Avec vue sur l’Arno

J’éprouve une passion non dissimulée pour les adaptations cinématographiques et ce quelque soient les romans d’origine, science fiction, jeunesse, classiques en tous genre, polars, tout m’est bon et de préférence j’aime voir les films avant les livres (enfin quand c’est possible). Tout cela pour dire que tombant par hasard sur Chambe avec vue de James Ivory, je me suis fait un plaisir de succomber à la tentation et comme je n’ai certes pas été déçue, je me suis précipité derechef sur ma pal et l’ai démolie jusqu’à retrouver le livre originel de E.M. Forster. J’avais beaucoup aimé Maurice de cet auteur (un chef d’oeuvre, n’ayons pas peur des mots) et Avec vue sur l’Arno a tenu toutes ses promesses.
Lucy une jeune anglaise aisée voyage en italie, chapronnée par sa cousine Charlotte vieille fille des plus guindées. En arrivant à Florence, elles se rendent compte que les chambres qu’on leur a réservées n’ont pas la vue sur l’Arno qui leur avait été promise. Passablement véxées elles s’en plaignent assez haut à la table commune de la pension, pour qu’à leur grand embarras, deux des anglais présents leur proposent de changer de chambre avec eux. D’abord refusée avec indignation par Charlotte, l’offre est ensuite acceptée grâce à l’entremise d’un pasteur de leur connaissance, mais l’incident suffit à classer leurs aimables bienfaiteurs dans la catégorie des importuns plus ou loins vulgaires et à éviter.  Un peu choquée par le contraste entre la générosité désintéressée des deux hommes et le discours  mesquin de sa cousine, Lucy se range bien sûr à son opinion, mais ce petit événement va marquer pour elle un début de prise de conscience de l’hypocrisie de son milieu et une première étape sur le chemin qui lui permettra de penser par elle-même…
Ce roman d’une grande sensibilité explore, comme Maurice, le carcan que peut imposer l’éducation et les conventions sociales sur un esprit pourtant curieux et intelligent. Lucy sent que les choses ne sont pas claires, que les discours de son entourages ne correspondent pas vraiment aux valeurs officiellement revendiquées mais son éducation l’empêche de comprendre seule ce qui la gêne et de prendre conscience de ses propres aspirations et désirs.
Magnifiquement écrit et construit, léger et parfois très drôle ce très beau roman dénonce avec beaucoup de subtilité et une acidité certaine les conventions fallacieuses et étriquées de l’Angleterre victorienne. Léger, caustique, so british !


Avec vue sur l’Arno (A room with a view) – E.M. Forster – 1908 – 10/18

Les avis de Isil, Lilly, Papillon, d’autres sans doute…

James Ivory a réalisé en 1986, une superbe adaptation de ce roman, très fidèle à l’original mais sachant introduire en images la touche de sensualité sous-entendue mais jamais clairement transcrite par Forster, je pense en particuliers aux scènes des baisers de Lucy, volé par Emerson, sollicité par Cecil…
L’interprétation est impeccable avec un casting de rêve, les images fort belles et l’ambiance parfaitement rendue… une réussite à tout point de vue. Mais voyez plutôt…

Chambre avec vue (A room with a view) – James Ivory – 1986 avec Helena Bronham-Carter, Daniel Day-Lewis, Maggie Smith, Julian Sands, Denholm Elliott, Simon Callow, Judi Dench
Pour le plaisir, la scène du pique-nique

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Un homme

En célébrations des dimanches poétiques de Celsmoon, j’ai pensé vous faire connaitre un peu mon bien aimé Georges Fourest en sélectionnant un brelan de sonnets dans ses deux recueils, la négresse blonde et le géranium ovipare. Après avoir un peu balancé (avec notamment le pseudo donnet que les amateurs de plaisanterie facile proclameront le meilleur du recueil, mais il a été cité en commentaire ici la semaine dernière par Monsieur Lou, vous pouvez donc l’y aller voir), j’ai choisi celui-ci pour clôturer cet hommage…


Justum et tenacem propositi virum
Horace
Gémir, pleurer, prier est également lâche
Alfred de Vigny


Quand le docteur lui dit : “Monsieur c’est la vérole
indiscutablement !”, quand il fut convaincu
sans pouvoir en douter qu’il était bien cocu
l’Homme, n’articula pas la moindre parole.

