mavrikakis
4-Peggy Guggenheim : un fantasme d’éternité /Véronique Chalnet
5-La plaisanterie / Kundera
6-Confidences à Allah / Saphia Azzedine.
1-Le Vol du paon mène à Lhassa d’Elodie Bernard (pas un roman mais récit de voyage)
2-Grâce et dénuement d’Alice Ferney
3-Sukkwan Island de David Vann
4-Sous un ciel de marbre de John Shors (l’histoire du Taj Mahal)
5-Quartier de Philippe Claudel (en même temps comme c’est mon auteur chouchou, ce sont tous des coups de coeur et j’ai vu que tu as proposé la Petite Fille de Monsieur Linh… “Quartier” c’est sur Nancy donc comme ça vous penserez à moi.
Pour notre rencontre “Lire et Délires” du mois de janvier, nous avons choisi le thème “coup de coeur de l’un des membres”, chacune ayant normalement fourni une liste de cinq de ses chouchous – bon dix pour moi, j’ai du mal à me restreindre. Une bien jolie liste que nous avions là ma foi, plutôt éclectique et dans laquelle j’ai choisi un coup de coeur de Marie, Ce Maître et Marguerite donc, dont j’avais entendu parler mais sans vraiment savoir à quoi m’attendre. Même après avoir lu ce billet, vous ne saurez toujours pas à quoi vous attendre devant cet objet textuel non identifié à la fois satire sociale, dénonciation politique, roman fantastique, farce cruelle, parodie grotesque… Je pourrais continuer mais cela risquerait de faire un tantinet énumération.
Donc résumons-nous, le diable débarque un beau jour à Moscou, accompagné de ses démons familiers, Béhémoths le chat, Fagot le chantre, Azazello le tueur et Hella la sorcière… A eux cinq, ils vont semer une pagaille indescriptible dans la ville s’en prenant principalement au monde intellectuel et artistique moscovite. Du moins pour ce qui est de ses représentants les plus hypocrites, corrompus, intéressés, menteurs et autres péchés divers largement encouragés par un régime – jamais nommé bien évidemment, le roman a été écrit dans les années trente – dont on sent la présence écrasante en filigrane dans l’usage du discours unique, des disparitions habituelles et des slogans obligatoire. Peut être aussi dans l’endroit où se retrouve quasiment toutes les victimes – fort peu sympathiques il faut l’avouer – des farces infernales, l’hôpital psychiatrique – faussement bucolique – où un certain Stravinsky soigne ses patients à grand renfort de calmants divers. Fort heureusement les notes de bas de page – abondantes – sont là pour nous éclairer sur les non moins abondantes références – littéraires, politiques ou musicales – maniées par l’auteur. Car qu’allaient donc faire Stravinsky ou Rimski dans cette galère, on se le demanderait si les précieuses notes n’étaient là pour nous apprendre leurs positions – spirituelles ou matérialistes par exemple – expliquant le rôle que Boulgakov leur attribue dans cette histoire.
Entrelacés à ce thème central, deux autres fils conducteurs forment la trame du roman, d’une part le récit du jugement de Pilate et de la crucifixion raconté tant par le diable lui-même que par un roman peut être déjà brûlé et l’histoire d’amour entre le maître et Marguerite – le maître n’étant autre que le romancier de Pilate et Marguerite, son amante, en quelques sortes le choix du diable. A ce sujet le bal de Satan dans la troisième partie du roman est à mon sens le moment le plus magique de cette oeuvre avec son faste décalé, ses morts célèbres qui se lèvent, ses fontaines de champagne et de cognac et son atmosphère onirique.
Ce n’est qu’assez tard dans le roman, que ces fils conducteurs se rejoignent et que les desseins de l’auteur s’éclaircissent, peut-être faut-il éviter de se poser trop de questions en cours de lecture mais se laisser porter par le récit en s’accrochant aux patronymes compliqués des personnages russes – parlez-moi des noms infernaux, tellement plus faciles à retenir. Le style est excellent, allègre, parfois poétique, nourri de littérature, le Faust de Goethe au premier chef mais pas uniquement tant s’en faut. On se prend à sympathiser avec les démons, à compatir avec Pilate et à envier les sorcières au sabbat. Classique et inclassable (oui elle était facile mais comment résister ?)
Le Maitre et Marguerite – Mikhail Boulgakov – 1942 – Traduit du russe par Claude Lagny, révisé par Marianne Gourg. Robert laffont 1993
L’avis de karine
PS : Sherlock Holmes dans une de ses aventures (Wisteria lodge si je ne m’abuse) démontrait le lien indissoluble entre le grotesque et l’horreur et c’est bien le cas ici. Les farces grotesques, souvent drôles, sont toujours sur le fil, prêtes à basculer dans le drame, le feu et le sang.