Quand il réalisa que sa chemise ultime
et son pantalon bleu par un trou laissaient voir
sa fesse gauche et quand il sut que vingt centimes
(oh! pas même cinq sous!) faisaient tout son avoir,

il ne s’arracha point les cheveux, étant chauve,
il ne murmura point :”que le bon Dieu me sauve !”
ne se poignarda pas comme eût fait un romain,

sans pleurer, sans gémir, sans donner aucun signe
d’un veule désespoir, calme, simple, très-digne
il prononça le nom de l’excrément humain.

Georges Fourest (1867-1945)
Le géranium Ovipare

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Ce soir ce sera ciné-vampire…

Normalement ce soir je devais vous parler du sublime roman de E.M. Forster, Avec vue sur l’Arno, et de la non moins sublime adaptation qu’en à fait James Ivory, seulement j’ai eu un léger contretemps à base de vampires et de loup-garous. Ce n’est que partie remise…

PS : pour les afficionados, en ce qui me concerne (et en tous cas pour ce film) ce sera Jacob Team !
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Le cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates

1946, Juliet, romancière devenue journaliste et assez connue pendant la guerre, est à la recherche de nouveaux sujets et accepte une série d’articles sur la lecture. Justement elle reçoit une curieuse lettre d’un inconnu qui dit avoir trouvé son nom dans un livre d’occasion et être à la recherche d’autres titres du même auteur mais sans pouvoir les trouver sur son île, Guernesey, où toutes les librairies sont fermées depuis le début de la guerre. En entamant une correspondance avec cet étrange membre d’un non moins étrange cercle littéraire né accidentellement un soir de peur et rassemblant depuis quelques lecteurs des plus atypiques, Juliet va non seulement apprendre les choses les plus curieuses sur les différentes façons de concevoir la lecture mais aussi découvrir les pénibles conditions de vie des iliens pendant la guerre, leurs joies, leurs peines et leur incroyable vitalité…
Ce roman épistolaire rappelle
nettement au départ, et certainement volontairement, 84 charing cross road de Helen Hanff tant  par son ton humour et son style que par ses références littéraires, mais il s’en distingue très vite pour s’intéresser de plus près à une galerie de personnages touchants, loufoques, dignes, généreux, parfois mesquins ou égoïstes mais tous fermement campés. A travers leurs mots, leurs phrases parfois simples, parfois plus recherchés c’est toute la vie d’une communauté coupée du monde pendant plusieurs années qui s’anime sous nos yeux, depuis les horreurs sans nom décrites sans manicheïsme, ni pathos jusqu’à la joie pure des retrouvailles et du renouveau.
Ce bijoux est un hymne conjoint à la littérature (ah la découverte indignée d’Orgueil et préjugé par Isola – et pourquoi donc ne lui en avait-on jamais parlé ?) et à l’humanité (l’abnégation de ceux, quelque soient leur nationalités, qui prennent des risques pour en aider d’autres), un pur rayon de soleil pour réchauffer un peu les froides journées de l’hiver qui s’annonce. Enthousiasmant !

Un coup de coeur partagé par bien des blogueurs depuis sa sortie, (il y a un an  ce qui est j’imagine un temps moyen pour arriver à extirper un livre de ma pal). Anne, Caro(line), Cynthia, Fashion, Isabelle, Karine, leilonnaLilly, Michel, Papillon, Pimpi, Ys, (j’en oublie sans aucun doute, faites vous connaitre) ont toutes été enchantées par ce petit bijoux !

Merci à Tina pour ce beau cadeau…

Le cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates – Mary ann Shaffer et Annie Burrows – 2007? – Nil


294-1=293
New pal = 35

Publié dans roman britanique | 60 commentaires

Pseudo-sonnet pessimiste et objurgatoire

Oups ! J’ai raté le dimanche poétique de Celsmoon, tss tss… comment se fait-il ? Une absence, un oubli., que sais-je ? Mais bon, chose promise, chose due, voici un autre sonnet de notre délicieux Georges Fourest dont je vous parlais déjà la semaine derière à propos du cid

Itaque multi exstitere qui non nasci optimum
senserunt aut quam citissime aboleri
Pline l’Ancien

Père qui m’engendra du tarse au metacarpe
malgré Shopenhauer et la loi de Malthus ; –
toi, mon appartement lorsque j’étais foetus,
ma Mère : – et toi, Parrain dénommé Polycarpe ; –

maître qui m’enseignas (oh ! merci !) que la carpe
est un cyprinoïde et qu’en latin hortus
traduit le mot jardin – Flamande sans astuce*,
nourrice au lait crémeux, simple enfant de la Scarpe ; –

prêtre qui m’aspergeas de l’eau de baptistère
et par qui je connus (sublime et doux mystère !)
vers l’âge de douze ans, la saveur du Sauveur,

hélas ! ne pouviez-vous, me prenant par l’échine,
quand je bavais, môme gluant, déjà rêveur,
m’offrir à des cochons, comme l’on fait en Chine ?