PPS : Higelin avait lu le Maître et Marguerite avant d’écrire Champagne, je ne vois pas comment il pourrait en être autrement… La nuit promet d’être belle car voici qu’au fond du ciel apparait la lune rousse…
Le retour des jeudis de Chiffonette…
Certes, l’homme est mortel, dit-il, mais il n’y aurait encore là que demi-mal. Le malheur, c’est que l’homme meurt parfois inopinément.
Mikhaïl Boulgakov – Le maitre et Marguerite – 1940
Du 15 décembre au 15 janvier les anglophilissimes Cryssilda, Titine et Lou ont organisé un très littéraire mois anglais auquel ont participé de nombreux blogueurs et blogueuses (enfin surtout blogueuses), dont moi. Tout d’abord parce que j’adore les auteurs anglais, les ambiances anglaises et toute cette sorte de chose et ensuite parce que je craque à tous les coups lorsqu’il y a des logos aussi classes à la clé. J’adore les logos, my bad. En l’honneur de la mise à jour de mon index (celui des auteurs) après un petit peu moins d’un an de jachère (et pour utiliser une fois encore les jolis logos donc), j’ai décidé, de façon tout à fait exceptionnelle, de vous livrer aujourd’hui un bilan de mon british mois à moi (ahem oui je sais, elle était facile mais je ne sais pas résister).
Or donc dans le cadre de ce grandiose événement, que j’ai personnellement commencé un rien en avance et fini un peu en retard (oui je sais cela n’étonne personne), j’ai chroniqué trois Jane Austen (Mansfield park, Persuasion et Sense & Sensibility) dont deux en version originale anglaise (oui je précise j’ai mes raisons), une austenerie de la reine du crime Phyllis Dorothea James soi-même (Death comes to Pemberley), une wilderie (une première pour moi : Oscar Wilde et le meurtre aux chandelles), un polar tudoresque (Dissolution), une romance délicieuse (How to marry a marquis), mon troisième Gaskell (Cranford) et une sublime série britishissime (Downton Abbey) soit neuf billets ce qui n’est pas si mal considérant mon rythme d’écriture actuel.
En théorie et si j’écrivais plus vite que mon ombre, j’aurais pu vous parler de deux autres romances (To catch an heiress et The Duke and I de julia Quinn que décidément j’aime d’amour), une excellente austenerie moderne Pride, Prejudice and Jasmin Fields, deux Tolkien (Bilbo en vo – chuis fière – et HoMe 2), un sir Walter (Ivanhoé) et euh c’est à peu près tout. Remarquez les billets viendront un jour… car tous ces romans le valent bien. Bientôt même, allez savoir… Pour l’instant je voyage mentalement en Russie mais je reviendrai bientôt m’abreuver aux sources de la sagesse tolkienesque (il faut que je finisse de terminer HoMe 2 que je lis en commun mais pas en même temps avec Isil – d’autant que ça me plait vraiment beaucoup miais je m’égare).
Voici donc pour les aventures d’une (modeste) lectrice du mois anglais – vous trouverez la liste de tous les billets de tous les participants sur les blogs organisateurs et je vous en préviens, il y a de quoi lire… enjoy !
Un grand merci à nos gentilles organisatrices pour avoir essayé voire réussi à maintenir un semblant d’ordre tout britannique malgré d’irréductibles pagailleuses telles que moi !
1912, la famille Crawley est durement éprouvée par le naufrage du Titanic. En effet le comte de Grantham n’a que trois filles et ses deux plus proches cousins, héritiers du titre, du domaine et de la fortune familiale ont disparu avec trop fameux paquebot. C’est donc un lointain cousin, un inconnu, qui doit maintenant hériter : un homme de loi de Manchester spécialisé dans le droit des affaires… Autant dire un martien aux yeux du lord, de sa famille et de sa domesticité. Car les membres de cette dernière se sentent tout aussi concernés par la déconcertante et pour tout dire scandaleuse nouvelle…
Downton Abbey retrace la vie d’un grand domaine anglais au début du XXe siècle, tant du côté des propriétaires que de celui des serviteurs – Du Majordome à la fille de cuisine, en passant par la gouvernante, les femmes de chambres, les valets, la cuisinière et tutti quanti. La première saison s’ouvre en avril 1912 pour se clore sur la déclaration de guerre de 1914. La seconde couvre la période de guerre et l’épisode de noël la période des fête de fin d’année 1920. Créée par le scénariste de Gosford Park, le superbe film de Robert Altman (avec Clive Owen, Michael Gambon, Kristin Scott Thomas, Helen Mirren, Stephen Fry, Derek Jacobi, Maggie Smith et d’autres… je recommande absolument) cette série se caractérise tout d’abord par la minutieuse reconstitution de l’époque Edwardienne tant du point de vue des costumes et du décor que de celui de l’organisation de la vie matérielle et sociale. Chaque détail est authentique et pour moi ce fut un vrai régal des yeux (si j’ose ainsi dire) que de me promener à cette époque.