Georges Fourest (1867-1945)

*Rime audacieuse, j’aime à le croire (note de l’auteur)

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Le singe et le tigre

« Sur la carte du zodiaque chinois, où le sud est toujours placé en haut, le singe et le tigre sont représentés à leur place exacte, tandis que les autres animaux sont simplement représentés par des idéogrammes. » Ainsi commence la préface, rédigée par Van Gulik lui-même, du recueil Le singe et le tigre qui regroupe deux longues nouvelles, placées l’une au début de sa carrière lorsqu’il est magistrat de Han Yuan cadre de l’étrange meurtre sur un bateau de fleur et l’autre à la toute fin de son parcours de juge de district, alors que nommé président de la cour métropolitaine de justice, il se rend de Pei-Tchéou à Tch’ang ngan juste après les tragiques évènements décrits dans l‘énigme du clou chinois.

Ces deux histoires, de quelque 100 pages chacune, sont en fait de petits romans parfaitement ciselés. Dans la première, Le matin du singe, un gibbon met notre juge sur la piste d’un crime en apparence crapuleux et impliquant de crasseux personnages des bas-fonds mais bien évidemment  plus complexe et tragique qu’il n’y parait. La nuit du tigre, ma préférée, est un huis-clos d’une nuit un peu dans la manière du Monastère hanté en plus sombre. Séparé de son escorte par la crue d’un fleuve, le juge trouve refuge au crépuscule dans une ferme fortifiée, assiégée par une bande de brigands qui se préparent à attaquer dès l’aube. Installé dans la chambre de la fille défunte de la maison, notre juge découvrira qu’un autre drame se trame dans l’ombre (un drame se trame, je ne recule vraiment devant rien!).

Je préfère habituellement les romans aux nouvelles qui me laissent souvent sur ma faim mais ici l’auteur prend le temps de planter son décor et de brosser précisément ses personnages. Ces deux intrigues sont au reste essentiellement destinées, me semble-t-il, à mettre en scène quelques types curieux, le lettré rattrapé par la crise de la cinquantaine, le père prêt à tout pour son fils handicapé, la vagabonde éprise de liberté, la joueuse de luth distinguée mais maladive… Comme à son habitude, l’auteur nous fait partager avec bonheur et simplicité un peu de son immense érudition, lui qui pratiquait le luth à sept cordes, écrivait des articles sur les gibbons et s’intéressait à la complexe astrologie sexagésimale chinoise. Raffiné.

L’avis de Thom fidèle au challenge comme il se doit, et avec qui nous avons donc décidé de jouer les prolongations en parlant un peu des nouvelles de Van Gulik mettant en scène Ti Jen Tsie…

 

Le singe et le tigre (The Monkey and the Tiger) – Robert Van Gulik – 1965 – traduit de l’anglais par Anne Krief – 10/18

 

PS – Dans l’astrologie chinoise, je suis cheval de feu, ni tigre ni singe donc…

 

Dans les épisodes précédents
Les enquêtes du juge Ti
Trafic d’or sous les Tangs
Le paravent de laque
Meurtre sur un bateau de fleurs
Le monastère hanté
Squelette sous cloche
Le pavillon rouge
La perle de l’empereur
Le collier de la princesse
Assassins et poètes
Le mystère du labyrinthe
Le fantôme du temple
L’énigme du clou chinois
Le motif du saule

Meurtre à Canton

 

 