L’histoire de son côté met en exergue les changements que l’époque impose à un petit monde qui se pensait protégé de l’extérieur, changements subis ou parfois recherchés car tous ne sont pas si contents de leur sort qu’on pourrait le penser. Les filles de la maison, notamment, aspirent à une autonomie que leur origine sociale ne leur permet pas en principe d’envisager. Pour les domestiques, c’est plus diffus. Bien qu’ils ressentent également le poids du changement, notamment pendant la guerre, le domaine représente encore pour eux un refuge contre la pauvreté. D’autant que bien que très conscient de la place de chacun, le comte de Grantham est un homme bien et un employeur enviable. Pour autant, certains aspirent à s’élever au dessus de leur condition, une des femmes de chambre prend secrètement des cours de secrétariat tandis que le chauffeur, irlandais, est politiquement engagé et très critique envers le monde des Crawley.
Je me rends compte que je pourrais disserter allègrement sur chaque personnage et ce qu’il représente (il parait que j’ai tendance à disserter, le croiriez-vous ?) mais ce serait peut être un peu lassant. J’ajouterais juste que l’interprétation est tout bonnement excellente avec une mention spéciale à Maggie Smith qui campe une réjouissante douairière victorienne à l’humour grinçant et la langue acérée. Les personnages, fort nombreux au demeurant, et leur relations sont complexes et évoluent constamment. Ils apprennent de leurs erreurs ou prennent leur parti des événements et deviennent tous franchement attachants. Même Lady Mary, la fille aînée, a fini par me plaire, ce qui n’était pas gagné.
En un mot comme en cent, Downton Abbey est une série magnifique, un véritable coup de coeur que je ne saurais trop recommander. Edwardien !
Dawnton Abbey -ITV – 2010-2012 – Julian Fellowes
PS : Ce billet devait clore le mois anglais de Cryssilda, Lou et Titine sur mon blog. Bon je n’ai que 24 heures de retard, pour moi c’est limite de l’avance !
C’est une vérité universellement reconnue qu’un mois anglais digne de ce nom ne saurait être complet sans Jane Austen. Alors certes j’ai déjà chroniqué Raison et Sentiments et dit tout le bien que j’en pensais, et Tolkien sait que j’en pense grand bien, mais le mois anglais sévissant, J’ai pensé faire une pierre trois coups et persévérer dans mes relectures d’Austen en Anglais (quelle langue magnifique elle écrivait) tout en testant mon tout nouveau jouet liseur (pensez donc tout Jane dans ma poche). Tout concourait donc à me pousser à la relecture (encore une fois) de ce merveilleux roman (Qui a dit qu’il m’en fallait peu, qu’il se dénonce).
Et comme de bien entendu, j’ai pris grand plaisir à retrouver Elinor et Marianne, leur entourage, leur mère fantasque, leur famille si peu méritante, leurs amis et plus si affinités… Jane Austen a sans doute mis beaucoup d’elle-même dans le personnage d’Elinor, fine observatrice, attentive aux autres, sensible mais pragmatique, toute en profondeur et retenue. Et quel beau contraste avec Marianne, affectueuse et brillante mais adolescente type à une époque où le concept même d’adolescence n’existait pas. Avec sa soif d’absolu, son refus de toute compromission, son égoïsme aveugle et son manque de mesure elle pourrait évoluer dans un roman contemporain sans détonner. L’étonnante modernité des personnages évoluant sur une toile de fond à mes yeux délicieusement désuète est sans doute ce qui me fascine le plus chez Jane Austen avec peut être le côté acéré de son trait. En relisant, je me disais une fois encore que les Dashwood, le frère et la belle-soeur, appartenaient de droit à mon panthéon d’affreux, être tellement secs, égoïstes, obtus et obnubilés par l’argent tout en se posant en parangon de respectabilité mérite une citation exemplaire à l’ordre du démérite. Mais en même temps comment ne pas les aimer un tout petit peu quand la plume au vitriol de leur créatrice en brosse un portrait aussi réjouissant.
Qu’ajouter ? sinon que ce qui m’a particulièrement frappé cette fois, c’est la construction parallèle du roman. En partie masquée par le brillant des personnages, elle se révèle à la relecture particulièrement rigoureuse. Les deux soeurs sont confrontées à des épreuves très similaires mais leurs comportements respectifs divergent largement et c’est cette différence qui est bien sûr au coeur du roman. Reprenons donc, un cadre social merveilleusement vivant et exotique, des personnages complexes, une plume aussi cruelle qu’élégante : un livre à lire et à relire !
Sense and Sensibility – Jane Austen – 1811
PS : Tiens je n’ai pas parlé de mes comparaisons de traduction, comme d’habitude il m’a semblé repérer des passages que je n’avais pas lu en français et j’ai commencé à comparer mes versions mais emportée par la plume austenienne, je n’ai rien noté – Shame on me !
PPS : Le style d’Austen est vraiment sublime en anglais, comme pour Persuasion, il m’est venu des envies de lecture à haute voix, si seulement mon accent me le permettait.
Lu dans le cadre du mois anglais de Cryssilda,Lou et Titine et en version originale anglaise (oui je suis fière, sorry)