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L’historienne et Drakula

Dans les années soixante-dix, une adolescente un peu solitaire, un peu perdue, un peu livrée à elle-même du fait des absence répétées de son père, un diplomate d’un certain renom, découvre dans la bibliothèque dudit un étrange livre d’ou s’échappe une enveloppe pleine de lettres jaunies. ce livre lui-mère est entièrement vierge sauf une gravure de dragon en double page avec un seul mot imprimé: Drakula. Cette découverte va l’entraîner peu à peu dans une enquête à la limite du rocambolesque. Car son père ne peut être que fou de croire en de telles choses, c’est la seule explication rationnelle, toute autre solution serait véritablement par trop effrayante…
Je suis un peu partagée au sujet de ce livre… Pour dire la vérité je l’ai beaucoup apprécié
, l’histoire est prenante, les différentes enquêtes qui se croisent et se complètent sur trois générations, après un début un rien lent, se révèlent après le premier quart du roman, aussi passionantes que rythmées et bien difficiles à reposer. J’ai positivement adoré tous les épisodes qui, semble-t-il, ont parfois lassé d’autres lecteurs, c’est à dire les nombreuses recherches en bibliothèques à travers la Roumanie, la Bulgarie, et la Turquie à la recherche de vieux parchemins, chansons folkloriques, légendes, récits de voyage ou témoignages divers concernant l’histoire de Vlad Tepesc, souverain de la Valachie du XVe siècle, ennemi irreductible de l’empire Ottoman et qui sait, peut être inspirateur bien réel voire vivant du fameux romancier Bram Stoker… un vampire ? mais un historien qui se respecte peut-il réellement croire aux vampires ?
Mon seul vrai bémol est que l’auteure n’a jamais cru bon de préciser ses sources, voir d’expliquer la part de réalité et d’invention dans son roman en particulier quant aux différents cadres qu’elle met en scène et c’est une chose qui m’agace prodigieusement dans un roman historique. Par exemple, un monastère pyrénéen occupe une place relativement importante dans l’histoire, comme je connais un peu, je sais qu’elle s’est inspirée pour créer son Saint Mathieu du site de Saint Martin du Canigou avec sans doute un peu de Saint Michel de Cuxà (sites dont je vous recommande la visite toutes affaires cessantes au demeurant mais cela n’a strictement rien à voir)… Bon j’aurais préféré qu’elle en choisisse un seul mais baste après tout pourquoi pas, seulement ce n’est jamais précisé en note ou postface et du coup je m’interroge sur les lieux et dates que je connais moins. En quoi l’auteur a-t-elle pris des libertés avec l’histoire de la Valachie, de la Bulgarie ou de l’empire Ottoman que je connais mal? je ne le sais pas et comme je le disais plus haut, cela m’agace.
Un bon roman donc, prenant et enlevé avec quelques bonnes pincées d’action, un zeste de fantastique, beaucoup d’histoire et une belle variation sur  le mythe du Vampire originel mais avec aussi un petit parfum de frustration en ce qui me concerne. Passionant tout de même
!

L’historienne et Drakula – Elizabeth Kostova – traduit de l’anglais (Amérique) par evelyne Jouve – 2006


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new pal = 33

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Anne… la maison aux pignons verts

Sur le quai d’une gare perdue de l’Ile-du-Prince-Edouard, une petite fille attend. Elle attend un inconnu qui a, parait-t-il, décidé de l’adopter et se trouve être une grosse surprise pour ledit inconnu, Matthew Cuthbert, qui s’attendait à tout autre chose. Après moult hésitations, sa soeur et lui, tous deux célibataires vieillissants, avaient  en effet décidé de prendre un orphelin pour les aider à la ferme – un orphelin pas une orpheline. Incapable d’avouer à l’étrange créature qui le regarde avec des yeux pleins d’espoir qu’il s’agit certainement d’une erreur, le vieux fermier embarque donc dans sa charrette cette enfant rousse qui se révèle dès les premières minutes  aussi surprenante que possible, bavarde comme une pie, gai comme un pinson, rêveuse et imaginative comme personne…
Je savais presque avant de commencer que j’aimerais cette histoire aussi belle et douce qu’un conte, Karine me l’avait dit et redit et j’ai toute confiance en ses emballements littéraires. Bon je n’irai pas jusqu’à dire qu’elle m’a obligé à l’acheter mais disons qu’elle me l’a mis dans la main et comme elle a eu raison. Ce roman est un hymne aux rêves de l’enfance et aux paysages de l’Ile-du-Prince-Edouard. Pour Anne tout est prétexte à tisser de folles histoires plus grandioses et dramatiques les unes que les autres. Elle baptise vallon, mare et bosquet de noms féériques, embellit chaque minute de son quotidien en le rêvant à moitié, entrainant dans sa ronde un entourage abasourdi par les longues et fantasques digressions qui font son ordinaire et la rendent rien moins qu’étourdie.
Le cadre et l’ambiance, m’ont irresistiblement rappelé les romans de Mark Twain, l’école du dimanche, les lectures publiques, les classes mixtes par obligation où la pire punition est d’être envoyé s’assoir sur un banc réservé au sexe opposé, les trésors que sont une image  en couleur ou une pendeloque de lustre, les bêtises bien sûr comme en ont toujours commis les enfants, même les mieux intentionnés – et sur ce plan Anne est certes plus innocente que Tom Sawyer. L’écriture est lumineuse, fraîche et colorée, les personnages secondaires attachants, Avonlea le village dégage le parfum plein de nostalgie d’un monde perdu, que dire de plus…
Bien qu’il soit aujourd’hui classé en littérature jeunesse, Lucy Maud Montgomery destinait ce roman à un public plus large, mais à vrai dire peu importe l’âge du lecteur, Anne et sa maisons aux pignons verts est un classique de la littérature canadienne et de surcroit une petite merveille !

Anne… la maison aux pignons verts (Anne of green gables) – Lucy Maud Montgomery – 1908 – traduit de l’anglais (Canada) par Henri-Dominique Paratte

PS : et maintenant il va falloir que je me trouve la suite moi…

Lecture commune avec Pimpi et Maribel, ce roman (et ses sept suites) est un des doudous de Karine


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New pal = 33


Publié dans roman canadien | 46 commentaires

Le cid

Comme je cherchais quel poème choisir en ce froid dimanche de novembre pour participer un rien aux  beaux dimanches poétiques de Celsmoon, j’ai pensé tout à coup à Georges Fourest, un poète que j’aime d’amour et qui a été cité pas plus tard que l’autre  jour par mon incompréhensible cousin chat, monsieur Libellus Lou… Et dans cettte oeuvre je crois que je vais sélectionner ce bijoux dédié par l’auteur lui-même à un dramaturge des plus célèbre me dit-on…


Va, je ne te hais point
Pierre Corneille

Le palais de Gormaz, comte et gobernador
est en deuil; pour jamais dort couché sous la pierre
l’hidalgo dont le sang a rougi la rapière
de Rodrigue appelé le Cid Campeador

Le soir tombe. Invoquant les deux saints Paul et Pierre
Chimène, en voile noirs, s’accoude au mirador
et ses yeux dont les pleurs ont brûlé la paupière
regardent, sans rien voir, mourir le soleil d’or …

Mais un éclair, soudain, fulgure en sa prunelle :
sur la plaza Rodrigue est debout devant elle !
Impassible et hautain, drapé dans sa capa,

le héros meurtrier à pas lents se promène :
“Dieu !” soupire à part soi la plaintive Chimène,

“qu’il est joli garçon l’assassin de Papa !”


Georges Fourest (1867-1945)

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Le ravioli tag d’Emma…

Comme d’habitude je suis très en retard (tel le lapin blanc) dans mes tags, (en fait j’en dois encore un à la solicitude d’Isil, à qui je revaudrait ça un jour), enfin aujourd’hui, je réponds à celui d’Emma – le vendredi c’est ravioli nous a-t-elle appris récemment, et bien le jeudi aussi – qui m’a été refilé (le tag pas Emma) par Fashion (laquelle au demeurant veut quasiment la même bibliothèque que moi, n’est-ce pas extrêmement étrange, d’autant qu’elles risqueraient d’abriter pratiquement les mêmes livres ces bibliothèques jumelles). Je crois que je viens de battre le record de ma phrase la plus longue, respirez mes bons lecteurs. Voici mes élucubrations du jour…


1) Si on vous proposait d’écrire votre biographie, vous prendriez qui pour nègre ? (et oui, tout le monde n’a pas un don pour la littérature)

A priori je l’écrirais moi même, en admettant bien sûr que j’ai quelque chose d’interessant à dire, mais si je voulais pimenter un rien je crois que je demanderais à Fred Vargas pour qu’elle relève mon quotidien d’un zeste de brume et de rêve .

2) Vous êtes en train de lire le tout dernier chapitre d’un livre, celui qui vous a fait passer une nuit blanche, la fin qui vous fait saliver (notez le jeu de mots siouplé) depuis une centaines de pages… Lorsque survient un homme, torse nu. On va dire qu’il s’appelle… Daniel Craig. Il a l’air chagrin. Il a une petite douleur à l’épaule, et est persuadé qu’un petit massage lui ferait le plus grand bien. Que faites-vous ? (PS pour les garçons : à la place de Daniel Craig, merci de comprendre… Allez, soyons fous, Scarlett Johansson, mais en bikini, pas torse nu !

Même la lecture du plus passionant des romans ne saurait me faire oublier mes devoirs envers l’humanité,  qu’on se le dise, et cela même si celle-ci est représentée par Daniel Craig ou même Matthew Mcfadyen ou même John Barrowman. Soyons serviable que diable et le monde tournera plus rond… En fait je suis même prête à rendre service à Scarlett, je suis sûre qu’elle aura des tas de numéros trrrrès intéressant à partager quand on sera copine.

3) C’est la fin du monde. Quel livre mettriez-vous dans la capsule qui sauvegardera une trace de l’humanité ? (voudriez-vous vraiment que ce soit Orgueil et Préjugés ?

Bah pourquoi pas, c’est universel comme roman non ? Bon bon d’accord, alors que mettrais-je dans la capsule ? Quelque chose de plus complet peut être, une histoire universelle des civilisations – mais récente hien – avec quelques bande dessinées  –  Corto Maltese, Gaston lagaffe et Yoko Tsuno disons – pour faire bon poids… c’est possible?

4) Quelle est pour vous la pause lecture idéale

Lire en mangeant, le matin, le midi, le soir, au goûter, n’importe quand… c’est grave docteur?

5) Si vous aviez le pouvoir de trucider/effacer un personnage de roman, ce serait qui 

Par nature je suis contre l’idée de supprimer quelqu’un, fut-il de papier, de toutes façons les personnages de papier sont souvent quasiment aussi vivants que les vrais à mes yeux. Oui je suis bizarre je sais, on me l’a fait remarquer pas plus tard que le week end dernier…

6) Sauveriez-vous Voldemort, juste pour avoir un huitième tome

Surtout pas, j’aime qu’un cycle s’achève en beauté (quand bien même une partie de moi aimerait que mes séries préférées ne s’arrêtent jamais). Je suis admirative devant la façon magistrale dont dame Rowling a réussi à bloquer par anticipation toute tentative d’un quelquonque quidam pour s’emparer de Harry sous pretexte de compléter son histoire (pour des motifs tout désintéressés of course)  mais je m’égare non ? J’ai vu trop de cycles finir par se déliter à force de délayage…

7) Jusqu’où êtes-vous allés pour un livre

Voyons jusqu’à un nombre inconnu de librairies, de bibliothèques, de bouquineries, jusqu’à la supplication, à l’entassement, aux emprunts compulsifs et à la ruine probable dans un délai plus ou moins long…

8) Si vous pouviez retourner dans le passé rencontrer un auteur. Ce serait qui ? Quelles seraient vos toutes premières paroles ? (A part “bonjour”)

Aaaahhh le cauchemar absolu… Je ne sais absolument jamais quoi dire devant un auteur, encore moins devant un auteur que j’admire – bon une fois que je les connais c’est différent, j’arrive à articuler normalement – alors devant une légende comme Austen ou Tolkien, je ne saurais strictement PAS quoi dire à part une crétinerie du genre “j’aime beaucoup ce que vous faites”… brrr rien que d’y penser j’en ai des frissons.

9) Décrivez la bibliothèque (personnelle ou pas) de vos rêves

La bibliothèque de mes rêves est vaste, avec des livres du sol au plafond, des rayonnages en bois, une cheminée, quelques tables, des fauteuils et canapés confortables, une belle fenêtre, un grand bureau… dans des couleurs chaudes brun et orange par exemple… mais pour les couleurs je ne suis pas encore fixée. (Au fait la photo représente la bibliothèque du parlement d’Ottawa, un lieu sublime dont je vous recommande la visite – photo gordon king)

10) Vous retournez dans le passé (décidément, bande de veinards !), en pleine 2ème guerre mondiale. Quel livre donneriez-vous à Hitler pour qu’il arrête de cramer des bouquins

Oooooohhhh quelle question bizarre, il était écrivain en plus, enfin si on veut. Donner un livre à un écrivain c’est toujours délicat, alors un grand malade tueur en série de surcroît… pfiou… Un livre magique peut être qui l’aurait transporté dans une dimension parallèle où il aurait médité dans la solitude pour l’éternité  – il y a des cas désespérés!

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